Astragale à feuilles de Réglisse, Réglisse sauvage (Astragalus glycyphyllos).
Publié le 13 Août 2023
Roland
Nom scientifique : Astragalus glycyphyllos L., 1753
Origine du nom : du grec « astragalus », « osselet », soit parce les grappes de fleurs s’emboitent les unes dans les autres comme des vertèbres, soit parce que les graines ressemblent à l’astragale, un os de la cheville. Son nom d’espèce « glycyphyllos» signifie « à feuilles sucrées » en raison de la propriété bien connue d’avoir un goût sucré.
Autres noms communs : Herbe aux dents de chevaux, Fausse réglisse, Réglisse des bois
Noms en dialecte: Süssblatt,
en allemand : Bärenschote auch Süßholz-Tragan
Noms anglais : liquorice milkvetch, wild liquorice
Date de l’observation: le 9 août à Saint-Jean de Saverne (67)
Famille de plantes : les astragales appartiennent à la vaste famille des Fabacées qui comprend 12 000 espèces dans le monde. Les Fabacées sont l’une des premières sources de nourriture pour un très grand nombre de personnes. Le soja, l’arachide, le haricot, le pois, les luzernes, trèfles, la réglisse, le rooibos appartiennent à cette famille.
Le soja contient 20 à 35 % de poids sec en protéine et acides aminés et peut remplacer les protéines d’origine animale comme la viande et le poisson. Les arachides sont un légume de première importance pour l’huile.
Les fabacées sont donc une famille très importante au niveau économique et alimentaire.
De plus la plupart des fabacées servent d’engrais verts. Elles fixent l’azote atmosphérique grâce à leurs racines qui contiennent des bactéries fixatrices d’azote dans de petites nodosités. Ces bactéries sont souvent du genre Bradyrhizobium.
Elles sont donc plantées en alternance avec les céréales et de plus en plus souvent en mélange avec elles.
Le nom de la famille dérive de Faba, la fève. Les Fabacées étaient autrefois dénommées Légumineuses ou encore Papilionacées. Leur nom provenait de la forme de leur fleur. Elle est irrégulière, en forme de papillon à l’exception de celles du groupe des mimosas.
Les astragales forment un genre immense de 2500 espèces dans le monde. C’est le plus vaste genre de plantes à fleurs. Notre flore métropolitaine en compte une vingtaine d’espèces. Il est logique de trouver une très grande variété parmi cette foule d’espèces.
Les astragales se caractérisent par des feuilles souvent velues pourvues de nombreuses folioles et terminées ou non par une foliole (du moins en Europe Centrale). Les tiges des astragales sont souvent couchées et leurs fleurs nombreuses. Le calice présente 5 sépales soudés en cloche dont les dents sont velues à l’intérieur. Distinction subtile, elles ont 10 étamines, dont 9 soudées par les filets et la dixième libre. Les gousses contiennent dans deux loges séparées par une fausse cloison, plusieurs graines en forme de rein.
Les astragales ont des racines symbiotiques colonisées par des bactéries du genre Mezorhizobium. Des analyses génétiques (3) montrent que ces bactéries sont toujours très proches les unes des autres (95 à 99% d’ADNr 16S) ce qui démontre une forte spécificité. Les spécialistes des ADN en déduisent une colonisation de très longue date.
Type : c’est une plante vivace rampante ou en partie ascendante. Sa tige est issue d’une racine pivotante profonde.
Hauteur: de 30 à 100 cm, la tige est presque glabre. A chaque nœud foliaire la tige fait un angle qui lui donne un aspect en zigzags.
Feuillage: les feuilles alternes, de 10 à 20 cm sont découpées en 9 à 13 folioles ovales. Les folioles qui mesurent 20 à 50 mm sont vert vif et glabres sur le dessus. Elles ne sont pas mucronées (pas de petite pointe à l’extrémité). La feuille n’a aucune vrille et se termine par une foliole simple. Elle est dite imparipennée. En goûtant un morceau de ces feuilles on constate qu’il a un goût nettement sucré d’où les noms usuels et scientifiques de cette plante.
Le pétiole de la feuille est entouré à sa base de pièces foliaires, les stipules en pointes effilées.
