Le Caquillier maritime, Cakilier, Roquette de mer (Cakile maritima)

Publié le 29 Novembre 2023

Le Caquillier maritime, Cakilier, Roquette de mer (Cakile maritima)
Le Caquillier maritime, Cakilier, Roquette de mer (Cakile maritima)
Le Caquillier maritime, Cakilier, Roquette de mer (Cakile maritima)
Le Caquillier maritime, Cakilier, Roquette de mer (Cakile maritima)

Le Caquillier maritime, Cakilier, Roquette de mer (Cakile maritima)

Ce Cakilier maritime fait partie du paysage familier de bord de mer. Il constitue un petit groupe de plantes qui  partage le même espace entre mer et dunes. avec la Crambe maritime, le Panicaut maritime, le Pourpier  de mer, les salicornes, l’Oyat de sables et quelques autres  
Ces plantes sont étudiées de près par les agronomes avec le progressif envahissement des terres. Elles contiennent des solutions pour diminuer l’impact du changement climatique.
Roland


Nom scientifique : Cakile maritima Scop., 1772

Origine du nom : del’arabe « kakeleh », la cardamone et du latin   « maritima», signifiant « marin, maritime ».

Autres noms communs français :

Nom allemand,: Europäischer Meersenf

Noms anglais : sea rocket, European searocket

Date et lieu  de l’observation : vue en fleurs le 16 juillet à Ile Grande   (Côtes d'Armor)

Famille de plantes: celle des Brassicacées ( la Cardamine des prés , la Capselle bourse-à-pasteur, l’Alliaire officinalela Cardamine hérissée, la Moutarde des champs, le Passerage champêtre, le Radis sauvage, le Tabouret perfolié  et des comestibles comme les choux,  le colza, moutardes ).

Cette famille est homogène. Les caractères de base  sont pour la  plupart des genres européens :
 symétrie d’ordre 4 et bilatérale. Les 4 pétales et 4 sépales sont libres et protègent les 6 étamines, 4 petites et 2  grandes.
Les fruits sont  très variés, de la forme d’un petit haricot à une pièce de monnaie ou une petite bourse. La clé de reconnaissance des espèces repose en grande partie sur l’aspect des fruits de « très allongé » à « circulaire » et à leur segmentation interne.


Catégorie : plante glabre, annuelle, halo-nitrophile du bord de mer et plus précisément du  haut de plage. Elle pousse en touffes.

Hauteur : 15 à 40 cm de haut.

Tige: anguleuse, ramifiée dès le bas, droite ou prostrée. Elle est charnue puis ligneuse et émane d’une racine en pivot qui peut atteindre 40cm

Feuilles : alternes, brillantes et charnues de couleur verte à bleu-vert. De nombreuses plantes situées sur cette partie de la plage comme ce caquillier, sont succulentes. Cette faculté préserve de l’eau dans leurs  tissus et améliore leur résistante à la présence de sel . Les feuilles sont courtes, 3 à 6 cm de long. Les feuilles de la partie inférieure sont divisées, sinuées et dentées. Les feuilles du haut sont sans pétiole, avec des folioles ovales.

 

Floraison : avril à octobre selon la latitude

Fleurs : elles sont parfumées, de couleur rose lilas à blanc assez grandes, de 20 à 25 mm . Elles sont groupées en racèmes de 10 à 20 fleurs. Les fleurs du caquillier ont 4 pétales dressés munis d’un onglet long, 4 sépales verts de 3 à 7 mm à base enflée. Les 6 étamines jaunes sont typiques des brassicacées qui en ont en principe, 4 grandes et 2 petites. Le pistil formé de 2 carpelles soudés est sans  style.

Pollinisation
La pollinisation est en général allogame. De nombreux insectes, abeilles et syrphes visitent cette fleur et permettent une fécondation croisée. LA défaut, la plante peut aussi s’autopolliniser, sans échange avec d’autres fleurs de la même espèce.


Fruits :
Photo Mohsen mesgaran

 

Ce sont des siliques de  2  cm environ séparées en deux par une fausse cloison. Elles sont portées par un court pédicelle La forme de la silique est tout à fait originale : elle semble sculptée et est divisée en deux parties. La partie supérieure se casse facilement et est dénommée, « poignard » en raison de sa forme. La partie inférieure avec deux cornes est appelée «manche de poignard » car ces cornes  ressemblent aux  gardes d’un poignard. Chaque partie renferme une seule graine. Chaque fleur porte 10 à 70 fruits.  La dissémination des graines est assurée par le vent (anémochorie) et les eaux de mer (hydrochorie). La partie supérieure, le poignard, se plante souvent sur place ce qui indique une évolution pour conserver la plante sur place. La seconde partie peut flotter pendant plusieurs mois. Une dispersion des graines par les vagues sur une distance de 100 km a été prouvée en Norvège. 
Cette dispersion est une des raisons du succès de ce Cakile maritime. Elle favorise le mélange génétique des populations et son hybridation avec des espèces voisines. Le cas observé et celui des pays nouvellement colonisés. Cakile maritima s’est hybridé  avec son « cousin » Cakyle edentula en Amérique du Nord et Océanie ce qui a démultiplié la rapidité de son implantation.
La germination des graines est favorisée par une  taille plus grande des graines et l’imprégnation avec du sel.



