Coronille variée, Coronille changeante, Coronille bigarrée, Sécurigère bigarrée, Sécurigère variée (Coronilla varia)

Publié le 9 Juillet 2023

Coronille variée, Coronille changeante, Coronille bigarrée, Sécurigère bigarrée, Sécurigère variée (Coronilla varia)

Voici une plante aux fleurs panachées de blanc, de rose et de violet que vous avez déjà vue. Elle se trouve quelquefois en grandes populations, sur le bord des routes ou dans des prairies hors de l’agriculture intensive. Elle est rare dans l’ouest.
Roland

Nom scientifique : Coronilla varia L., 1753
Synonyme ; Securigera varia (L.) Lassen

Origine du nom : du latin « corona», petite couronne, et de « variabilis», variable. Le synonyme « securigera » vient du latin «porteur de hache » en raison de la forme de ses fruits.

Autres noms communs : faucille, herbe de saint Jean

Noms en dialecte et allemand : Bunte Kronwicke, Bunte Beilwicke

Noms anglais : crownvetch or purple crown vetch,

Date de l’observation: le 29 juin à Sarralbe (57)

Famille de plantes : la Coronille variée appartient à la vaste famille des Fabacées qui comprend 12 000 espèces dans le monde. Les Fabacées sont l’une des premières sources de nourriture pour un très grand nombre de personnes. Le soja, l’arachide, le haricot, le pois, les luzernes, trèfles, la réglisse, le rooibos appartiennent à cette famille.
Le soja contient 20 à 35 % de poids sec en protéine et acides aminés et peut remplacer les protéines d’origine animale comme la viande et le poisson. Les arachides sont un légume de première importance pour l’huile.
Les fabacées sont donc une famille très importante au niveau économique et alimentaire.

De plus la plupart des fabacées servent d’engrais verts. Elles fixent l’azote atmosphérique grâce à leurs racines qui contiennent des bactéries fixatrices d’azote dans de petites nodosités. Ces bactéries sont du genre Bradyrhizobium.
Elles sont donc plantées en alternance avec les céréales et de plus en plus souvent en mélange avec elles.
Le nom de la famille dérive de Faba, la fève. Les Fabacées étaient autrefois dénommées Légumineuses ou encore Papilionacées. Leur nom provenait de la forme de leur fleur. Elle est irrégulière, en forme de papillon à l’exception de celles du groupe des mimosas.

Type : c’est une plante vivace de taille moyenne aux nombreuses fleurs bicolores. Sa tige est issue d’une racine pivotante qui descend jusqu’à 1 mètre de profondeur. Cette racine produit de très longs rhizomes atteignant eux 3 mètres munies de nodosités bactériennes.

Hauteur: de 30 à 90 cm, la tige, anguleuse et glabre, est ascendante ou couchée. Elle peut alors mesurer jusqu’à 2 mètres de longueur.

Feuillage: les feuilles alternes, de 4 à 16 cm sont découpées en 6 à 12 paires de folioles mucronées (petite pointe à l’extrémité). Une petite tige ou pétiolule relie chaque foliole au pétiole de la feuille qui se termine par une foliole simple. On dit alors que la feuille est imparipennée.
Le pétiole de la feuille est entouré à sa base de pièces foliaires, les stipules terminées par une pointe noire.

Coronille variée, Coronille changeante, Coronille bigarrée, Sécurigère bigarrée, Sécurigère variée (Coronilla varia)

Zygène de la Coronille, Zygaena ephialtes hôte de la Coronille variée et ’Azuré des coronilles Plebejus argyrognomon, Photo Marc Paquay

Fruits et localisation selon INPN de la Coronille variée, Coronille changeante, Coronille bigarrée, Sécurigère bigarrée, Sécurigère variée (Coronilla varia)

Fruits et localisation selon INPN de la Coronille variée, Coronille changeante, Coronille bigarrée, Sécurigère bigarrée, Sécurigère variée (Coronilla varia)

Floraison: de juin à septembre

Couleur des fleurs: les fleurs sont petites (10 à12 mm), de couleur panachée rose, blanc et violet. Elles sont groupées en petites boules ou ombelles de 5 à 20 fleurs et sont portées par un long pédoncule axillaire à la tige. Elles possèdent 5 pétales de forme différente. L’étendard rose est le plus grand, dressé au sommet, 2 autres pétales, les ailes sont sur les côtés, et les deux du bas sont en partie soudés comme une coque de bateau dénommée la carène. Le style, partie terminale de l’organe femelle est caché à l’intérieur de la fleur. Les 10 étamines sont soudées par leur partie inférieure (le filet), 9 d’un côté et une de l’autre. Le calice est formé de 5 sépales soudés terminés par de petites dents.
La floraison s’étend sur 4 à 8 semaines.