Répartition selon INPN de l'Astragale à feuilles de Réglisse, Réglisse sauvage (Astragalus glycyphyllos)
Floraison: de juin à septembre
Couleur des fleurs: les fleurs sont petites (10 à12 mm), de couleur jaune pâle. Elles sont groupées en grappes serrées de 8 à 30 fleurs. Elles sont portées par un pédoncule axillaire à une feuille. Il est de taille nettement inférieure à la feuille correspondante. La corolle est constituée de 5 pétales de formes différentes. L’étendard, le plus grand, est dressé au sommet, 2 autres pétales, les ailes sont sur les côtés, et les deux du bas sont en partie soudés comme une coque de bateau. C’est pourquoi on dénomme cette partie la carène. Le style, partie terminale de l’organe femelle, est caché à l’intérieur de la fleur. Les 10 étamines sont soudées par leur partie inférieure (le filet), 9 d’un côté et une de l’autre. Le calice est formé de 5 sépales soudés et glabres terminés par de petites dents.
Pollinisation : Les fleurs sont surtout visitées par les bourdons et les papillons de nuit. Les abeilles peuvent accéder au nectar après le passage des bourdons qui percent la corolle avec leur grosse trompe.
Confusion: pas de risque de confusion dans nos régions. La Fausse réglisse n’a rien à voir avec la vraie, Glycyrrhiza glabra qui a des fleurs rouges et est velue.
Habitat : cette plante a une préférence pour les sols calcaires et pauvres en azote des lieux bien drainés ou secs comme les prairies sèches, les talus, les bords de chemins, les buissons et les lisières forestières. Elle aime les endroits ensoleillés ou un peu d’ombragé. Comme elle produit elle-même de l’azote, elle peut s’implanter sur des terrains pauvres en cet élément chimique.
Cette plante est présente un peu partout en Europe jusqu’à une altitude de 1400 m. mais manque dans le sud .
Fruit : c’est une gousse glabre de 3 à 3.5 cm qui parait coupée en deux. Elle a en fait une fausse cloison. Elle est étroite, droite ou arquée. En se desséchant les graines sont libérées et seront emportées par le vent ou l’eau.
Agriculture : cette plante est utilisée comme fourrage pour les animaux mais aussi pour stabiliser les sols, restaurer les terres et les enrichir en azote. Elle peut utilement enrichir les sols en étant semée en bandes alternées avec des graminées ou d’autres plantes. Ces propriétés sont liées à son système racinaire puissant.
Protection : l’Astragale à feuilles de réglisse est une plante assez fréquente dans une très large partie Est de notre pays. Par contre, elle est quasi absente le long de la façade maritime et en Aquitaine. Cette plante est protégée dans la région Nord-Pas-de-Calais, classée EN, en danger en Bretagne et dans le Limousin.
Elle est « plante déterminante Znieff » dans les Hauts-de-France, l’Aquitaine et la Haute-Normandie.
Utilisation: cette plante était utilisée pour faire des tisanes, mais il n’est pas recommandé de l’utiliser en raison des éléments toxiques contenus dans les feuilles.
Médecine : cette plante servait en médecine traditionnelle à lutter contre les inflammations du système respiratoire, les problèmes digestifs et les rhumatismes.
Propriétés médicales actualisées : cette plante n’apparait pas dans wikiphyto. Ses propriétés médicinales manquent donc de preuves et tests vérifiés.
L’Astragale chinoise, Astragalus membraceus, qui pousse en Chine, Mongolie et Corée est l’une des plantes les plus utilisées dans ces pays depuis des centaines d’années. Elle contient des éléments chimiques qui ont des actions efficaces et prouvées contre les maladies cardiaques, certains types de rhumatismes et cancers (cancer du côlon et du foie) et le diabète. L’article de wikiphyto sur cet astragale chinois est long et documenté.
Nous sommes dans un autre univers avec l’Astragale à feuilles de réglisse. Ce qui est sûr, c'est qu’il n’a pas les propriétés de son cousin chinois.
Des études ont été menées pour en trouver.
Composants : des composés actifs comme des flavonoïdes, des saponines, des coumarines, des tanins ont été trouvés.
Propriétés des composants de la plante :
Une équipe bulgare (1) a testé positivement un extrait purifié des saponines de cet Astragale à feuilles de réglisse sur des cellules tumorales du cancer du sang, LMA, la leucémie myéloïde aiguë.
Une autre équipe (2) a très récemment testé sur des virus résistants aux antiviraux classiques, un extrait de feuilles standardisé contenant des saponines et des flavonoïdes. Les résultats sont prometteurs.
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Texte, photos, bibliographie Roland Gissinger (Anab) ) Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
1/ Antiproliferative and antitumour activity of saponins from Astragalus glycyphyllos on myeloid Graffi tumour- Georgieva 2021