La Bernache du Canada (Branta canadensis)
Publié le 15 Février 2023
Vous trouverez cette grande Bernache du Canada sur les plans d’eau. Elle est facile à reconnaitre avec son long cou noir. C’est l’une des espèces qui tolère le mieux la présence des humains.
Roland
Nom scientifique : Branta canadensis (Linnaeus, 1758)
Origine du nom: vient du saxon « brennan » qui veut dire « brûler, brûlé», en raison de son cou noir et du latin, « canadensis », du Canada, canadien.
Autre nom commun : au Canada francophone on l’appelle « outarde »
Nom allemand : Kanadagans
Nom anglais : Canada goose
Observation: le 10 octobre à Haspelschiedt (57)
Famille : celle des Anatidae :les cygnes, canards, oies. Ce sont des oiseaux aquatiques moyens à gros, qui peuplent surtout les eaux douces. Ces oiseaux sont répartis sur tous les continents en 53 genres déclinés en 174 espèces. Ils ont de courtes pattes palmées qui traduisent leur agilité dans l’eau et leur aptitude au plongeon. Leurs becs aplatis sont munis de lamelles filtrantes. Ils mangent des végétaux, mais certains consomment le plancton ou sont carnivores.
Dimensions et poids : La longueur de cette bernache est de 80 à 100 cm et son envergure atteint 130 à 180 cm. Son poids varie de 2500 à 6500 g, les mâles étant légèrement plus lourds (de 0.5 à 1 kg en plus).
C’est un oiseau massif !
Longévité : 12 ans maximum dans la nature, mais bien plus en captivité.
Description : mâles et femelles sont identiques d’aspect. Le plumage est brun sombre sur les flancs et blanc sur le ventre. Le bec, les pattes et la queue sont noirs. Le plus remarquable est son long cou tout noir excepté les joues et la gorge. .
Chant : C’est un chant typique des oies, nasillard et en trompette.
Vol: l’envol de cet oiseau lourd est laborieux, mais son vol est puissant une fois dans les airs.
Habitat: Durant la nuit, la Bernache du Canada se réfugie sur les plans d’eau de taille moyenne à grande. Elle est ainsi à l’abri de ses prédateurs.
La journée, elle s’envole vers ses lieux d’alimentation toujours situés à proximité En Europe, elle peut aussi vivre à proximité de zones d’intenses activités agricoles.
D’origine nord-américaine comme son nom l’indique, elle est maintenant présente un peu partout en Europe.
Les oiseaux les plus au nord migrent en automne vers le centre et le sud. Ils adoptent une formation en V pour économiser de l’énergie durant leur vol.
Nourriture : elle est faite en été de plantes aquatiques et des bords des étendues d’eau mais aussi de plantes sous l’eau puisque la bernache les broute jusqu’à 75 cm de profondeur. En hiver notre bernache préfère les herbes sur les champs sans doute par crainte du gel. Elle mange aussi les haricots et céréales, blé, maïs, riz.
Reproduction : de mars à avril.
Les oies s’accouplent en général dès la deuxième année et le couple ainsi formé restera ensemble pour la vie. Si un des partenaires décède, l’autre trouvera un nouveau compagnon. Le mâle devra exécuter une parade et défendre la femelle contre d’autres jars pour s’accoupler.
Il nage vers la femelle, son cou très incliné vers le bas. Il présentera un comportement triomphant s’il réussit à chasser un autre mâle. C’est seulement après cette victoire que la femelle acceptera ses avances. Elle nagera vers lui en inclinant aussi la tête vers le bas puis dans l’eau. Les tentatives d’accouplement commenceront alors.
A noter que le triomphe est tellement important dans ce rituel d’accouplement que le mâle chassera aussi de nombreux adversaires imaginaires pendant cette période !
Le nid est situé sur le sol près de l’eau. C’est un creux dans le sol rembourré au centre par des plumes. Un nid mesure de 28 à 65 cm et dépasse de 3 à 10 cm la surface de l’eau. Le mâle défendra l’oie et la couvée avec agressivité contre tous les intrus et en particulier ceux de son espèce. Il ne tolèrera pas de présence à moins de 30 mètres, 15 mètres pour d’autres espèces comme l’Oie cendrée. La bernache pond et couve 5 à 6 œufs et jusqu’à 12 pendant 4 semaines. Les œufs pèsent environ 130 grammes chacun. Dès leur éclosion, les poussins quittent le nid pour échapper aux prédateurs. Ils peuvent se nourrir seuls avec les herbes aquatiques, carex, graminées. Les jeunes arborent un plumage brunâtre. Ils peuvent voler après 9 à 10 semaines.
