Le Grèbe huppé (Podiceps cristatus)
Publié le 15 Janvier 2023
Le Grèbe huppé est un magnifique oiseau facilement observable sur les grands étangs. Il a un look et des mœurs tout à fait originaux
Roland
Nom scientifique : Podiceps cristatus Linnaeus, 1758
Origine du nom: vient du grec « podiceps » contraction de « podex », le croupion et « pes » les pattes, qui signifie « pattes en arrière » et du latin, « cristatus », crêté, huppé.
Nom allemand : Haubentaucher
Nom anglais : great crested grebe
Observation: le 10 juin à Merlebach (57)
Famille : celle des Podicipedidae qui sont des oiseaux aquatiques de moyenne taille. Ils sont plus diversifiés sur le continent américain. Il n’existe que 6 genres déclinés en 22 espèces. Ils sont parfaitement adaptés à la vie aquatique. Leur corps en fuseau avec une queue très courte est hydrodynamique comme leurs pattes arrière très courtes et très en arrière. Cet adaptation à la nage et à la plongée a un inconvénient. Ils sont nettement moins à l’aise à terre où ils sont en danger.
Ils se nourrissent de petits poissons, de crustacés, de fragments végétaux et d’insectes.
Dimensions et poids :
La longueur du Grèbe huppé est de 46 à 51 cm et son envergure de 60 à 80 cm. Son poids varie de 700 à 1300 g.
Longévité : de 10 à 15 ans.
Description : mâles et femelles sont identiques d’aspect. Le plumage est sombre avec des flancs roux. Ce qui est le plus remarquable est la crête noire sur sa tête qui le rend impossible à confondre avec un autre oiseau aquatique. Le cou, la poitrine et le ventre sont blancs. Les pattes sont sombres. Les orteils sont liés par des lobes de peau qui permettent de palmer avec efficacité dans l’eau.
Lors de la saison de reproduction la huppe double de volume et des plumes orangées colorent les côtés de la tête. Elles sont érectiles ce qui confirme leur rôle lors des parades nuptiales.
Chant : le Grèbe huppé. C’est un chant fait de roulements plus ou moins étouffés
Vol: l’envol de cet oiseau est laborieux. À la manière d’un avion gros porteur il a besoin d’une grande distance pour décoller. Il vole assez bas.
Habitat: il fréquente les grands étangs de plus de 5 hectares, les lagunes et lacs aux berges protégées par des roseaux pour la nidification. Il est cependant visible sur des canaux et étangs urbains plus petits et évite les eaux salées. On le trouve dans toute l’Europe mais pas dans les régions du Grand Nord. Il est présent en Australie, Afrique du Sud et Chine.
Les oiseaux les plus au nord migrent en automne vers le centre et le sud. Ils seront de retour en mars-avril.
Nourriture : grâce à sa dextérité de plongeur (jusqu’à 20 m de fond) et son bec en forme de poignard, le grèbe est un bon pêcheur. La durée de plongée est de 45 secondes en moyenne et la profondeur comprise entre 2 et 4 m. Son régime est piscivore, petites carpes, gardons, goujons, perches (moins de 15 cm en général). C’est le grèbe le plus piscivore d’Europe. Il consomme aussi des crustacés, larves d’insectes, araignées aquatiques, mollusques, batraciens divers et graines. Ses besoins sont de 200 grammes par jour environ.
A noter que les jeunes grèbes sont nourris avec du poisson mais aussi des plumes. Ces dernières forment une boule protectrice dans le fond de l’estomac contre les arrêtes de poisson et lui permettent aussi de prolonger la digestion.
Reproduction : d’avril à juillet
Le début de la phase de reproduction est lié à la disponibilité de la nourriture et donc de la température de chaque endroit.
Selon les régions, dès le début de l’hiver, le mâle cherche à séduire la femelle par une parade suggestive, complexe qui dure plusieurs mois.
Le couple se retrouve en face à face, plumes de la tête et du cou dressées. Ils nagent à proximité l’un de l’autre tout en se frottant le cou contre le partenaire et en émettant des croassements sonores. Ils continuent en plongeant sous l’eau et en sortant de l’eau après avoir ramassé des végétaux avec leur bec. Ces végétaux sont assimilables à un cadeau nuptial pour édifier le nid. Dans une dernière phase, ils se rapprochent à nouveau l’un de l’autre tout en oscillant le cou.
Le nid est construit au ras de l’eau avec des roseaux, carex et algues, puis rembourré au centre par des feuilles et fines racines. Il est amarré au sol ou à des roseaux. Un nid mesure de 28 à 65 cm et dépasse de 3 à 10 cm la surface de l’eau. Le mâle défendra son territoire autour du nid contre un mâle non appareillé en battant des ailes, et plongeant vers lui bec en avant. Le rival n’a plus qu’à plonger sur le côté et courir à la surface pour s’envoler. Le couple est monogame pour la saison. La femelle couve en alternance avec le mâle, pendant 3 à 4 semaines, 3 à 5 œufs et jusqu’à 9, blancs puis bruns. Elle peut mener une à deux pontes sur une année.
Dès leur éclosion, les poussins quittent le nid pour échapper aux prédateurs et sont souvent portés par les adultes.
Les jeunes arborent un plumage rayé sur la tête et le cou. Ils sont indépendants après 10 à 12 semaines, puis adultes après 2 ans.
Vie en société :
Les grèbes se reproduisent en colonies de 10 à 20 couples mais quelquefois jusqu’à 100. La distance entre les nids est au minimum de 2 m.
Confusion possible : non
Protection et prédateurs :
Ce grèbe est protégé par la loi depuis l’arrêté du 17 avril 1981. Il est classé vulnérable en Auvergne, limousin, Poitou-Charentes et Corse.
Malgré cela, ses effectifs sont en progression et se situent selon l’INPN aux environs de 15 à 30 000 couples pour la population nicheuse et 38 000 individus en hiver. Il est classé Znieff dans de nombreuses régions.
Les populations de la mer Noire et de l’Afrique sont plus menacées en raison de la faiblesse de leurs effectifs
et de certaines pratiques de chasse légale ou illégale.
Les prédateurs naturels des couvées sont la Corneille noire, les pies et busards, mais aussi les brochets. Le changement de niveau d’eau ou l’éloignement des parents suite à une alerte sont d’autres causes de mortalité. Cet oiseau a été chassé pendant des siècles pour ses plumes utilisées dans la confection de chapeaux et cols. Les pêcheurs et utilisateurs des plans d’eau à fin de loisirs considèrent cet oiseau comme une menace et nuisent à sa reproduction.
Article illustré par notre collègue Guy Schneller de l’Anab et notre collègue photographe naturaliste, Claudy Stenger. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)
Texte Roland Gissinger, relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Bibliographie :
La hulotte numéros 71 et 72
Le grèbe huppé (en allemand)
durée 3mi,15sec