Orobanche de la luzerne, Orobanche rouge (Orobanche lutea)
Publié le 12 Mars 2023
Orobanche de la luzerne, Orobanche rouge (Orobanche lutea)
La photo de Nicole pour le quiz a été une bonne introduction et prétexte à vous présenter cette plante au mode de vie particulier et que vous sans doute déjà aperçue sur un terrain sec.
Roland
Nom scientifique : Orobanche lutea Baumg., 1816
synonyme
Origine du nom : du grec « orobos », la vesce et « ancho », serrer, étrangler, allusion à l’asphyxie de la plante hôte provoquée par cette plante parasite.
« lutea » signifie « jaune » en latin.
Nouveau nom normalisé : Orobanche de la luzerne.
Ce nouveau nom est complètement justifié puisqu’il apporte comme complément au nom de genre de la plante le nom de sa plante parasitée favorite.
Autres noms communs : Orobanche rougie, Orobanche jaune
Nom en dialecte et allemand : Gelbe Sommerwurz, Gelber Würger
Nom anglais : yellow broomrape
Date et lieu de l’observation: le 16 mai au Bollenberg (68)
Famille de plantes : elle appartient à celle des Orobanchacées. ou Orobanchaceae
C’est une famille recomposée suite aux études des ADN. La génétique est passée par là pour refaire le classement.
Des plantes plus connues comme les rhinanthes, les euphraises, les pédiculaires, les odontites, sont venues rejoindre les orobanches dans cette famille.
Elle compte à présent 2000 espèces réparties en 90 genres (le genre c’est le premier nom latin)
Caractéristiques communes des orobanchacées :
Leur particularité est d’être des plantes parasites de plantes herbacées ou arbres par leurs racines. Pour quelques espèces les cultures alimentaires peuvent être menacées. C’est le cas en centre Europe avec Orobanche ramosa qui parasite les solanacées (pomme de terre, aubergine, tomate) mais aussi les choux et le céleri. Souvent les orobanches sont spécifiques d’une espèce comme l’Orobanche de la sauge qui ne parasite que la sauge. Leurs feuilles sont réduites à des écailles le long de la tige, simples et alternes.
La corolle est à deux lèvres et ressemble à celle de la famille des labiées dont les orobanches sont proches génétiquement..
La plupart des Orobanchacées ne sont plus capables de réaliser la photosynthèse, les espèces dites holoparasites sont donc entièrement dépendantes de la présence des plantes hôtes qu’elles parasitent souvent par l’intermédiaire des filaments mycorhiziens d’un champignon.
Certaines comme les rhinanthes, les euphraises, les odondites sont partiellement chlorophylliennes et sont qualifiées d’«hemiparasites».
Les orobanches sont nombreuses dans notre flore. Leur couleur varie du brun au jaune étant donné l’absence de chlorophylle. Leur détermination est difficile car les critères des flores ne sont pas toujours visibles. Repérer la plante hôte, située à proximité, est un bon moyen de l’identifier ou de confirmer l’identification de ces plantes.
Type : plante parasite non chlorophyllienne
Hauteur: de 30 à 50 cm
Tige : robuste, cannelée, pubescente, glanduleuse, de couleur jaune clair à brun.
Feuilles: elles sont réduites à des écailles incolores de 2 à 3 cm et appliquées contre la tige.
Emergence d'un tige de l'Orobanche de la luzerne, Orobanche rouge (Orobanche lutea) Détermination sous réserve - Photo Nicole Hoch (Anab)
Floraison: de mai à juillet
Floraison: de mai à juillet
Couleur des fleurs : jaune quelquefois en partie brun-rouge 25-30 mm parsemée de glandes claires. Les fleurs forment un épi de 5 à 15 cm qui porte de 20 à 50 fleurs. Les fleurs bilabiées ont les lobes velus extérieurement et émarginés aux extrémités. Le lobe supérieur est courbé à angle droit au sommet. Il abrite les étamines insérées entre le milieu et le tiers inférieur de la corolle. C’est un critère de séparation dichotomique des orobanches. La base du tube formé par les deux lèvres n’est pas renflée.
