Enquête mycologique, Clitocybe moisi, Clitocybe vibecina
Publié le 23 Décembre 2023
Identifier un champignon n’est pas chose aisée au premier abord et c’est pourtant une démarche essentielle pour éviter toute fâcheuse méprise qui peut devenir fatale si on consomme un champignon toxique ou mortel. L’enquêteur de la brigade d’identification des champignons apprécie tout particulièrement d’arpenter les forêts pour recenser tous les gangs fongiques qui s’y trouvent.
Scène du crime
Nous sommes le 14 décembre 2023, sous épicéas, dans le jardin d’un particulier à Wittring (57)
Arme du crime
Le champignon agglomère de nombreuses aiguilles d’épicéas à la base de son pied. Nul doute qu’il s’agit d’un champignon saprotrophe
Profil du suspect
La première observation à faire est qu’il s’agit d’un champignon grégaire, qui pousse en touffe. Le biotope est particulier aussi : sous conifères. Le sol est d’assise calcaire et fumé. C’est un champignon de petite taille, 5 cm de diamètre pour le chapeau. Les lames sont décurrentes. Avec cette morphologie, on peut supposer un membre du groupe des clitocybes.
Le chapeau est creusé au centre, hygrophane, légèrement strié au bord. Le pied est couvert par une pruine blanchâtre. Il convient de rester prudent avec la couleur : ça fait depuis plusieurs jours qu’il peut et les couleurs peuvent être lessivées.
A noter aussi que c’est un champignon tardif, qui est apparu après une période de gelée.
L’odeur et la saveur évoque de la farine rance
La police scientifique
Les spores sont elliptiques, 5,5-7 x 3-4 microns
Tous ces éléments suggèrent que le champignon récolté est le Clitocybe moisi, Clitocybe vibecina (Fr.) Quél.
Statut selon l’INPN : Classé en Préoccupation Mineure (LC) sur la Liste rouge des champignons menacés d’Alsace
Comestibilité : non comestible
La conclusion de l’enquêteur
Appelé aussi Clitocybe tardif vu qu’il apparaît tardivement en saison, c’est une espèce peu fréquente qui vient sous conifères.
Pour aller plus loin.
Champignons, ce qu’il faut savoir en mycologie. Guillaume Eyssartier, éditions Belin, 2018
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)