La Barbarée commune, Herbe de sainte Barbe (Barbarea vulgaris)
Publié le 7 Juin 2023
Vous trouverez cette barbarée en ce moment sur des sols humides. Son aspect de grande plante grasse aux fleurs jaunes, totalement glabre est unique.
Roland
Nom scientifique : Barbarea vulgaris W.T.Aiton, 1812
Origine du nom : « Barbarea» vient du nom de Sainte Barbe, patronne des pompiers mais aussi des artificiers, métallurgistes et des mineurs. Elle était censée guérir les blessures fréquentes dans ces métiers à risques. Son nom d’espèce vient du latin « vulgaris», signifiant « commun ».
Autres noms communs français : Herbe aux charpentiers, Girarde jaune
Noms en dialecte alsacien,: Bitter-Grünkresse en allemand Winterkresse, oder Barbenkraut oder Barbarakraut,
Noms anglais : wintercress
Date et lieu de l’observation : vue en fleurs le 28 mai à Goetzenbrück (57)
Famille de plantes: celle des Brassicacées ( la Cardamine des prés , la Capselle bourse-à-pasteur, l’Alliaire officinale, la Cardamine hérissée, la Moutarde des champs, le Passerage champêtre, le Radis sauvage, le Tabouret perfolié et des comestibles comme les choux, le colza, moutardes ).
Cette famille est homogène. Les caractères de base de la plupart des genres européens sont :
une symétrie d’ordre 4 et bilatérale. Les 4 pétales et les 4 sépales sont libres et protègent les 6 étamines, 4 petites et 2 grandes.
Les fruits sont très variés, de la forme d’un petit haricot à une pièce de monnaie ou une petite bourse. La clé de reconnaissance des espèces repose en grande partie sur l’aspect des fruits de « très allongé » à « circulaire » et à leur segmentation interne.
Il existe 200 espèces de cardamines différentes dont 7 dans notre région.
Catégorie : plante bisannuelle ou vivace, ramifiée dès la base.
Hauteur : 20 à
Tige: cannelée et glabre, deux éléments caractéristiques, faciles à observer. Elle est issue d’une racine pivotante qui émet de nombreuses radicelles formant un chevelu.
Feuilles : elles sont luisantes et de couleur foncée. La tige est très feuillée avec une rosette de feuilles à la base.
Les feuilles de la base sont longues et pétiolées (2 à
Elles sont toutes alternes et non embrassantes.
Fleurs : jaune vif, moyennes, de 7 à
Pollinisation
La pollinisation est favorisée par la présence de disques nectarifères riches en nectar, mais la plante est aussi capable d’autogamie (sans échange avec d’autres fleurs de la même espèce). Elle est visitée par de nombreux insectes, abeilles et mouches qui assurent une fécondation croisée.
Fruits : Ce sont des siliques quadrangulaires de 1.5 à
Les graines peu nombreuses sont disposées sur un rang dans chacune des deux loges de la silique. Leur dissémination est assurée par le vent (anémochorie), Chaque silique contient environ 13 graines de 1 à
Habitat : plante dispersée sur sols humides. On la trouve sur le bord des chemins, talus, fossés, prairies humides, terrains vagues. Elle est présente dans toute l’Europe surtout centrale et boréale jusqu’à
.
Confusion possible : avec d'autres espèces de brassicacées aux fleurs jaunes. Il existe d'autres barbarées dans d'autres régions comme la Barbarée du printemps, Barbarea verna aux feuilles découpées jusqu'au rachis.
Statut et réglementation: présente en montagne et dans la partie est de notre pays. Elle est absente de la zone ouest et le long du littoral Atlantique. Elle est protégée dans la Région Pays de Loire., classée vulnérable (VU) dans les régions Limousin, Corse, Bourgogne, et quasi menacée NT en Bretagne.
Sa rareté est attestée par son classement Znieff dans onze régions à ce jour : Ile-de-France, Champagne-Ardenne, Picardie, Haute-Normandie, Centre-Val de-Loire, Bourgogne, Bourgogne-France-Comté, Hauts-de-France, Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Corse.