Le stigmate est jaune vif. Les 2 sépales sont assez libres et profondément coupés en deux (bifides). L’odeur est douce.
Une seule bractée se trouve à la base. Elle est légèrement plus courte ou égale à la corolle
Pollinisation : elle est réalisée par des insectes comme les bourdons.
Parasite : de fabacées en particulier le genre Medicago, celui des luzernes mais aussi Melilotus les mélilots et Trifolium, les trèfles,
Vous constaterez avec un peu d’attention que sur les photos où le contexte de la plante est visible, vous trouvez des fabacées et souvent de la luzerne.
Confusion possible : oui, avec les autres orobanches, groupe difficile rappelons-le.
Habitat: cette orobanche aime le calcaire et les milieux secs et maigres de demi-ombre comme des pelouses sèches, sables, lœss, talus, rochers, forêts claires jusqu’à 1600 m.
Elle est présente en France surtout dans le centre, et l’Est (voir la carte) et en Europe de l’Est.
Fruit : les graines très petites, de 0.4 mm environ, sont disséminées par le vent. Elles peuvent conserver longtemps leur pouvoir de germination. Elles ne germeront qu’au contact et en présence de substances stimulatrices secrétées par les racines de leurs(s) plante(s) hôte(s).
Chaque orobanche peut produire plusieurs dizaines de milliers de graines.
Protection : pas de protection légale pour cette plante pourtant devenue très rare dans la plupart des régions. Elle a disparu de Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Centre, Picardie. Elle est classée critique en Bourgogne. Elle n’existe pas dans les régions à roches alcalines comme la Bretagne, les Pyrénées et est absente autour de la Méditerranée.
Elle est classée déterminante pour le classement des zones ZNIEFF dans plusieurs régions : Alsace, Bourgogne-Franche-Comté ; Auvergne-Rhône-Alpes.
Les ZNIEFF, Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ont pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation à partir de listes d’espèces peu courantes ou rares.
Usage alimentaire : pas d’usage répertorié car cette plante est rare. Certaines espèces étaient consommées comme nutrimenten Extrême Orient..
Agriculture :
Comment lutter contre les quelques orobanches invasives
Orobanche ramosa est un fléau pour les cultures agricoles au point que de nombreuses recherches ont été faites pour limiter son extension. L’un des systèmes les plus performants est de semer des plantes leurres qui secrètent des analogues aux substances stimulantes de germination. Ils s’agit bien sûr des composés secrétés par les racines des plantes parasitées. Les plantes leurres provoquent la germination des graines d’Orobanche ramosa mais pas la fixation de l’orobanche sur les racines comme futur parasite. De même de simples exsudats racinaires ou des racines broyées ou des extraits aqueux de racine induisent les mêmes effets.
Médecine :
Les orobanches ont été largement utilisées dans la médecine chinoise pour leurs effets toniques et stimulants.
Parmi les 200 orobanches, seulement 17 d’entre elles ont été étudiées dans les années récentes au niveau de la composition de produits naturels.
Certains produits contenus dans ces plantes résultent de leur séquestration à partir de la sève piratée chez la plante hôte via les racines. Il n’est pas toujours facile de faire la distinction entre les produits secrétés par la plante et ceux provenant de son hôte.
Certains composants sont très actifs, mais notez bien qu’ils sont souvent en quantité insuffisante dans la plante pour avoir un effet et que cette liste concerne l’ensemble des orobanches et non pas la seule orobanche du jour.
90 produits dont des alcaloïdes et phénylpropanoïdes ont déjà été décrits. Certains ont des effets antioxydants et anti-inflammatoires, par exemple, des activités analgésiques, antifongiques et antibactériennes, des effets améliorant la mémoire ainsi que des effets antihypertenseurs, d’autres inhibent l'agrégation des plaquettes sanguines , d’autres ont des effets diurétiques, décontractants musculaires et anti-photovieillissement
Des brevets ont même été déposés pour les extraits d’orobanche comme Orobanche aegypta.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab) Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
Biologie de la germination des graines des plantes parasites Orobanche et Phelipanche (Lechat) 2013
Genuine and Sequestered Natural Products from the Genus Orobanche 2018
The genus Orobanche as food and medicine: An ethnopharmacological review 2020