Violette des champs, Pensée des champs (Viola arvensis)
Publié le 17 Décembre 2023
Cette Pensée des champs ’est une plante que tout le monde a déjà vue. Elle reste très discrète tant ses fleurs sont petites et de couleur camouflée.
Elle fait partie de la famille des violettes.
Roland
Famille de plantes : Violacées, celle des violettes, des pensées (genre viola aussi), des noisettes (attention ce genre Noisettia qui n’a rien de commun avec notre Noisetier commun genre Corylus).
C’est une famille homogène qui comprend 1000 espèces de par le monde réparties en une vingtaine de genres.
Caractéristiques communes : elles ont une symétrie 5: 5 sépales libres, 5 pétales, 5 étamines mais seulement 3 carpelles soudés.
L’un des pétales est muni d’un éperon. Les pensées ont 4 pétales redressés, les violettes 2 seulement.
Origine du nom : «viola» vient du nom ancien en latin de cette fleur et « arvensis » signifier le champ en latin
Noms communs : Pensée sauvage
Nom scientifique Viola arvensis Murray, 1770
Nom allemand/ dialecte : Veilchen ,Acker-Stiefmütterchen oder Feld-Stiefmütterchen
Nom anglais : field pansy.
Date de l’observation : vue le 8 juin à Reyerswiller (57)
Catégorie : plante annuelle rarement bisannuelle
Port : bas, plante ramifiée à tige anguleuse et glabrescente, sans stolons mais avec des racines qui peuvent descendre à 45 cm de profondeur.
Hauteur : 10 à 20 cm
Feuilles : étroites, lancéolées et au limbe marqué de 5 dents- en général- sur chaque côté. Le pétiole des feuilles de base mesure 10 à 20 mm et le limbe a souvent la même longueur mais peut atteindre 6 cm. Comme chez d’autres plantes à fleurs, les feuilles du haut sont sessiles. Les stipules, ces petites feuilles situées à la base des feuilles habituelles ressemblent aux feuilles mais sont plus découpées, leurs dents sont lobées.
Floraison : juillet à août et jusqu’en octobre selon les régions
Fleurs : corolle très petite de 1 à 1.5 cm jaune et jaune pâle et souvent bicolore, avec des taches violet sur les 2 pétales supérieurs. Les pensées se distinguent des violettes par le fait qu’elles ont 4 pétales dressés et un pétale dirigé vers le bas. Les violettes ont 2 pétales dressés et 3 pointés vers le bas.
La fleur est posée sur un long pédoncule muni de deux petites écailles. La corolle est à peine plus longue que le calice. Il est formé de 5 sépales lancéolés avec à la base une forme circulaire dentée appelée appendice de 1 à 4 mm.
La fleur comprend un éperon comme les violettes. Il est très court, seulement 1 à 4 mm. Si on regarde de près la fleur, les 5 étamines sont courtes avec des anthères (sacs polliniques) ciliées. Le style est sphérique.
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Pollinisation : cette Pensée des champs est pollinisée par les insectes, des hyménoptères, abeilles en particulier.
Un nectar abondant secrété dans l’éperon sert d’appât.
Cette fleur est capable d’autofécondation mais n’a pas de fleurs cachées, dites cléistogames comme certaines violettes.
Plusieurs études (2) et en particulier celle très récente du français Pierre-Olivier Cheptou (1) démontre les effets du changements climatiques sur cette Pensée des champs.
Le processus d’auto fécondation devient plus important depuis une trentaine d’années. La taille des pétales a diminué (de 16 mm à 14.5 mm en hauteur) . La date de floraison est plus précoce et la longueur de la période de floraison a été raccourcie, de 5.7 à 5.3 jours. Pour leur survie, la période de floraison doit correspondre à celle d’émergence des insectes qui la consomment ou qui en profitent. La fécondation croisée par les insectes a forcément diminué ce qui peut aboutir à une dégradation du patrimoine génétique et à de la consanguinité. La conséquence est déjà une diminution et à terme une rupture du lien d’alimentation de cette fleur avec les insectes commensaux. Ce lien existe depuis des millions d’années et ce changement est donc un impact majeur. Il peut se terminer par la disparition des insectes ou de la fleur elle-même incapable de trouver en elles ressources génétiques pour s’adapter. Cheptou relève la rapidité de ces modifications d’aspect et de cycle chez cette plante sous la pression du changement climatique. Il se demande si d’autres plantes subissent les mêmes effets.
