Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)

Publié le 29 Octobre 2023

Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)
Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)
Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)

Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)

Quelle joie ce fut que de constater un nid de ce grand rapace dans notre région après sa disparition en 1902 et plus d’un siècle d’absence (jusqu’en 2008). Il est encore en très faibles effectifs et son installation reste donc fragile.
Roland


Nom scientifique : Pandion haliaetus Linnaeus, 1758)

Origine du  nom : vient de la mythologie grecque  « Pandion",  roi d’Athènes dont les enfants furent changés en oiseaux : hirondelle et rossignol. Le mot, « halietus » dérive du grec ancien, « hals », le sel, la mer et « aelos », l’aigle. Petite erreur au départ puisque ce Balbuzard pêcheur est d’abord un rapace d’eau douce.
Autres noms : Aigle Pêcheur, Balbuzard Fluviatile

Nom allemand : Fischadler

Nom anglais : Osprey

Observation: Canal des houillères (67).


Famille : celle des Pandionidae qui ne comprend que deux espèces. La Balbuzard d’Australie a été classé comme une espèce différente.  Cette famille  a été créée car le Balbuzard pêcheur posait des énigmes aux ornithologues. Il se différencie à la fois des aigles pêcheurs marins, les pygargues, et des aigles terrestres, comme l’Aigle royal, mais aussi des faucons où il était classé précédemment.
Les paléontologues ont trouvé et identifié d’autres espèces disparues de Pandion dans des sédiments  datant de  30 millions d’années.
Des analyses génétiques récentes de l’ADN des sous-espèces, Caraïbes, Amérique du Nord, Java… justifieraient  un classement en espèces suite à des écarts de 2 à 4% de leur ADN.


Dimensions et poids :
La taille des mâles est d’environ   50 à 65 cm, 130 à 160 cm d’envergure Leur poids est de 1,1 à 1.7 kg.
La différence de taille et de poids entre mâles et femelles est plus faible que chez d’autres espèces..
Les femelles (de couleur plus sombre) ont une taille  souvent supérieure et leur poids varie de  1.2 à 2 kg.


Longévité : elle est en moyenne de 7 à 10  ans et peut atteindre 25 ans. La mortalité est élevée chez les jeunes (35 % la première année).


Description : c’est un grand rapace mais qui n’atteint cependant pas la taille des aigles et vautours. Il se remarque par sa tête et son dessous blanc. Les yeux jaunes sont barrés par une tache sombre. Le reste du corps est marqué de taches blanches sur un ensemble gris. Le dessus de l’oiseau est brillant, de couleur brun foncé, et les extrémités des ailes sont digitées et caractéristiques. Les ailes sont arquées.
La femelle porte une large bande brune plus large et foncée que celle du mâle. A part cela elle se distingue difficilement.
Le Balbuzard possède de solides serres noires aux griffes longues, pointues et fortement recourbées. Elles forment une pince très efficace, avec deux doigts à l’avant et deux à l’arrière et un doigt réversible. Le dessous des pattes est muni de coussinets rendus rugueux par des écailles orientées en sens inverse de la prise. Il permet de bien accrocher les poissons, des proies lisses et gluantes.

 

Chant :   écoutez son cri typique d’un rapace, à notes brèves, kiou kiou kiou.

Pêche Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)
Pêche Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)
Pêche Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)
Pêche Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)
Pêche Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)
Pêche Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)

Pêche Le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)

Répartion mondiale du Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)

Répartion mondiale du Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)

Vol et chasse : Il chasse dans un rayon de  3 à 5 km de son nid. Son vol est lent et majestueux  avec des manœuvres rapides pour la chasse.

Habitat: il est présent dans  les lieux où il trouve sa nourriture (lacs, canaux, cours d’eau lents) et des zones abritées pour se nicher, forêt, parois rocheuses.
Il est peu présent en Europe où il a été pourchassé pendant des siècles sauf en Scandinavie, pays qui regorgent de lacs et de forêts.
.

Nourriture : son régime est piscivore à 99%. Il se nourrit en plongeant de 10 à 50 m de hauteur et en frappant avec ses serres une proie sous la surface de l’eau. Les observateurs ont remarqué qu’il transporte sa proie tête en avant et non de travers pour gagner de l’aérodynamisme. La forme en fente de ses narines qui se ferment quand il plonge, évite que l’eau n’y pénètre. Son plumage huileux et dense limite l’absorption d’eau. De plus, après chaque plongeon, le Balbuzard secoue vigoureusement ses ailes afin d’évacuer le maximum de gouttes d’eau. Il attrape les tanches, carpes, goujons…Ces poissons  pèsent typiquement 100 à 300 grammes et sont présents dans les étangs, lacs, canaux et estuaires. Il peut attraper des poissons de 2 kg et plus. Quelquefois, il attrape des grenouilles, petits mammifères ou petits oiseaux affaiblis.

