Le Traquet motteux (Oenanthe oenanthe)
Publié le 7 Mai 2023
Roland
Nom scientifique : Oenanthe oenanthe (Linnaeus, 1758)
Nom Allemand/ dialecte : Steinschmätzer
Nom anglais : Northern Wheatear
Observation : au Belacker (68) un 3 octobre. Altitude 980 m
Dimensions et poids : de 14 à 17 cm de long, envergure comprise entre 26 et 32 cm Poids : 17-30 g.
Longévité : 2 à 7 ans
Classification et famille : celle des Muscicapidés qui sont des petits oiseaux de type passereaux. Elle comprend 310 espèces réparties en 58 genres. Ce sont des oiseaux insectivores qui chassent à l’affût sur une branche ou une grande herbe. Leur bec est plus large à la base et pointu ce qui leur permet de capturer les proies en plein vol. Il leur sert aussi à fouiller la litière et le sol pour trouver de petits invertébrés.
Description :
Le Traquet motteux est un passereau un peu plus grand qu’un moineau. Ses caractères distinctifs sont une calotte grise sur la tête et un bandeau noir sous l’œil. Il a un sourcil blanc jusqu’au bec qui est noir et par ailleurs très affûté. Sa gorge est orangée et le dessous du corps est beige, le dos est brun clair. Sa queue blanche se termine par un large T noir, certains parlent d’une ancre. Elle est visible queue déployée.
Les différences sont minimes entre les deux sexes et à l’automne il est devient difficile de les distinguer.
Chant :
Le chant typique du Traquet motteux est un « tchak sec» et des notes sifflantes très rapides aiguës, descendantes. Pendant son chant il hoche souvent la tête et ouvre sa queue.; Chant à écouter ci-dessous (cliquer le triangle)
Nourriture: c’est un insectivore qui attrape ses proies en sautillant et en courant sur le sol, en particulier sur des mottes d’où son nom.
Parfois, mais plus rarement, il les capture en vol. Son menu est fait de diptères comme des tipules, mouches, syrphes, et d’autres insectes tels que fourmis ailées, sauterelles, papillons, chenilles et araignées. Il complète ce régime avec des mollusques et des baies à l’automne.
Vol : le vol est direct et rapide. Ce n’est pas étonnant pour cet oiseau habitué à de longues migrations.
Reproduction: au printemps le mâle parade en déployant sa queue en éventail pour en faire apparaitre les contrastes de couleur. Il sautille au sol et exécute des vols rapides ascendant et descendant de manière frénétique. Il défend son territoire avec ardeur et en chasse tout intrus avec vigueur.
Une fois le couple constitué il reste uni pour la saison. Le changement de partenaire se fera ou non selon les oiseaux présents à l’arrivée sur le lieu de la prochaine migration.
La femelle fabrique un nid peu sophistiqué en forme de bol de 6 à 8 cm de diamètre et 2 cm de profondeur. Elle utilise pour cela de petites tiges, des racines et de la mousse. Pour rendre le nid plus douillet, la femelle tapisse l’intérieur de poils d’animaux, de plumes ou fils de laine.
Ce nid est situé dans une cavité, sous un rocher, sous un tas de pierres ou dans les galeries de petits mammifères comme des lapins.
Nidification La femelle pond dès la mi-mars 4 à 9 œufs de 21 mm environ et d’un poids de 2,8 grammes. Ils sont de couleur bleu pâle, mats avec quelquefois des marques rouges. Elle les couve seule pendant un peu plus de 13 à 15 jours.
Les jeunes peuvent voler après 2 semaines. Le père participe au nourrissage des jeunes. La mère entreprend une deuxième couvée dans le même nid entre mai et juin sous nos latitudes, et plus tard en montagne et dans le Nord. Le taux de réussite varie de 60 à 75% dans les couvées.
La maturité sexuelle des jeunes est atteinte après 1 an.
Habitat : le Traquet motteux aime les espaces ouverts, rocailleux ou dunaires. La densité dans ces derniers peut atteindre 2.6 couples pour 10 hectares. Les autres habitats sont les coteaux vallonnés, des friches, pelouses alpines et éboulis où se trouvent de nombreuses cachettes. La densité en montagne alpine atteint 0.7 à 2 couples pour 10 hectares.
Il séjourne pendant la bonne saison dans toute l’Europe et l’Asie du sud, de l’Espagne à la Mongolie mais aussi au Groenland et en Alaska jusqu’à 2900 m.
Migration : elle commence dès la mi-juillet et se poursuit jusqu’en octobre avec un pic en août-septembre. Des groupes d’individus se forment en Europe pour entreprendre la migration. Ils migrent vers la zone sub-saharienne, de la Gambie à l’est, au Nord Kenya à l'ouest.
Ils reviendront au printemps, dès mi-janvier dans les régions les plus au sud et jusqu’au début mai pour les oiseaux les plus au nord. Pendant ce trajet les Traquet motteux se ravitaillent dans tous les types de milieux. Impossible de faire les difficiles. Toutes les ressources disponibles sont bonnes à prendre pour ce long vol retour.
Record : il est à noter que les populations de Traquet motteux d’Alaska ne migrent pas vers le sud de leur continent mais vers l’Afrique. Des micro balises fixées sur les Traquets ont confirmé que cet oiseau effectue l’une des plus longues migrations connues, soit pas loin de 14 000 km pour un aller simple. Cette distance est proche ou dépasse le record lui homologué ,de la Barge-rousse qui va de l’Alaska en Tasmanie (13560 km pour un aller simple).
Pour se faire une idée de cette prouesse, sachez qu’ils survolent des cols de 3000 m et peuvent faire des trajets de 3 000 km sans escale !
Prédateurs : Le Traquet a de nombreux prédateurs parmi les autres oiseaux. Le prédateur principal est le geai qui, d’après une étude, prédate près de 30% des nids. Il s’attaque aussi bien aux œufs qu’aux poussins. Le Pic épeiche, le Choucas des tours, la buse provoquent aussi des dégâts dans les nids.
Statut et protection: oiseau totalement protégé par la loi. Le nombre actuel d’individus serait situé entre 5 et 13 7 millions. Ce nombre parait élevé mais il régresse car ses habitats habituels comme les friches et les pelouses naturelles disparaissent à grande vitesse. La régression des populations est, comme souvent, la conséquence de l’usage intensif de pesticides et insecticides qui détruisent de manière drastique les populations d’insectes.
En France l’effectif serait de 15 000 à 45 000 couples, moins de 10% de la population européenne. Le gros des effectifs se trouve en Turquie.
Article illustré par notre collègue photographe naturaliste, Claudy Stenger dont vous avez déjà pu apprécier les photos sur notre blog. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)
Texte Roland Gissinger et Bernard Weinzaepflen (Anab)