Habitat : cette plante est dispersée sur les sols riches en nitrates et sel en bord de mer.
Elle est présente le long du littoral atlantique jusqu’à la mer Baltique, autour de la Méditerranée et de la mer Noire. EIle a été introduite dans de nombreuses régions du Monde, Asie, Amérique du Nord…

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Confusion possible : peu probable avec ses feuilles coriaces, son milieu marin de bord de mer et son fruit unique.

Statut et réglementation: présente le long du littoral Atlantique et méditerranéen.  Elle est menacée en Picardie (classée VU vulnérable) et en Haute-Normandie (classée EN en danger).
Sa rareté est attestée par son classement Znieff dans 3  régions à ce jour : Haute-Normandie,  Hauts-de-France,  Nouvelle-Aquitaine.


Écologie : le Caquillier maritime est un aliment essentiel du papillon nocturne, la Noctuelle ou Dard des sables , Agrotis ripae, présent en mer du Nord et en danger critique d’extinction. Il est l’hôte exclusif d’une jolie petite punaise, la Punaise du cakile, Eurydema herbacea.

C’est une plante très efficace pour fixer les dunes de sable. Il est donc de toute première importance de maintenir ses populations et de les développer.
Avec le réchauffement climatique de nombreux espaces cultivables vont être envahis par la mer de manière  temporaire ou non. Il est de première urgence de se préparer à dessaler les terres avec des plantes et à cultiver des plantes résistantes au sel. Ces plantes sauvages résistantes au sel ou halophiles servent de modèle et de ressource génétique. Elles permettent de comprendre les mécanismes de séparation du sel dans les tissus de la plante, d’excrétion du sel, de résistance aux stress. Les chercheurs (4)  ont identifié les portions de gènes contenant les informations de résistance au stress provoqué par le sel chez différentes plantes.
Certains chercheurs ont déjà cloné d’autres plantes avec les gènes de résistance au sel (3).


Usage alimentaire : elle est très peu consommée. La racine a un goût piquant et est charnue mais souvent très fibreuse. Les feuilles  sont  mangées crues en salade (ou alors cuites si plus âgées), dans des potages ou en légumes. Elles sont salées, amères et piquantes ce qui est rarement apprécié. Elle peut être utilisée à faible dose comme épice. Les racines séchées servaient à compléter ou augmenter le volume de la farine de blé et faire du pain. La plante est riche en vitamine C et a été utilisée comme antiscorbutique.

Usage médicinal :

Il n’existe pas d’indication médicale prouvée pour cette plante sur wikiphyto

Les processus d’inflammation dans le corps humain sont liés au stress oxydatif. Ils provoquent des cancers, diabète, maladie à coronavirus, vieillissement de la peau, lésion des tissus. Ce stress oxydatif découle de la présence dans l’organisme de radicaux libres ou oxydants de formes chimiques diverses. Ils sont apportés par l’alimentation, la pollution mais peuvent aussi être générés par notre organisme quand nous sommes soumis à un stress psychique ou physique.
La recherche pour trouver de nouvelles substances naturelles anti radicaux libres est donc en pleine expansion.

Il est connu par ailleurs que les espèces de la  famille des brassicacées contiennent des composants anticancéreux.
Ce n’est pas l’une ou l’autre molécule qui est bénéfique mais le cocktail qui comprend des stérols, caroténoïdes, triglycérides insaturés et acides gras essentiels.
C’est le cas pour ce Cakile maritime qui a montré (1) des propriétés anti prolifératives en particulier vis-à-vis des cellules impliquées dans le cancer de la moelle osseuse mais aussi antioxydantes, anti-inflammatoires, pour des extraits de plante entière et anti bactériennes pour les extraits de graines.


Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.

Texte,  photos, bibliographie  Roland Gissinger


Les brassicacées  ont un potentiel important en médecine en raison de leur composition en glucosinolates et autres antioxydants: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/13129476?dopt=Abstract
Isothiocyanates et action anticancéreuse : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4002831/
http://www.wikiphyto.org/wiki/Isothiocyanates
Thèse soutenue à Strasbourg sur la Recherche d'isothiocyanates à intérêts fonctionnel et technologique chez les Brassicacées

Rédigé par ANAB

Publié dans #Fleurs roses, #Biodiversité hors région

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B
Pas de mail non plus.
Répondre
T
Merci pour cet article intéressant. Aujourd'hui il a fallu aller le chercher sur Internet.
Répondre
R
= comme tout de suite
R
une mauvaise manœuvre en voulant vous envoyer la newsletter (cœur tout de suite) 😲
R
Merci Toll d'avoir apprécié cet article sur le cakyle.<br /> <br /> Pour la publication, j'ai sans doute fait