L’Eristale opiniâtre (Eristalis pertinax)

Publié le 31 Mai 2023

L’Eristale opiniâtre	(Eristalis pertinax)
L’Eristale opiniâtre	(Eristalis pertinax)
L’Eristale opiniâtre	(Eristalis pertinax)
L’Eristale opiniâtre	(Eristalis pertinax)

L’Eristale opiniâtre (Eristalis pertinax)

Voici un insecte souvent confondu avec les abeilles auxquelles il ressemble beaucoup. Même si son milieu de naissance n’est pas ragoûtant c’est un bon pollinisateur qui a toute sa place dans de nombreux écosystèmes  et dans notre microfaune.
Roland


Nom scientifique : Eristalis pertinax (Scopoli, 1763)
Eristale est un nom du genre masculin d’après le Petit Robert  même si de nombreux entomologistes et sites  le désignent au féminin.

Nom allemand : Mistbien (mouche du fumier), Gemeine Keilfleckschwebflieg

Nom anglais : l’adulte « common drone fly » et la larve « rat-tailed maggot » (littéralement « asticot à queue de rat »)

Origine du nom :incertaine, soit  provient du grec« eristalis », « pierre précieuse » ou de « eristes » , querelleur, qui rappelle le comportement du mâle, territorial et agressif envers toute intrusion dans son territoire  ou bien encore du grec  « eris », beaucoup et de « stalan », couler goutte à goutte. Son petit nom « tenax » signifie tenace, obstiné.
Observation : le 20 mai Sarre-Union (67)
Classification :  cet éristale appartient à la famille des syrphes ou de l’Ordre des Diptères ( du grec di, deux et pteron, ailes ) Ce groupe comprend des insectes au nom vernaculaire de mouches, syrphes, taons, moustiques..    Il existe 500 espèces de syrphes  différentes en France. Plus de  6000 ont été déjà décrites au niveau mondial par les entomologistes spécialistes de ces mouches. Leur particularité est d’avoir des couleurs vives et d’imiter celles d’insectes piqueurs comme les guêpes et les abeilles. Par ce camouflage que l’on désigne du nom compliqué d’ « aposématique », ils se mettent à l’abri des attaques de nombreux prédateurs.
Le genre Eristalis comprend une centaine d’espèces. L’un des caractères distinctifs des autres mouches est un renflement d’une nervure de l’aile appelée nervure M.
Pour ceux qui veulent tout savoir sur les éristales ils peuvent lire la thèse de 359 pages d’une française Sabine Bressin faite à l’Université St Andrews en Ecosse.
Dimensions : 11 à 15 mm pour le mâle et 12 à 16.5 mm pour la femelle (extrémité abdomen carré, triangulaire chez le mâle)  

Durée de vie : avril  à septembre, et février à novembre selon une localisation méridionale
Cet éristale produit 2 à 3 générations annuelles. Il hibernerait  à l’état de larve mais selon certains aussi sous sa forme adulte.
  
Description : mouche de taille moyenne à grande, au corps robuste, elle ressemble à une abeille, plus rarement à un bourdon. C’est un excellent pollinisateur. Ses yeux entièrement velus sont énormes par rapport à la taille de son corps et ont comme particularité d’être parcourus par deux bandes de poils sombres, visibles à l’œil nu. Sa tête est triangulaire mais sa bande faciale foncée est plus étroite que celle de l’Eristalis tenax.
Les antennes sont courtes et prolongées par un long cil dénommé arista. Cette arista est ici plumeuse contrairement à d’autres espèces. Le thorax est sombre et couvert de poils. L’abdomen est large et sombre barré de taches oranges plus marquées chez le mâle que chez la femelle. Ses ailes sont transparentes légèrement fumées.  Les segments de l’abdomen sont oranges, le 2 chez la femelle et le 2 et 3 chez le mâle.
Les fémurs et tibias postérieurs sont dilatés.  
Les tarses antérieurs et médians sont jaunes. C’est un autre point qui le différencie avec Eristalis tenax
Sabine Bressin a remarqué que seuls les mâles ‘Erisatlis pertinax sont capables d’un vol plané  mais pas E. tenax..


Curiosité : des chercheurs polonais (Mielczaek and all) ont étudié sur toutes les coutures cet Eristle tenax pendant toute la saison. Ils ont trouvé que les individus estivaux sont différents sur de nombreux points des individus de première génération. Ils ont des critères physiques aussi différents que ceux qui séparent deux espèces  (différentes)  et pourtant ils ont le même ADN. Ce phénomène rare est appelé polyphénisme saisonnier.
Les changements d’allure et de comportement sont rarement gratuits dans la nature. Ils surviennent en réponse au milieu, pour mieux s’y adapter, échapper aux prédateurs ou améliorer la reproduction.
Le cas le plus connu est celui des lièvres qui deviennent blancs en hiver en montagne ou dans le Grand Nord.
Il est possible que cette possibilité soit liée à une adaptation saisonnière à la température.  Sur les photos de cet article les individus sombres ont été photographiés en mai et les autres, orangés en juillet et septembre.
Une couleur plus foncée au printemps permet un réchauffement plus rapide de l’insecte et donc un décollage plus rapide. En été, la température est assez élevée pour cet éristale. Les modifications de couleur et l’amélioration de la couleur orange de l’abdomen doit lui permettre d’être confondu avec des hyménoptères munis d’un dard comme les guêpes et abeilles et ainsi d’améliorer ses chances de survie..