Usage alimentaire : les feuilles de saison peuvent être mangées crues en salade (ou alors cuites si plus âgées), dans des potages ou en légumes. Elles sont très amères et piquantes. Comme de nombreuses autres brassicacées dont les choux, il est préférable de les blanchir avant de les consommer. Les feuilles de base sont utilisées pour donner un goût piquant à des plats en sauce ou au poisson. Elles sont aussi utilisées pour aromatiser des fromages et faire du pesto. La plante est riche en vitamine C et a été utilisée comme antiscorbutique.
La plupart des plants de cette Barbarée commune ( type BAR -riches en glucobarbarine) sont résistants aux insectes ravageurs des Brassicacées -Crucifères. Sans entrer dans les détails de leur génétique disons que d’autres plants de barbarée, minoritaires (de type NAS riches en gluconasturtine) en Europe, secrètent des substances voisines mais moins toxiques envers les insectes.
Les insectes spécialisés pour se reproduire sur cette famille de plantes sont attirés par les glucosinates. On peut citer la Piéride du chou, la Teigne des crucifères (Plutella xylosteella), l’Altise du chou (Phyllotreta nemorum ) qui y font des dégâts importants. Malheureusement pour eux et heureusement pour les agriculteurs, ces insectes ne détectent pas la présence de saponines qui vont empoisonner leurs larves à l’éclosion des œufs.
Les essais ont montré que dans des serres séparées les plants de chou sans cette barbarée avaient bien plus de larves que ceux cultivés dans la serre avec la Barbarée commune.
Cette plante peut donc servir de piège naturel pour la ponte de ces insectes dans des champs de cultures de brassicacées et diminuer sensiblement par effet logique le nombre de ravageurs dans la culture voisine de brassicacées. Ce type de culture additionnelle porte le nom anglais de « dead-end- trap cropping » ou « culture piège en cul-de-sac ».
Des recherches complémentaires ont été menées pour identifier les composants et essayer de contrer d’autres insectes ravageurs des brassicacées.
Usage médicinal :
Il n’existe pas d’indication médicale pour cette plante sur wikiphyto, ce qui n’est pas bon signe.
En médecine traditionnelle, la Barbarée commune était utilisée pour traiter les blessures. Un thé élaboré avec ses feuilles peut être utilisé comme apéritif, antiscorbutique et diurétique.
Comme les autres plantes de sa famille, la barbarée est riche en molécules naturelles actives comme les flavonoides, les glucosinates (autrefois dénommés hétérosides soufrés)
La recherche pour trouver de nouvelles substances naturelles anti radicaux libres est en pleine expansion.
Il est connu par ailleurs que les espèces de la famille des brassicacées contiennent des composants anticancéreux.
Ce n’est pas l’une ou l’autre molécule qui est bénéfique mais le cocktail qui comprend des stérols, caroténoïdes, triglycérides insaturés et acides gras essentiels.
Il semble que l’abus de consommation de feuilles soit toxique pour les reins.
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Texte, photos, bibliographie Roland Gissinger Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)-
Bibliographie
Voir fin d’article index plantes
Dead-end trap cropping: a technique to improve management of the diamondback moth, Plutella xylostella (Lepidoptera: Plutellidae)- 2004
Role of Saponins in Plant Defense Against Specialist Herbivores 2019
Reciprocal interactions between the cabbage root fly (Delia radicum) and two glucosinolate phenotypes of Barbarea vulgaris 2008
New Resistance-Correlated Saponins from the Insect-Resistant Crucifer Barbarea vulgaris 2010
Propriétés médicinales et composition en glucosinolates des brassicacées : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/13129476?dopt=Abstract
Isothiocyanates et action anticancéreuse : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4002831/
http://www.wikiphyto.org/wiki/Isothiocyanates
Thèse soutenue à Strasbourg sur la Recherche d'isothiocyanates à intérêts fonctionnel et technologique chez les Brassicacée
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