Fruits : c’est une capsule glabre, trigone, pointue de 5 à 10 mm. A maturité la capsule s’ouvre en 3 et les (27 à 75) graines sont éjectées à distance. Elles sont garnies d'une excroissance appelée éléosome. Compliqué comme nom ! Cet éléosome ou élaïosome est riche en protéines et attire les fourmis. Elles transportent ces graines pour manger ces friandises et dispersent les graines. C’est de fait un stratagème développé par la plante, une récompense aux fourmis pour faciliter cette dispersion des graines.
Cette petite pensée est très productive. Elle peut développer jusqu’à 1600 fleurs avec un seul plant soit près de 100 000 graines.
L’inconvénient qui en résulte au niveau agricole explique les nombreuses études des effets des pesticides sur cette plante. Une étude (3) sans utilisation de produits chimiques a été conduite pour voir quels seraient les carabes prédateurs à privilégier pour consommer ces graines et limiter son expansion dans certaines régions.
Habitat : fleur des endroits secs, terre battue, bords des cultures et des champs comme son nom l’indique. Plante d’origine européenne et d’Asie que l’on retrouve à présent en Amérique du Nord
Confusion possible : oui, avec les autres pensées tricolores comme celles de de montagne qui font partie du même groupe. En général leurs fleurs sont bien plus grandes.
Protection :
Cette Violette des champs est commune partout sauf dans le Sud-Ouest et la région Midi-Pyrénées où elle est classée ZNIEFF.
Usage alimentaire:
les violettes sont souvent utilisées comme décor en cuisine sur les gâteaux et entremets, confites ou non. Les feuilles peuvent être ajoutées crues à la salade verte quand elles sont jeunes, ou aux légumes si elles sont plus vieilles.
Elles sont riches en vitamines A et C, contiennent des sels minéraux, mucilages (substances visqueuses qui ont un pouvoir adoucissant) et des saponines dans leurs racines. Les saponines augmentent les sécrétions du mucus bronchique et fluidifient les sécrétions, les mucosités grâce à leur effet tensioactif.
Usage médicinal :
En médecine traditionnelle elle servait à combattre les maladies de peau et les maux de gorge.
Extraits copiés de wikiphyto
Composants principaux
- mucilages (10%) qui sont des polymères de sucres simples comme le glucose, le galactose…
- acides phénoloqies e, plus du violutoside contient de l’acide salicylique, de l’aspirine (0.06 à 0.3 %) qui peut soulager les maux de tête.
- flavonoïdes, rutosides, violanthine
saponosides
-coumarines
- cyclotide : cette Pensée des champs contient des peptides, des petites protéines constituées de 28 à 37 acides aminés très réactives, dénommées cyclotides . La cycloviolacin a montré de bonnes propriétés anti tumorales et pourrait devenir un médicament pour le cancer.
Cette substance a sans doute dans la plante un rôle d’insecticide naturel pour la défendre contre les chenilles des insectes.
Propriétés médicinales :
adjuvant en dermatologie, anti-inflammatoire, diminue la douleur et l'inflammation induites par la brûlure des UV-B
Activité sur un modèle expérimental d’eczéma chez le rat
Antimicrobien, antibactérien, antifongique, antipaludéen, antihypertenseur, antidyslipidémique, antalgique, antipyrétique, anti-inflammatoire, diurétique, anthelmintique, antiasthmatique, antioxydant, anticancer, anti-HIV
Diurétique
"Dépuratif", “purifiant”
Anti-oxydant (flavonoïdes, rutine)
Sédatif et inducteur du sommeil
Expectorant
Langage des fleurs
La Pensée est l’emblème du souvenir et de l’amour. Ce mot « pensée » est spécifique à la France.
En Allemagne, son nom Stiefmütterchen, serait relié à une famille, avec les deux belles filles en haut, les filles au milieu et la mère en bas.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)
Voir la bibliographie utilisée dans notre rubrique répertoire- index des plantes
1/ Rapid evolution of selfing syndrome traits in Viola arvensis revealed by resurrection ecology- Inrae Po Cheptou – 2022
et journal of botany Cheptou 2022
2/ Phenological development of natural populations of European field pansy (<scp><i>Viola arvensis</i></scp>) in a semi‐arid Mediterranean environment- Damalas – 1984
3/ The consumption pattern of 28 species of carabid beetles (Carabidae) to a weed seed,<i>Viola arvensis- Evans 2018
4/ Key carabid species drive spring weed seed predation of Viola arvensis Inrae Carbonne – 2020