L’Eristale opiniâtre	(Eristalis pertinax)	sur Crataegus laevigata   et Eristalix sp
L’Eristale opiniâtre	(Eristalis pertinax)	sur Crataegus laevigata   et Eristalix sp
L’Eristale opiniâtre	(Eristalis pertinax)	sur Crataegus laevigata   et Eristalix sp

L’Eristale opiniâtre (Eristalis pertinax) sur Crataegus laevigata et Eristalix sp

Nourriture des larves : à l’état de larve, cet Eristale gluant vit comme les autres éristales dans les eaux usées et joue un rôle d’épurateur. Il filtre l’eau riche en substances organiques, mange les bactéries et contribue ainsi à sa purification. Pour vivre dans de tels milieux il est facile de comprendre que la larve est très résistante à la pollution comme le sont tous les autres organismes dépollueurs. Ceci peut pour l’avenir d’ailleurs être source de recherches et découvertes sur son immunité par rapport aux bactéries et virus pathogènes de ces milieux très pollués voire toxiques. Il est capable de vivre dans un liquide sans oxygène. La larve en forme de cylindre au fond de sa vase émet un long cylindre ( le siphon respiratoire ) pour respirer l’air en surface. Ce cylindre annelé en trois parties peut atteindre 15 cm de long. Cette larve dite à queue de rat subira plusieurs mues et en fin de cycle sortira du milieu liquide pour se nymphoser (la nymphe d’un diptère porte le nom de pupe). Cette nymphe au terme de la mue imaginale donnera l’insecte adulte.
Dans des conditions favorables (été) le développement de la larve est de 4 semaines et celui de la pupe aussi.
Nourriture des adultes : l’insecte adulte ailé, avec des ailes, se nourrit du pollen et du nectar des fleurs très diverses. C’est un auxiliaire de pollinisation important. Il se nourrit en  particulier sur des Apiacées (famille de la carotte, du céleri…), Astéracées (celle de la marguerite…), Brassicacées (celle du chou...), Caprifoliacées (knautie…).
Biologie et activité : la femelle éristale  pond de nombreux œufs dans des eaux stagnantes
 
Particularité : l’éristale est capable de faire du vol stationnaire comme un hélicoptère et des acrobaties. Cette capacité explique son nom anglais de « fly drone », mouche drone. C’est facile à observer quand il recherche sa nourriture sur les fleurs. En vol normal, il vole les ailes allongées le long du corps

Reproduction : l’accouplement a lieu en vol. Les mâles peuvent être agressifs pour défendre leur territoire mais sans aucun danger car ils ne piquent pas. C'est pareil pour les femelles.


Habitat : dans toute l’Europe jusqu’à l’Oural. Les larves vivent  dans les eaux putrides et les lieux humides riches en azote comme fumier, lisier, étables, mares riches en nitrates
Les adultes fréquentent de préférence les milieux humides haies, forêts, parcs, jardins, endroits incultes, les placettes riches en fleurs.  Il es tprésent dans les milieux avec du bétail au pâturage


Confusion : facile à confondre. De loin il est aisé de le  confondre avec un bourdon ou une abeille. Les caractères distinctifs, antennes avec arista, pilosité, forme des  yeux devraient permettre son identification pour peu que l'on regarde cet insecte, inoffensif,  de près.
Cette espèce peut facilement être confondue avec d’autres éristales et en particulier Eristalis similis.
Prédateurs : araignées, chauve souris, oiseaux
Protection : insecte commun,  non protégé






Texte  : Martine Devondel  et Roland Gissinger (ANAB)-

Détermination des éristales sur les photos: Martine


Photos : Roland


Bibliographie; voir index-annuaire des fiches biodiversité

Articles de référence et bibliographie :

Environmental physiology of two hoverflies, Eristalis tenax and E. pertinax- SabineBressin 1999
https://www.baladesentomologiques.com/article-eristales-de-la-fosse-d-aisance-aux-fleurs-122382045.html

Rédigé par ANAB

Publié dans #Insectes de chez nous

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T
Merci à vous, Martine et Roland, pour cet article très intéressant et les belles photos
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A
Merci beaucoup Toll<br /> <br /> (Martine et) Roland
B
Article très complet et belles photos comme d'habitude. On a pas fini d'apprendre.
Répondre
A
Merci Bernard et content de t'avoir appris quelque chose (nous aussi nous apprenons beaucoup en rédigeant ces articles)<br /> <br /> <br /> Roland