Rendre la pluie à la nappe: désimperméabiliser les sols

Publié le 17 Février 2023

Élisabeth Sibeud, responsable du cycle de l’eau à la Métropole de Lyon. Dans le quartier de Gerland, des bandes herbeuses remplacent le bitume.

Élisabeth Sibeud, responsable du cycle de l’eau à la Métropole de Lyon. Dans le quartier de Gerland, des bandes herbeuses remplacent le bitume.

paru sur l'alsace le 18/1/2023

La Métropole de Lyon souhaite de nouveau rendre perméables 400 hectares à l’horizon 2026. Petit à petit, des petits coins de verdure remplacent le béton.

Sur le bitume, une pente toute douce où l’eau se perd dans un tapis de feuilles mortes. Quelques bosquets, des arbres, du vert en semi-liberté sur des bandes de trois ou quatre mètres de large, légèrement creuses. Dessous, de la terre et des pierres favorisent la circulation de l’eau.

Ici, ce sont 1 700 mètres carrés sur lesquels la pluie ne glisse plus mais s’infiltre pour rejoindre la nappe phréatique. D’un côté de ces bandes herbeuses, c’est la rue du Vercors, rétrécie à sens unique pour permettre cette végétalisation. De l’autre, c’est l’espace piéton au revêtement poreux.

« Nourrir la nappe et soulager les réseaux d’assainissement »

Ce coin du quartier Gerland fait partie des quelque 400 hectares que la Métropole de Lyon espère rendre de nouveau perméables d’ici à 2026. Pour atteindre cet objectif, la collectivité et l’Agence de l’eau ont signé en septembre 2022 un contrat d’investissement de 54 millions d’euros sur trois ans pour rendre la ville plus perméable.

« Pendant des décennies, la tendance a été de recouvrir le sol de béton, d’enserrer les arbres, de planter quelques fleurs dans des bacs et de diriger l’eau du ciel dans le réseau d’assainissement », rappelle Élisabeth Sibeud, directrice du cycle de l’eau à la Métropole. « Cette transformation permet maintenant non seulement de nourrir la nappe, mais aussi de soulager les réseaux d’assainissement », car ceux-ci s’avèrent insuffisants lors des épisodes violents de pluie. Par ailleurs, les arbres plantés sur ces terrains favorisent la fraîcheur.

Rompre avec des habitudes

Rien de spectaculaire, et pourtant rien de simple : parce que le sous-sol est saturé de tuyaux (eau, gaz, électricité, transports en commun) et aussi parce qu’il était nécessaire de vérifier la “qualité” de cette eau de pluie (pas trop salée, pas trop polluée) pour “l’autoriser” à rejoindre la nappe.

Il a aussi fallu rompre avec des habitudes. « Il y a eu plusieurs essais, avec des espèces d’arbres différentes, des techniques, des revêtements, ainsi que des discussions sur la meilleure façon d’entretenir », explique encore Élisabeth Sibeud. Qui se plaît à rêver : « Dans l’avenir, on peut imaginer que les rues de la ville ressembleront à celle-ci. »

Les habitants de Lyon 6e ont participé à la réalisation de l'arbre de pluie en plantant des arbustes pour améliorer le cadre de vie dans le quartier

Les habitants de Lyon 6e ont participé à la réalisation de l'arbre de pluie en plantant des arbustes pour améliorer le cadre de vie dans le quartier

Actions de la ville de Lyon dans ce domaine

 

  • La Métropole de Lyon expérimente des « arbres de pluie » rue Vauban et rue Juliette Récamier dans le 6e. Derrière ce joli nom, se cache une solution naturelle d’une efficacité redoutable : l’espace agrandi au pied des arbres facilite le chemin de l’eau dans la terre pour capter jusqu’à 9 m3 d’eau lors de fortes pluies.
  • La Métropole ambitionne de rendre les 250 km des futures Voies Lyonnaises perméables : soit par la mise en place de revêtements poreux, soit par la création de bandes végétales qui absorberont l’eau.
  • La Métropole de Lyon et l’Agence de l’eau ont consacré 1,5 million d’euros en 2021 et 2022 à la désimperméabilisation de 5 collèges à Villeurbanne, Rillieux-la-Pape, Meyzieu, Pierre-Bénite et Lyon 3. 3 300 m2 ont ainsi été rendus perméables dans le collège Alphonse-de-Lamartine à Villeurbanne.

 

Rédigé par ANAB

Publié dans #préserver les ressources

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T
C'est aussi une question de prix et………de facilité. De ce côté-ci de la Manche, depuis plusieurs décennies, les jolis jardins côté sont devenus des petits parkings bétonnés. Le bétonnage est souvent la solution la plus simple, la moins coûteuse, et celle de facilité d'entretien : on passe le balai, mieux encore le "Kärcher", et pas de mauvaise herbes à arracher!<br /> Les revêtements en bois haché ou en écorces - qui permettent de planter des fleurs et des arbustes, cela peut engendrer du travail. Le gravier (avec stabilisateur) est plus apprécié mais plus cher que le bétonnage, et……………………il laisse parfois passer les mauvaises herbes;
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R
Constat direct et précis de la situation, identique des deux côtés de la Manche.<br /> Merci Toll.<br /> <br /> Préserver la biodiversité demande des efforts et nous sommes naturellement guidés vers le moindre effort (valable pour moi bien sûr et sans doute qq autres 😏 )
B
Le phénomène de bétonisation est particulièrement visible dans les villages. Il y 40 ans<br /> <br /> rares étaient les cours bétonnées. Je ne dis pas qu'il faille revenir en arrière; mais on<br /> <br /> pourrait laisser plus de place à la verdure ou à des revêtements perméables à l'eau<br /> <br /> comme il en existe déjà.
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R
Oui et rendre obligatoire la réinjection d'eau dans les nappes par un drain dans la terre et vers les nappes
J
Cela ressemble à une très bonne idée, il y a cependant ce petit côté « électoraliste ambitieux et chiffré » qui me gêne un peu… rendez-vous donc en 2026 pour voir si les 400 hectares sont allés dans le bon sens.
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R
Merci JPL; Electoraliste peut-être, mais au moins ils font quelque chose.<br /> <br /> En Allemagne il existe une taxe pour tous les particuliers et entreprises sur l'imperméabilisation des sols depuis plus de 30 ans.<br /> Elle permet de payer le surcout de dimensionnement des égouts d'eaux pluviales et dissuadent de bétonner sa cour