Enquête mycologique, épisode 90, Lentin en colimaçon Lentinellus cochleatus
Publié le 27 Mai 2023
Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.
Scène du crime
Nous sommes le 6 octobre 2022, à Zetting, en forêt acidiphile, sous hêtres.
Arme du crime
Le champignon pousse au sol, avec des débris agglomérés à la base du pied. Il s’agit vraisemblablement d’un champignon saprophyte
Profil du suspect
Le champignon se présente sous forme de pied chapeau mais sa morphologie s’apparente à celle d’un pleurote en forme d’entonnoir spiralé, fendu d’un côté.
Passons maintenant à l’examen des voiles :
- pas de voile général sous forme de volve à la base du pied ou sous forme de flocons sur le chapeau
- pas de voile partiel sous forme d’anneau.
Pas d’ornements particuliers sous forme d’écailles, de ponctuations, etc.
La couleur du champignon est brun fauve à brun ochracé. Il dégage une nette odeur d’anis. Autre observation importante, les lames sont décurrentes et dentées, il faut donc avoir le réflexe, avec ces lames dentées et cette morphologie, de penser au genre Lentinellus.
Avec cette odeur d’anis et cette morphologie, on reconnaît sans difficulté le lentin en colimaçon Lentinellus cochleatus (Pers. : Fr.) MP. Karst
Statut selon l’INPN : LC (Préoccupation mineure) sur la liste rouge des champignons menacés en Alsace
Comestibilité : Indigeste. N’étant pas commun, on se contentera de l’admirer des yeux.
La conclusion de l’enquêteur
Voici un champignon assez facile à reconnaître mais peu commun. Les lentins sont assez faciles à reconnaître si on observe les lames dentées. C’est un groupe phylogénétiquement proche des russules. Il apprécie les souches de feuillus.
Pour aller plus loin.
Champignons, ce qu’il faut savoir en mycologie. Guillaume Eyssartier, éditions Belin, 2018
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)