Téléphore maison, Cantharide commune – (Cantharis fusca)
Publié le 2 Août 2023
Le Téléphore maison est un coléoptère de la famille des Cantharidae.
C’est un coléoptère assez fréquent dans nos campagnes, mais il existe plusieurs espèces voisines.
Il reste visible en hiver à l’état larvaire hibernant au ras du sol, il est pour cette raison appelé « ver de neige ».
Martine et Roland
Nom scientifique : Cantharis fusca Linnaeus, 1758
Autre nom : Téléphore sombre.
Etymologie : Son nom de genre est d’origine incertaine si on en juge les mutiples explications. Ce serait le nom grec d’un coléoptère comme le Méloé ou un autre. D’autres affirment qu’il s’agissait d’un insecte nuisible aux grains. Son nom d’espèce vient du latin « fuscus», « sombre, brun, noir ».
Son nom vernaculaire, téléphore, provient du grec « telophoros » qui signifie « porteur de lumière », sans doute en raison de sa proximité génétique avec les vers luisants.
Nom allemand : Gemeiner Weichkäfer.
Nom anglais : Common soldier beetle.
Classification et famille : ce Téléphore maison, fait partie de l’ordre des Coléoptères, l’un des plus riches sur Terre : 400. 000 espèces décrites sur 1. 500. 000 probables. Les coléoptères sont, rappelez-vous, des insectes à métamorphose complète qui possèdent deux paires d’ailes, l’une coriace non nervurée et l’autre membraneuse. Ils sont partout et ont colonisé tous les milieux sauf la mer.
Sa famille est celle des Cantharidae riche de 5.000 espèces.
Cette famille est génétiquement proche d’insectes bien connus, les lucioles ou lampyres ( vers luisants) de la famille des Lampyridae.
Les deux familles ont en commun la mollesse de leur tégument et de leurs élytres.
Une de leurs différences réside dans le fait que les Cantharidae ne produisent pas de lumière.
Les Lampyrides ont la tête cachée par le pronotum, des gros yeux et un corps parfois larviforme.
Les Cantharides ont la tête visible du dessus et les élytres duveteuses. Ils ont comme particularité d’avoir des glandes qui secrètent une substance répulsive. Elle les rend moins intéressants à avaler par d’éventuels prédateurs.
Date de l’observation: le 18 juillet à Vittersbourg (57).
Dimensions : 11 à 15 mm de long pour 4 mm de large.
Description et biologie :
Sa forme est celle d’un rectangle noir très allongé. Ses élytres sont noirs, sa tête est noire, sa face orange et son pronotum en partie rouge.
Ses élytres au toucher sont mous et c’est bien leur originalité car en principe les élytres chez les coléoptères ont une fonction de protection des ailes membraneuses et sont coriaces.
Les élytres parsemés de fins poils restent parallèles vers l’arrière contrairement à sa cousine très proche, le Téléphore rustique, Cantharis rustica.dont les élytres se rétrécissent à leur extrémité.
Ses fémurs sont entièrement noirs ( alors qu’ils sont rouges et noirs chez Cantharis rustica ).
Son pronotum de couleur rouge présente une tache noire qui touche son bord antérieur ( chez Cantharis rustica,, la tache noire est centrée sur le pronotum) .
Ses antennes sont longues, filiformes et leurs premiers articles sont rouges.
Nourriture : les adultes carnivores et diurnes chassent les petits insectes dont les pucerons. Ils recherchent aussi du pollen sur des fleurs peu profondes comme les ombellifères. A noter que nous retrouvons nos téléphores, souvent en équilibre au bout d’un brin d’herbe.
Reproduction : cette période se situe de mai à fin août.
Sur les photos vous remarquerez qu'un des insectes, a l'abdomen gonflé. C'est la femelle. Son abdomen est bourré d'ovules et elle parait bien plus grosse que le mâle
Après l’accouplement, la femelle pond ses œufs dans le sol duquel vont émerger des larves après 1 ou 2 semaines. Celles-ci ont une apparence de vers sombres et annelés. Elles sont carnassières et vont se nourrir de vers, de pucerons et de petits insectes à corps mou dont la plupart sont ravageurs.
Cette espèce est donc utilisée dans la lutte biologique contre les pucerons.
Les larves sont très résistantes et quelquefois actives par grand froid. Il n’est pas rare de les voir sur la neige en hiver après un coup de vent qui les a délogées.
Il a été prouvé par des recherches en laboratoire que les larves du sixième stade préféraient les milieux très humides (taux d’humidité voisinant les 85 à 90 % ).
Pour cette raison, elles sont davantage présentes dans les prairies que sur les sols nus, leurs populations y sont trois fois plus importantes.
Il serait nécessaire donc d’introduire des espaces herbeux dans les champs cultivés pour favoriser la lutte biologique au moyen de cette espèce.
A la fin du stade larvaire, elles se transforment en nymphes immobiles avant d’émerger en insecte à la fin du printemps.
Habitat : prairies, buissons, lisières des forêts et clairières, prés secs et humides, bords des chemins.
Dans toute l’Europe centrale et en zone méridionale jusqu’à 1.000 m, mais absents dans le Grand Nord.
Confusion avec :
-- avec Cantharis rustica , le Téléphore moine: élytres noirs, pronotum rouge à tache centrale noire.
-- avec Cantharis obscura, le Téléphore noir : élytres noirs, pronotum noir orné de 2 bandes jaunes externes , exclusivement végétarien.
-- avec Cantharis paradoxa très rare dans notre pays (seulement 2 observations notées par INPN en France) : élytres noirs, pronotum noir avec 2 bandes jaunes externes.
-- avec Cantharis livida :élytres oranges, pronotum orange sans tache.
-- avec Cantharis pellucida : élytres noirs, pronotum orange sans tache.
Protection et Prédateurs : pas de protection légale pour cet insecte en nette régression par suite de l’usage intensif de pesticides et de la destruction de ses habitats.
Prédateurs : oiseaux, chauve- souris.
Insecte non classé par des mesures de protection.
Texte Martine Devondel et Roland Gissinger (Anab) et photos Roland
Bibliographie
2 livres très jolis et instructifs :
1/ Petites bêtes des forêts de Lorraine et d’ Alsace JY Nogret /S Vitzthum édition Serpenoise
2/ Insectes remarquables de Lorraine et d’ Alsace –JY Nogret /S Vitzthum édition Serpenoise
3/ Habitat use and activity patterns of larval and adult Cantharis beetles in arable land-Traugott 2005
4/ Auxiliaires en grande culture et agroécologie -Chambre d’agriculture de Bourgogne page 8