L’Eristale opiniâtre (Eristalis pertinax)
Publié le 31 Mai 2023
Roland
Nom scientifique : Eristalis pertinax (Scopoli, 1763)
Eristale est un nom du genre masculin d’après le Petit Robert même si de nombreux entomologistes et sites le désignent au féminin.
Nom allemand : Mistbien (mouche du fumier), Gemeine Keilfleckschwebflieg
Nom anglais : l’adulte « common drone fly » et la larve « rat-tailed maggot » (littéralement « asticot à queue de rat »)
Origine du nom :incertaine, soit provient du grec« eristalis », « pierre précieuse » ou de « eristes » , querelleur, qui rappelle le comportement du mâle, territorial et agressif envers toute intrusion dans son territoire ou bien encore du grec « eris », beaucoup et de « stalan », couler goutte à goutte. Son petit nom « tenax » signifie tenace, obstiné.
Le genre Eristalis comprend une centaine d’espèces. L’un des caractères distinctifs des autres mouches est un renflement d’une nervure de l’aile appelée nervure M.
Pour ceux qui veulent tout savoir sur les éristales ils peuvent lire la thèse de 359 pages d’une française Sabine Bressin faite à l’Université St Andrews en Ecosse.
Durée de vie : avril à septembre, et février à novembre selon une localisation méridionale
Cet éristale produit 2 à 3 générations annuelles. Il hibernerait à l’état de larve mais selon certains aussi sous sa forme adulte.
Description : mouche de taille moyenne à grande, au corps robuste, elle ressemble à une abeille, plus rarement à un bourdon. C’est un excellent pollinisateur. Ses yeux entièrement velus sont énormes par rapport à la taille de son corps et ont comme particularité d’être parcourus par deux bandes de poils sombres, visibles à l’œil nu. Sa tête est triangulaire mais sa bande faciale foncée est plus étroite que celle de l’Eristalis tenax.
Les antennes sont courtes et prolongées par un long cil dénommé arista. Cette arista est ici plumeuse contrairement à d’autres espèces. Le thorax est sombre et couvert de poils. L’abdomen est large et sombre barré de taches oranges plus marquées chez le mâle que chez la femelle. Ses ailes sont transparentes légèrement fumées. Les segments de l’abdomen sont oranges, le 2 chez la femelle et le 2 et 3 chez le mâle.
Les fémurs et tibias postérieurs sont dilatés.
Les tarses antérieurs et médians sont jaunes. C’est un autre point qui le différencie avec Eristalis tenax
Sabine Bressin a remarqué que seuls les mâles ‘Erisatlis pertinax sont capables d’un vol plané mais pas E. tenax..
Curiosité : des chercheurs polonais (Mielczaek and all) ont étudié sur toutes les coutures cet Eristle tenax pendant toute la saison. Ils ont trouvé que les individus estivaux sont différents sur de nombreux points des individus de première génération. Ils ont des critères physiques aussi différents que ceux qui séparent deux espèces (différentes) et pourtant ils ont le même ADN. Ce phénomène rare est appelé polyphénisme saisonnier.
Les changements d’allure et de comportement sont rarement gratuits dans la nature. Ils surviennent en réponse au milieu, pour mieux s’y adapter, échapper aux prédateurs ou améliorer la reproduction.
Le cas le plus connu est celui des lièvres qui deviennent blancs en hiver en montagne ou dans le Grand Nord.
Il est possible que cette possibilité soit liée à une adaptation saisonnière à la température. Sur les photos de cet article les individus sombres ont été photographiés en mai et les autres, orangés en juillet et septembre.
Une couleur plus foncée au printemps permet un réchauffement plus rapide de l’insecte et donc un décollage plus rapide. En été, la température est assez élevée pour cet éristale. Les modifications de couleur et l’amélioration de la couleur orange de l’abdomen doit lui permettre d’être confondu avec des hyménoptères munis d’un dard comme les guêpes et abeilles et ainsi d’améliorer ses chances de survie..
Dans des conditions favorables (été) le développement de la larve est de 4 semaines et celui de la pupe aussi.
Reproduction : l’accouplement a lieu en vol. Les mâles peuvent être agressifs pour défendre leur territoire mais sans aucun danger car ils ne piquent pas. C'est pareil pour les femelles.
Habitat : dans toute l’Europe jusqu’à l’Oural. Les larves vivent dans les eaux putrides et les lieux humides riches en azote comme fumier, lisier, étables, mares riches en nitrates
Les adultes fréquentent de préférence les milieux humides haies, forêts, parcs, jardins, endroits incultes, les placettes riches en fleurs. Il es tprésent dans les milieux avec du bétail au pâturage
Confusion : facile à confondre. De loin il est aisé de le confondre avec un bourdon ou une abeille. Les caractères distinctifs, antennes avec arista, pilosité, forme des yeux devraient permettre son identification pour peu que l'on regarde cet insecte, inoffensif, de près.
Cette espèce peut facilement être confondue avec d’autres éristales et en particulier Eristalis similis.
Texte : Martine Devondel et Roland Gissinger (ANAB)-
Détermination des éristales sur les photos: Martine
Photos : Roland
Bibliographie; voir index-annuaire des fiches biodiversité
Articles de référence et bibliographie :
Environmental physiology of two hoverflies, Eristalis tenax and E. pertinax- SabineBressin 1999
https://www.baladesentomologiques.com/article-eristales-de-la-fosse-d-aisance-aux-fleurs-122382045.html