Pollinisation : Les fleurs sont surtout visitées par les bourdons et les abeilles et certains papillons comme le Demi-deuil (photo). Particularité, au contraire de la très grande majorité des fleurs, le nectar n’est pas secrété dans la fleur mais à l’extérieur sur le calice. Les fleurs de la Coronille variée exigent une fécondation croisée car elles sont autostériles.

Confusion: avec son allure originale, il n’y a pas de risque de confusion dans nos régions.

Habitat : au soleil, de préférence sur des sols calcaires ou pauvres en azote, des lieux secs à légèrement humides sur prairies, sèches et zones sableuses et gravillonneux, chemins, gravières, cultures ou terrains perturbés. Comme elle produit elle-même de l’azote, elle peut s’implanter sur des terrains pauvres en cet élément chimique.
Cette plante originaire du sud de l’Europe a colonisé l’Eurasie jusqu’au Caucase et cela jusqu’à une altitude de 1400 m. Elle s’est propagée par contamination de graines de céréales ou a été introduite volontairement dans de nouveaux territoires pour son action de stabilisation des sols, en Océanie, Amérique du Nord et du Sud..

Fruit : c’est une gousse segmentée de 3 à 6 cm de long. Elle est étroite, dressée et contient 3 à 8 graines qui forment autant de segments visibles sur la gousse. En se desséchant elles libèrent les graines de 3 à 4 mm et pesant 4 à 5 mg. Elles seront emportées par le vent ou l’eau.

Agriculture : cette plante est utilisée comme fourrage pour les animaux mais aussi pour stabiliser les sols, restaurer les terres et les enrichir en azote. Ces propriétés liées à son système racinaire complexe et puissant ont été largement utilisées aux Etats-Unis pour stabiliser l’érosion des bords des routes et chemins.
C’est également une bonne plante mellifère.
Elle peut être envahissante dans certaines conditions et hors de ses pays d’origine (l’Europe).

La valeur nutritionnelle de la Coronille bigarrée est légèrement inférieure à celle de la luzerne. Elle contient 22% de protéines brutes et 22% de fibres. La présence de nitroglycosides la rend très toxique pour d’autres animaux comme les chevaux, qui risquent, en l’ingérant, un retard de croissance ou pire la paralysie.

Cette coronille est la plante hôte habituelle de la Zygène de la Coronille, Zygaena ephialtes et de l’Azuré des coronilles Plebejus argyrognomon,

Protection : Il n’existe pas de protection légale pour cette plante qui est quasi absente de toute la façade océanique et du tiers ouest de notre pays ainsi que de la Corse. Elle est classée « NT », quasi menacée en Haute-Normandie.

Utilisation:
Cette fleur et ses variétés sont largement plantés dans les jardins comme plante ornementale.
Elle ne peut pas être utilisée pour l’alimentation car elle est toxique (surtout les graines). Cette plante provoque des vomissements, diarrhées, un ralentissement cardiaque pouvant entrainer la mort.

L’armée américaine a, voici une trentaine d’années, lancé des recherches sur les capacités enzymatiques (1) de la Coronille variée. Cette plante est l’une des rares capables de synthétiser des composés nitrés, de les combiner à des sucres comme le glucose et ensuite de les dégrader. Certaines réactions dégagent de l’énergie et c’est sans doute pour cela que l’Armée américaine s’y était intéressée.

Dans certains de ses sites en Illinois, l’armée américaine a aussi fait étudier par l’Université la possibilité d’éliminer ou réduire cette plante car elle envahissait le territoire (95%) au détriment de toutes les autres sauf une graminée, le Paturin des prés, Poa pratensis (5% de la surface).

Médecine : cette plante servait en médecine traditionnelle à lutter contre les problèmes cardiaques et urinaires et à soigner les maladies de la prostate.

Propriétés médicales actualisées, cette plante n’apparait pas dans wikiphyto ce qui n’est pas bon signe. Ses propriétés médicinales manquent donc de preuves et tests vérifiés.

Composants :
- des composés actifs que sont les coumarines : scopoletin, daphnoretine, umbelliferone,
- glucosides cardiotoniques : déglucohyrcanoside, hyrcanoside
- composant toxique : l’acide β-nitropropionique qui est un inhibiteur de la respiration des mitochondries
- tanins : plante très riche en tanins 16 g/kg de poids sec comme des cardenolide glycosides, la corolline, la coronilline, la corotoxigenine

Propriétés des composants de la plante :
A défaut de propriétés médicinales prouvées par des tests parallèles et indépendants pour cette plante, il possède un vrai potentiel de molécules avec un effet thérapeutique (3) :
- présence de tonicardiaques , l’hyrcanoside et le deglucohyrcanoside, efficaces et moins toxiques que d’autres produits utilisés
- composés aux effet antimicrobiens dans les parties aériennes mis en évidence par des tests in vitro
- effets anti tumoraux, là aussi seulement démontrés par des tests in vitro prometteurs

Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.

Texte, photos, bibliographie Roland Gissinger (Anab) ) Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)

Sources bibliographiques voir index biodiversité