La girafe, un animal social plus complexe qu’on le pensait
Publié le 25 Juillet 2023
ne mère girafe de Rothschild s'occupant de son bébé. La photo a été prise dans la région de la vallée du Rift, au Kenya. Les girafes sont des mères attentives à leur progéniture, et toutes les femelles adultes d'un groupe s'investissent dans la progéniture des autres.
paru sur radiocanada
À l’instar de l’éléphant, la girafe est une espèce socialement très complexe, montrent les travaux de zoologistes britanniques.
Traditionnellement, on pensait que les girafes n'avaient que peu de structure sociale, qu'elles n'entretenaient que des relations faibles et éphémères
, expliquent, dans un communiqué, Zoe Muller et ses collègues de l’université de Bristol.
Cette interprétation a beaucoup évolué dans les dix dernières années puisqu’il est maintenant établi que l'organisation sociale des girafes n'est pas aléatoire.
L'étude réalisée par des zoologistes britanniques montre que Giraffa camelopardalis passe jusqu'à 30 % de sa vie dans un état post-reproductif.
Ce pourcentage est comparable à celui d'autres espèces aux structures sociales très complexes et aux soins coopératifs, comme les éléphants et les épaulards, qui passent respectivement 23 % et 35 % de leur vie dans un état post-reproductif
, explique Zoe Muller.
Chez l’éléphant comme chez l’épaulard, il a été démontré que la présence de femelles post-ménopausées présente des avantages en matière de survie pour la progéniture apparentée
, notent les auteurs de ces travaux dont le détail est publié dans la revue Mammal Review (Nouvelle fenêtre) (en anglais).
Repères
- La girafe est le plus grand mammifère du monde.
- Elle atteint 5,7 mètres de hauteur, du sol aux cornes (18,7 pieds).
- Sa population est de 68 000 individus à l’état sauvage.
- Elle est présente dans 15 pays d’Afrique.
- Elle est adaptée pour atteindre la végétation inaccessible aux autres herbivores.
- Elle vit en moyenne 15 ans à l’état sauvage.
- Ses prédateurs sont l’humain, le lion, le léopard, la hyène et le crocodile.
Grand-mère girafe
Chez de nombreux mammifères, y compris les humains, les scientifiques ont découvert que les femelles vivent longtemps après la ménopause afin de pouvoir aider à élever les générations successives de descendants. Cette réalité permet d’assurer la préservation de leurs gènes.
Les présents travaux abondent dans ce sens et laissent penser que la présence de femelles girafes adultes en période de post-reproduction fonctionne de la même manière. Les girafes sont susceptibles de s'engager dans une parentalité coopérative et de contribuer aux soins parentaux partagés des membres de leur famille
, poursuivent les auteurs.
« Je trouve déroutant qu'une espèce africaine aussi grande, emblématique et charismatique ait été si longtemps sous-étudiée. »— Une citation de La zoologiste Zoe Muller
J'espère que cette étude permettra de tracer une ligne à partir de laquelle les girafes seront considérées comme des mammifères intelligents, vivant en groupe, qui ont développé des sociétés complexes et très efficaces, ce qui a facilité leur survie dans des écosystèmes difficiles et pleins de prédateurs
, poursuit Mme Muller.
Des clés pour l’avenir
Reconnaître que les girafes ont un système social coopératif complexe et vivent dans des sociétés matrilinéaires nous permettra de mieux cerner leur écologie comportementale et leurs besoins en matière de conservation
, affirme la chercheuse, qui espère aussi que le statut d’animal complexe et intelligent la rendra plus digne de protection
.
Selon l’African Wildlife Foundation, le nombre de girafes à l'état sauvage diminue au fur et à mesure que leurs habitats se réduisent. À la fin du XIXe et au XXe siècle, on recensait des troupeaux de 20 à 30 animaux. Aujourd'hui, ils comptent en moyenne moins de six individus
, s’inquiète la fondation.