La Ronce commune (Rubus fruticosus) et la Ronce bleue, (Rubus caesius)
Publié le 8 Février 2023
Tout le monde connait les ronces ou mûres quand on parle des fruits ; J’ai hésité avant d’écrire cet article. La littérature est très abondante[B1] sur le sujet et les spécialistes dénombrent des centaines voir des milliers de ronces différentes. Le sujet est donc un océan dans lequel il faudrait se plonger. Je vais faire court…Donner le nom d’une ronce est un exercice réservé aux batologues ou rubologues. Ce sont les initiés aux ronces dont je ne fais pas partie. Les photos sont identifiées sous réserve d’un avis de batologues.
En fin d’article vous trouverez les critères et photos de la Ronce bleue, la seule facile là identifier.
Roland
Nom scientifique : Rubus fruticosus Linnaeus, 1753
Origine du nom: dérive du latin «rubus», «rouge» en raison de la couleur des fruits, et de « fruticosus» qui signifie « petit arbre » et non pas fruit.
Nom commun allemand/ dialecte : Brombeeren, Broma
Nom anglais : blackberry
Date de l’observation: le 2 février à Burbach (67) -
Famille de plantes : celle des Rosacées, qui inclut nos arbres fruitiers comme le cerisier, le prunier, le prunelier, , le pommier, le poirier, l’amandier … mais aussi la fraise, l’églantier. C’est donc une famille économiquement très importante mais très hétérogène au niveau de l’ensemble des espèces.
Les rosacées ont comme point commun d’avoir des feuilles dentées. Les fleurs sont de symétrie 5, ont de nombreuses étamines et pistils composés de 5 ou d’avantage de carpelles. Il existe des exceptions.
Les poils de l’épiderme se transforment en aiguillons (ronces, roses) ou épines (pruniers). Ce phénomène a été développé par ces plantes pour éviter d’être broutées par les herbivores. Ce sont des défenses physiques qui complètent ou remplacent les défenses chimiques, les tanins, que produisent les plantes.
Catégorie: Le genre Rubus comprend les ronces mais aussi les framboisiers. Ce sont des arbrisseaux lianes à aiguillons dont les fruits sont des drupes.
Les turions (voir explication plus loin) peuvent mesurer 1 à 7 m et 3 à 4 cm de diamètre à la base.
Tiges et racines: ce sont des rameaux armés d’épines recourbées. Il a été démontré que la densité d’épines est plus importante dans les zones très broutées. Ceci démontre l’adaptation rapide de la plante à son environnement. Les tiges rigides et arquées de l’année sont dénommés « turions ». Ils sont issus d’une souche et ont une durée de vie de deux ans, parfois, mais rarement que d’une année. A la fin de la première année, les tiges peuvent s’enraciner par marcottage en touchant le sol.
Les racines développent aussi des drageons, des tiges souterraines, jusqu’à 3 par mètre carré. Elles vont produire de nouveaux individus. L’ensemble de toutes ces tiges va former un espace difficile à franchir pour le promeneur, car entremêlé de turions, le roncier.
Feuilles: elles sont palmées et composées de 3-5 ou 7 folioles. Elles sont grossièrement dentées en scie, chacune mesurant 3 à 6 cm de long pour 1.5 à 2 cm de large. Les feuilles sont pétiolées de couleur vert sur le dessus et glabres ; blanchâtres, pubescentes sur le dessous. Elles sont couvertes d’aiguillons sur les nervures principales et le pétiole. Des stipules sont soudées à la base du pétiole.
Ces feuilles, ainsi que les tiges, deviennent rouges en automne. C’est une réaction de protection aux rayons du soleil et au froid.
- Floraison: mai à juillet
Couleur des fleurs: Les fleurs, de couleur blanche à blanc-rosé, sont regroupées en cymes et mesurent de 20 à 30 mm de diamètre. Elles ont 5 pétales et 5 sépales et de nombreuses étamines à anthère jaune avant fécondation. Les organes femelles sont terminés par de nombreux stigmates blanc-vert. Vers la base ils se prolongent par des loges carpellaires soudées abritant 2 ovules. Un seul des deux ovules se transformera en graine.
Les fleurs sont groupées en bouquets de 3 à 7 et sont agréablement parfumées. Comme la plupart des rosacées, ils sont réfléchis à maturité et adhérents au fruit.
Pollinisation : Les fleurs sont visitées par les insectes, en particulier par les syrphes, papillons, abeilles et petits bourdons attirés par un nectar à la base des pétales et par du pollen abondant.