Ils sont protégés de manière très ferme contre toutes les créatures du voisinage y compris les humains. Après un sifflement d’avertissement c’est une attaque en règle avec morsures et battement d’ailes pour impressionner le gêneur.
Vie en société :
Les bernaches vivent en couple pendant la nidification et se regroupent avec leurs congénères après.
Confusion possible : non sauf peut-être avec la Bernache nonette, pourvue de larges stries noires sur le dos (alerte de Bernard)
Dommages agricoles:
En petit nombre cette bernache ne provoque pas de dégâts et peut même augmenter le rendement agricole car elle apporte de l’engrais et améliore la fixation des plantes dans le sol.
En grand nombre elle peut dévaster des cultures au début de leur germination, mais aussi des plantations de plein champ et des champs de maïs.
Il a été demandé aux pays qui ont de grandes populations de réguler leur nombre par la chasse.
Dans certains pays sur les plages, des sites de pompage d'eau et des terrains de golf, les nuisances apportées par de grands groupes de bernaches avec leurs fientes ont provoqué la pollution d'eau potable. Il en a résulté des actions de chasse et de destruction des couvées;
Protection et prédateurs :
Cette Bernache du Canada est une espèce introduite. Elle ne bénéficie d’aucune protection légale. Il existerait 2500 à 3000 couples nicheurs mais beaucoup plus en hiver.
Elle est classée Znieff en région Bourgogne-Franche-Comté.
La perte d’oisillons liée à des prédateurs est rare et très en dessous des pertes des autres oiseaux aquatiques comme les canards colverts. La perte serait de 2.9% pendant les cinq premières semaines de leur vie. Ceci provient de la vigilance du papa bernache et sans doute aussi de son gabarit.
Des pertes bien plus importantes peuvent être infligées par la météo, des conditions hivernales prolongées mais aussi par des maladies ou des parasites comme des micro-organismes. Dans le pays d’origine, Canada, on déplore une perte globale de 50% avant l’envol, soit par calcul 47.1 % liée à d’autres causes que les prédateurs.
Les prédateurs naturels des couvées sont les renards, les corbeaux et mouettes mais ils sont peu impactants sauf en cas de disparition de l’un des parents.
Des rapaces comme le Hibou grand Duc, s’attaquent aux jeunes oiseaux mais les adultes sont trop gros pour eux.
Une compétition pour les sites de nidification peut se produire avec l’Oie cendrée qui exploite aussi des zones d’alimentation du même type
Accidents provoqués par la Bernache du Canada:
Aux Etats-Unis, où il existe des millions d’individus de cette grande oie, c’est le deuxième oiseau le plus impliqué dans des accidents d’avions après le Vautour à tête rouge. Les statistiques dénombrent 1772 collisions d’oiseaux avec les avions entre 1990 et 2018.
En 1995 un avions E3 de l’armée a subi une collision avec des bernaches qui a entrainé la mort des 24 passagers. Malgré des actions pour éloigner ces volatiles d’autres accidents ont eu lieu.
Un groupe de ces oies migratrices a heurté le vol 1549 du 15 janvier 2009. Il a obligé l’Airbus A320 qui venait de décoller de l’aéroport de New York à faire un amerrissage dans l’Hudson après 2 minutes de vol. Les deux réacteurs avaient avalé chacun plusieurs oies et étaient à l’arrêt complet. Les normes internationales obligent à les dimensionner et à les sécuriser pour résister à des volatiles de 1.8 kg. Ici les oies faisaient 3.6 kg. Elles ont été heurtées à près de 400 km/h et ont endommagé les ailettes et aubes de guidage d’entrée d’air.
Les 155 personnes à bord ont été toutes secourues et évacuées de l’avion en moins de 25 minutes malgré une température de l’eau de 5°C qui a rendu l’intervention des secours plus difficile. Il n’y eu que 5 blessés graves, un vrai miracle et l’un des amerrissages les plus réussis de l’histoire de l’aviation.
Ce dénouement heureux vient de l’excellence des pilotes et de la présence de nombreux bateaux à proximité puisque nous étions à quelques km de New York et de l’aéroport. Le rapport du vol et de l’incident sont détaillés sur l’article vol US Airways 1549 y compris les mesures de correction et amélioration prises dans les normes aéronautiques après cet incident.
Le réalisateur Clint Eastwood a repris cette histoire pour son film « Sully » sorti en 2016 avec Tom Hanks en vedette. Une fiction de télévision et une chanson
ont également été produites.
Article illustré (sauf mention) par notre talentueux collègue photographe naturaliste, Claudy Stenger. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)
Texte Roland Gissinger, relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Bibliographie :
fiche canadienne sur la Bernache du Canada
Fiches wikipedia très complètes