La Callune commune, Callune, Béruée, Bruyère commune (Calluna vulgaris)
Publié le 4 Octobre 2023
Cette Callune commune est présente un peu partout dans notre pays. Comment ne pas la confondre avec la vraie bruyère ?
Roland
Nom scientifique : Calluna vulgaris (L.) Hull, 1808
Origine du nom : Le nom de genre « calluna » vient du grec « kallino », nettoyer car cette plante solide et dense était utilisée pour le nettoyage et de « vulgaris »,commun.
Autres noms communs de cet arbrisseau : Brande, Bucane, Fausse Bruyère, Grosse Brande, Péterolle ou Bruyère callune.
Nom commun dialecte / allemand : Heidekraut, Besenheide….
Nom anglais : common heather, ling, or simply heather…
Date de l’observation: le 26 septembre à Sparsbach (67)
Famille de plantes : les Ericacées, qui englobent les bruyères, les azalées, les cranberries et les myrtilles. Elles sont surtout présentes dans les zones froides et tempérées de l’hémisphère nord. Ces plantes sont basses et constituent souvent des arbrisseaux rampants.
C’est une famille représentée par une centaine de genres, comprenant plus de 4300 espèces. Les fleurs sont en majorité de symétrie axiale et en forme de tube plus ou moins long. Ces plantes développent des réseaux mycorhiziens avec les champignons du sol. Ceci explique leur survie sur des zones très peu riches en éléments nutritifs comme les tourbières ou les sols rocailleux.
La Callune commune se distingue de la Bruyère (Erica) par ses feuilles, 4 en écailles alors que le genre Erica en compte 3 à 4 (ou 5) en forme d’aiguilles.
Les fleurs des « vraies » bruyères ont leurs 4 pétales soudés en petites cloches ou grelots. .
Catégorie: arbrisseau nain très ramifié – durée de vie 40 ans environ
Hauteur: 15 à 80 cm
Tiges et racines: les tiges sont tortueuses et glabres et les racines profondes
Feuilles : ce sont de petites écailles coriaces réunies par 4 et opposées, imbriquées comme des tuiles. Elles sont persistantes et mesurent 1 à 3 mm de long. Pour 0.5 à1 mm de large.
Floraison: d’août à octobre.
Fleurs: de couleur rose, rarement blanches, échancrées et petites, toutes positionnées d’un seul côté de la tige. Leur type est tétramère. Elles ont 4 pétales de 2mm, 4 sépales de 4 mm de forme et couleur voisine des pétales et des petites bractéoles vertes à la base des sépales
Les 8 étamines ont des filets libres et les anthères une forme de corne. Le pistil possède un seul style issu d’un ovaire à 4 carpelles soudés.
Pollinisation : elle se fait par les insectes, bourdons et abeilles. Le nectar est facilement accessible.
Particularité : si les insectes sont absents, les étamines s’allongent et de grandes quantités de pollen sont transportées par les vents qui permettent de finaliser la fécondation des plants. La callune contient une substance, le callunène qui guérit le Bourdon d’un parasite intestinal, un trypanosome Crithidia bombi.
Confusion : cette plante ressemble à la « vraie » bruyère, voir plus haut paragraphe « Famille »
Fruits : ce sont des capsules presque sphériques, velues contenant les très petites graines. La germination des graines est favorisée par la lumière, un stress thermique y compris les incendies.
Habitat: peu former de grands peuplements. La callune est un marqueur de sols pauvres et de leur ’acidité. C’est un indicateur des sols gréseux ou granitiques mais il est possible de la trouver sur des collines calcaires dont le sol est décalcifié. Elle est présente sur les parties ensoleillées des chaumes, des landes, des tourbières, des forêts claires, des moraines, des pâturages maigres, jusqu’à 2500 m. Elle est extrêmement résistante au froid (-30°C) Elle est répandue dans toute l’Europe jusqu’au Grand Nord et jusqu’au début de l’Asie.
Protection : elle est présente un peu partout, mais moins dans le Nord. Elle est classée Znieff dans les régions Haute-Normandie et Hauts-de-France.
Les ZNIEFF , Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ont pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation à partir de listes d’espèces peu courantes ou rares.
Intérêt écologique :
Les moutons et chevreuils broutent la callune qui est une source d’énergie pendant la période de neige. La plante résiste au broutage et même aux incendies. Les larves de certains insectes se nourrissent des parties herbacées comme le Petit paon de nuit, Saturnia pavonia, l’Azuré de l’ajonc, Plebejus argus…
Utilisation alimentaire :
les fleurs de callune attirent les insectes et abeilles car son nectar contient 25% de sucres. Le miel de callune est réputé pour sa viscosité. Les apiculteurs doivent le vendre en rayons ou utiliser une machine spéciale avec un picot mélangeur pour chaque alvéole. Ce miel est dit « thixotrope ». Cela signifie que le gel est rompu par une agitation ou un mélange. Le yaourt est thixotrope et pour le fluidifier il faut le remuer activement avec une cuillère.
Le miel est liquéfié par les micro agitateurs, extrait par l’apiculteur quand il est encore liquide. Il se regélifie ensuite dans les pots.
Avant la vogue du houblon, la callune était utilisée pour aromatiser des bières. Elle servait aussi à colorer la laine en jaune, à tanner le cuir et encore à faire des balais.
Horticulture
très utilisée en horticulture et en décoration de cimetière. Il existe des milliers de cultivars de toutes les couleurs qui restent difficiles à cultiver en milieux calcaires.
Mythe et légende :
La callune était voici très longtemps considérée comme ayant des pouvoirs magiques.
En langage des fleurs la callune est synonyme de solitude.
Utilisation médicinale et toxicité :
Autrefois la callune était utilisée comme antiseptique, antirhumatismal, pour soigner les engelures et comme diurétique.
Wikiphyto confirme en citant les recherches certains usages de cette plante.
Propriétés antiseptiques urinaires voisines de celles de la busserole par ses composants et son activité : l’arbutoside présent mais en quantités bien moindres.
Anti-inflammatoire
Antigoutteuse, antalgique, urico-éliminatrice, facilite l'élimination urinaire d'acide urique
Antioxydant
Propriétés photoprotectrices vis-à-vis des rayons UVB en application sur la peau. Cet effet photo-protecteur serait dû à un pouvoir antioxydant et une inhibition d’une enzyme, la caspase
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
1/Understanding effects of floral products on bee parasites: Mechanisms, synergism, and ecological complexity Fitch ap2022