Enquête mycologique, épisode 89, Fausse girolle Hygrophoropsis aurantiaca

Publié le 20 Mai 2023

Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.

 

Scène du crime

 

Nous sommes le 5 octobre 2022, à Diemeringen, en forêt acidiphile, sous résineux.

Fausse girolle Hygrophoropsis aurantiaca Photo de Gilles Weiskircher (Anab)

Fausse girolle Hygrophoropsis aurantiaca Photo de Gilles Weiskircher (Anab)

Arme du crime

 

Le champignon pousse au sol, avec des débris agglomérés à la base du pied. Il s’agit vraisemblablement d’un champignon saprophyte

 

Profil du suspect

 

La morphologie du champignon est classique, pied et chapeau. Les lames sont décurrentes et fourchues vers le bord du chapeau. Les lames se retirent facilement. Cette présence de lames va avoir toute son importance plus tard.

Passons maintenant à l’examen des voiles :

- pas de voile général sous forme de volve à la base du pied ou sous forme de flocons sur le chapeau

- pas de voile partiel sous forme d’anneau.

 

Pas d’ornements particuliers sous forme d’écailles, de ponctuations, etc.

 

La couleur du champignon est jaune orangé ; l’odeur et la saveur sont faibles

 

Beaucoup seraient tentés de voir ici une belle girolle et ce n’est absolument pas le cas. La girolle n’a pas de lames mais des plis. Pas évident comme critère et  pourtant, observez la photo suivante :

 

Lames de Fausse girolle Hygrophoropsis aurantiaca Photo de Gilles Weiskircher (Anab)

Lames de Fausse girolle Hygrophoropsis aurantiaca Photo de Gilles Weiskircher (Anab)

Une coupe longitudinale permet de lever le doute. Les lames forment un tissu à part du chapeau et la différence de coloration le montre. Autre élément à observer, les lames deviennent fourchues vers le bord du chapeau, c’est-à-dire qu’elles se séparent en deux, formant un Y

Lames fourchues de Fausse girolle Hygrophoropsis aurantiaca Photo de Gilles Weiskircher (Anab)

Lames fourchues de Fausse girolle Hygrophoropsis aurantiaca Photo de Gilles Weiskircher (Anab)

Le doute est levé. Ce n’est pas une girolle, mais la fausse-girolle, Hygrophoropsis aurantiaca (Wülfen : Fr.) Maire

 

Sporée :

 

Elle est blanche

Sporée de Fausse girolle Hygrophoropsis aurantiaca Photo de Gilles Weiskircher (Anab)

Sporée de Fausse girolle Hygrophoropsis aurantiaca Photo de Gilles Weiskircher (Anab)

Un mot sur la fausse-girolle

 

Elle est facile à confondre avec la girolle. La fausse-girolle affectionne les débris ligneux ou les aiguilles de résineux. Elle est fréquente.

 

Examen par la police scientifique.

 

Les spores sont elliptiques et dextrinoïdes, elles deviennent donc rouges dans le colorant de Melzer.

 

Spores. Microscopie x1000 - de Fausse girolle Hygrophoropsis aurantiaca Photo de Gilles Weiskircher (Anab)

Spores. Microscopie x1000 - de Fausse girolle Hygrophoropsis aurantiaca Photo de Gilles Weiskircher (Anab)

Statut selon l’INPN : LC (Préoccupation mineure) sur la liste rouge des champignons menacés en Alsace

 

Comestibilité : On peut lire beaucoup de chose sur l’aspect culinaire de cette espèce. La position prise à la rédaction de cet article est celle du guide Eyssartier 4ème édition de 2017 : sans intérêt ou indigeste. On lui attribue des cas d’intoxications.

 

La conclusion de l’enquêteur

 

Voici un champignon qui est toujours, chaque année, à l’origine de méprises, heureusement, dans ce cas, sans conséquences graves. Le ramasseur de girolle doit connaître parfaitement ce champignon pour éviter toute confusion, mais aussi les clitocybes lumineux et illusoires qui, eux, entraînent de graves intoxications.

De façon générale, quiconque cueille un champignon pour le consommer doit connaître sur le bout des doigts son ou ses sosies toxiques.

 

Pour aller plus loin.

 

Champignons, ce qu’il faut savoir en mycologie. Guillaume Eyssartier, éditions Belin, 2018

 

Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)

Rédigé par ANAB

Publié dans #champignons

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B
Ce champignon, facile à déterminer (à mon avis) m'a souvent fait croire (de loin) à la présence de la comestible girolle. La pleurote de l'olivier est bien plus traître par sa toxicité et une grand ressemblance avec la girolle.
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G
Bonjour Bernard,<br /> Je suis tout à fait d'accord avec toi