Reproduction : Le couple est formé pour la vie. Les accouplements peuvent être retardés dans certaines zones très occupées et où toutes les places favorables pour les nids sont occupées, comme dans la baie de Chesapeake aux USA.
Le Balbuzard construit le nid dans une fourche d’un grand arbre ou sur une vire rocheuse. Le plus souvent il est  réutilisé par plusieurs générations - jusqu’à 70 ans de suite- le même nid ou le renouvèle. Ce nid mesure jusqu’à 2 m de diamètre, et peu peser 130 kg. Il est fait de branchages solides, de branches mortes. Le centre est rendu plus confortable par des herbes et de fines brindilles.

 Fin mars, la femelle pond 2 à 4 œufs, rarement plus. Elle les couve pendant 40  jours environ. Pendant ce temps, le mâle s’occupe de lui apporter la nourriture. Les petits sont couverts d’un plumage blanc et laineux comme des jouets en peluche.
 Les jeunes peuvent voler après 7 à 8 semaines et sont autonomes après deux  semaines supplémentaires. Ils atteignent leur maturité sexuelle vers trois ans.

Migration : les individus européens migrent à la fin août et au plus tard mi-novembre vers les zones plus chaudes, vers  l’Afrique au sud du Sahara. Il en est de même pour ceux des autres continents. Ils reviendront fin mars. A noter qu’étant donné la puissance de l’oiseau celui-ci ne dépend pas des courants thermiques pour se déplacer. Il peut traverser de part en part toutes les régions de migration sans former de cortèges comme d ‘autres espèces qui ont des points de passages obligatoires comme Gibraltar. La distance de migration est de 260 km par jour et des maxima de 430 km /jour ont été observés.

Confusion possible :
oui avec d’autres rapaces  mais son lieu de vie et la forme des ailes permettent de l’identifier.

Protection et prédateurs : 
Cet oiseau a failli disparaitre  après la dernière guerre car pourchassé pour des croyances obsolètes. Les insecticides de début et d’après la dernière guerre, les organochlorés comme le trop fameux DDT ont rendu leurs coquilles très fragiles, rendant l’incubation à terme impossible ou presque. Ces pesticides utilisés pour prévenir l’attaque des semences et plantes par les ravageurs se sont transmis dans la chaîne alimentaire pour se concentrer chez les rapaces à l'extrémité de cette chaîne.

La population actuelle en Europe s’est reconstituée. Elle est estimée  entre 8000 et 10 000 couples dont 3500 pour la Suède, 1000 pour la Finlande 2000 à 4000 pour la Russie. Les populations des autres pays se comptent par conséquent sur les doigts d’une main ou par quelques dizaines ou un peu plus d’une centaine d’individus.
Cet oiseau est classé en protection complète par la loi dans toute l’Europe  par la Convention de Berne et au niveau mondial par la Convention de Washington .


Aux États-Unis le Balbuzard pêcheur subit  la prédation du Pygargue à tête blanche et d’autres très grands rapaces. Il peut s’attaquer aux petits mais aussi aux adultes. Le problème le plus fréquent aux États-Unis est le cleptoparasitisme par le  Pygargue. Ce dernier vole les proies que le Balbuzard a durement chassées.


Article illustré par notre talentueux collègue photographe naturaliste, Claudy Stenger. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)


Texte  Roland Gissinger (Anab) synthèse de sites internet et livres, relecture Bernard Weinzaepflen

 

Bibliographie :  
Bel article très complet sur Wikipedia
https://www.lalsace.fr/culture-loisirs/2020/11/17/une-nichee-de-balbuzards-pecheurs-reperee-en-alsace
Tout savoir sur la localisation des balbuzards aux Etats-Unis ospreywatch

Rédigé par ANAB

Publié dans #Oiseaux, #Biodiversité de notre région

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
T
Merci pour cet article très instructif. Les photos sont un régal, d'autant plus que ce visiteur a été absent pendant plus d'un siècle. Il est rassurant de savoir que l'on tient à distance les photographes amateurs non naturalistes dont le manque de sensibilité cause des dégâts un peu partout dans le monde.<br /> On se réjouit des superbes photos et du fait que Claudy Stenger ait été aux premières loges. <br /> Merci!
Répondre
A
Merci beaucoup Toll de ton commentaire étoffé et sensible. <br /> Roland
J
Magnifiques images ainsi qu’un texte qui en apprend beaucoup.
Répondre
J
Oui c’est spectaculaire, il a le savoir faire au top
A
Merci Jpl de ton commentaire.<br /> Incroyable ce Claudy qui arrive à faire des images aussi nettes de ce bel oiseau<br /> Roland
B
Belles photos. Quelle chance d'avoir pu phtographier cet oiseau très rare dans notre région.
Répondre
A
Merci Bernard. Peut-être auras-tu la chance de le voir près de chez toi le long des rivières ou retenues d'eau.<br /> Roland