Fruits: ils sont appelés drupes et formés de petites drupes ou drupéoles. D’une taille de 1 à 3 cm, ils sont rouges puis noir brillant. Les fruits sont sans pédicelle et adhèrent au réceptacle floral conique A noter qu’une petite partie est arrachée à la cueillette alors que pour les framboises, la drupe se détache sans emporter une partie du réceptacle floral. Le fruit est divisé drupéoles de 2 mm pesant quelques milligrammes.
La ronce est très productive : plusieurs milliers de graines par m2. La dispersion est assurée par les nombreux animaux qui en raffolent : mammifères comme les blaireaux ou les renards ainsi que par les oiseaux. La germination se fera par les déjections posées ici et là. Elle est trois fois plus importante après un transit intestinal que juste tombée au sol.
Habitat : plante cosmopolite de la plaine à la montagne jusqu’à 1600 m. Elle a besoin de lumière et préfère les milieux riches en azote abandonnés par les humains : friches, parkings, anciens chemins, fossés, haies…
Importance écologique :
Avec ses peuplements nombreux et intenses, la ronce a permis à tout un écosystème de se développer .Les feuilles de ronce sont un aliment essentiel des herbivores de la forêt en hiver, mais aussi carnivores et rongeurs comme le muscardin. De nombreux insectes et papillons vivent grâce aux ronces : le Nacré de la ronce, de la sanguisorbe, la Petite violette, l’Hespérie des sanguisorbes, les phasmes…
Horticulture:
Il existe des mûres sans épines qui font le bonheur des jardiniers amateurs.
Pour se débarrasser des ronces, il faut les faucher. Il existe aussi un arsenal de lutte biologique comme des champignons. Les pesticides sont à éviter à tout prix.
Protection et statut
Plante sans protection légale car très abondante.
Utilisation alimentaire :
Les fruits sont consommés depuis toujours tels quels, ou en jus et en mélange pour faire des sirops, confitures et agrémenter d’autres desserts.
Le jus contient en moyenne 10 mg de vitamine C, de la vitamine E, du béta carotène et de nombreuses vitamines du groupe B. Il contient 5.2 g de fibres dont des pectines et des gommes. Sa teneur moyenne en sucre est de 6,5 g pour 100 grammes dont 3,1 g de fructose. Il contient aussi 200 mg de potassium.
Il faut bien sûr éviter de les cueillir aux bords des routes fréquentées et le long des champs arrosés de pesticides.
Utilisations médicinales:
La grande richesse en sucres et tanins des fruits était utilisée depuis tous temps pour guérir de la diarrhée et de la dysenterie.
Composants : selon wikiphyto
Feuilles :- Tanins hydrolysables (= gallotanins et ellagitanins, 8 à 14 %)
- Acides organiques (acide citrique, acide isocitrique)
- Flavonoïdes et acides triterpéniques pentacycliques
- Fruits :
- Anthocyanes, lignanes, pectine, vitamine C, acides de fruits
- Jeunes pousses : Catéchines et acides phénoliques, acides organiques
Propriétés de la plante selon wikiphyto
- Diarrhées
- Angines et pharyngites, aphtes, gingivites : gargarismes de feuilles de ronce
- Nettoyage et cicatrisation des blessures
- Varicosités, protection capillaire
- Fruits à maturité dans les inflammations de la gorge
- Insuffisances respiratoires obstructives
- Bronchite chronique obstructive (diminution du VEMS = volume d'air expiré pendant la première seconde d'une expiration dite « forcée)
- Emphysème
- Avec Pinus montana ostéoporose sénile et arthrose.
- Avec Fagus sylvatica néphrite
Mode d'action connu ou présumé
- Les tanins sont des antibactériens efficaces en se combinant aux protéines biologiques.
- Astringents et anti-inflammatoires
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
La Ronce bleue, ou Ronce bleuâtre, ou Ronce glauque Rubus caesius
« (caesius » signifie, « glauque » comme la couleur de ses tiges.
Critères de reconnaissance de cette ronce très fréquente et facile à identifier même si par ailleurs il existe des hybrides :
Les fruits ne sont pas brillants mais couverts d’une pruine, un voile blanc typique.
Taille maximale : 1 m
Tige : cylindrique, sans poils de couleur vert bleuté munie de petits aiguillons, bien plus petits que ceux de la Ronce commune. Turions dressés puis couchés. La tige est couverte de petites glandes visibles à la loupe.
Feuilles : à 3 folioles velues sur les deux faces
Habitat : forêts humides, haies
Texte et photos Roland Gissinger (Anab) relecture Bernard Weinzaepflen (Anab).
Sources bibliographiques voir index biodiversité