La Centaurée rude (Centaurea aspera)
Publié le 7 Janvier 2024
Il existe de nombreuses centaurées comme la Centaurée jacée très commune partout. Cette Centaurée rude a bien l’aspect d’une centaurée mais possède aussi des épines, autour des fleurs, attributs typiques des plantes de friches et pays secs.
Roland
Nom scientifique : Centaurea aspera L., 1753
Origine du nom : vient du grec « kentaureia » l’herbe découverte par le Centaure (mi homme, mi cheval) Chiron de la mythologie grecque. Chiron était réputé pour avoir de très grandes connaissances en sciences, et en avoir fait profiter de nombreux héros dont Achille en particulier. Son nom d’espèce « aspera » signifie rude en latin.
Noms communs dialecte / allemand : Raue Flockenblume
Noms anglais : Rough Star-thistle
Date de l’observation : le 7 juillet à Dignes (04)
Famille de plantes : celles des Astéracées (anciennement Composées) qui comprend la marguerite, le bleuet, le pissenlit, les centaurées. Cette famille de plantes est particulière car la fleur est en fait un ensemble de fleurs réunies en une tête serrée, on dit un capitule. C’est une famille de plantes très évoluée. Elle se signale aux insectes comme une grande et seule fleur. L’insecte visite plusieurs fleurs sur chaque capitule et plusieurs capitules. Les fleurs sont souvent munies d’aigrettes ou parachutes que le vent transporte au loin. Le nombre de fleurs et les aigrettes donnent de grandes facultés de dissémination. L’occupation des sols par ces plantes est plus rapide que par la plupart des autres plantes. C’est pourquoi de nombreuses astéracées, d’origine exotique sont invasives.
Particularité des centaurées: ce sont des astéracées vivaces ou annuelles de la tribu des cardueae, qui contient les chardons bien connus. Les centaurées ont des fleurs tubulées de couleur rose à violet mais certaines sont jaunes comme la Centaurée du solstice Centaurea solstitialis. Les centaurées bleues comme le Bleuet ou la Centaurée des montagnes, Cyanus montana souvent utilisée comme plante décorative dans les jardins, ont été déplacées dans un nouveau genre, Cyanus.
La tige est souvent ramifiée. Les fleurs ont 5 pétales soudés à la base en tube. Les capitules sont entourés de très petites feuilles de protection appelées bractées. La forme de ces bractées et leur découpe permet de distinguer les espèces. Les akènes sans bec, portent une excroissance ou élaïosome friandise destinées aux fourmis qui facilitent ainsi la dispersion des graines. Ils sont terminés par un parachute.
Catégorie : plante moyenne rampante à fleurs en tube
Hauteur: 5 à 30 cm et plus de 60 cm couchée
Tiges et racines: plante à tige duveteuse et cannelée
Feuilles:
Elles sont rudes et découpées en nombreuses folioles terminées ou non par une pointe épineuse. Les feuilles du haut sont lancéolées. Contrairement à d’autres centaurées les feuilles ne sont pas décurrentes : elles ne se prolongent pas le long de la tige.
Fleurs: les fleurs en tube à 5 pétales soudés à la base sont groupées en capitules solitaires de 2 à 3 cm de couleur variable de rose très clair à violet.
Les fleurs de la périphérie sont plus ouvertes.
Les capitules sont entourés de petites feuilles (ou bractées) formant un involucre d’environ 1,5 cm. Ces bractées sont terminées par un appendice brun foncé non pectiné. Il se prolonge par 3 à 5 épines caractéristiques de cette espèce.
L’épine du milieu mesure moins de 0.6 mm pour la sous-espèce Centaurea aspera susbs aspera aux petits capitules (involucre de moins de 15 mm) et de 0.6 à 1.3 mm pour l’espèce Centaurea aspera subsp. pseudosphaerocephala aux capitules plus grands, présente sur le littoral. Bien sûr, la mesure des épines et l’identification des deux espèces sont affaires de spécialistes…
Pollinisation : cette plante attire des insectes pollinisateurs comme les bourdons, les syrphes, les papillons et les coléoptères mais est aussi capable d’autofécondation
Confusion : possible avec une autre centaurée épineuse, Centaurea spharocephala qui a 5 à 7 épines par bractée.
Fruits : ce sont des akènes pubescents, cylindriques sans côtes et sans bec. Ils ont un parachute (ou aigrette) blanchâtre de moins de 2 mm. Leur dissémination est faite par le vent et les animaux.
Habitat: c’est une plante qui aime les terrains secs et ensoleillés, pauvres en humus comme les terrains sableux et les friches. Cette plante est dite psammophile (psammos en grec = le sable). Elle est présente sur ce type de terrains dans la moitié sud de notre pays autour de la Méditerranée, le long de la vallée du Rhône et sur la façade Atlantique et vallée de la Garonne. Elle reste localisée en France, Espagne, Portugal, et Italie.
Il existe des rare localisations dans d’autres lieux.
Avec le changement climatique en cours il est possible qu’elle remonte vers le nord.
Statut de protection : cette plante n’est pas rare dans ses habitats. Elle est classée « déterminant Znieff » en Champagne-Ardenne.
Usage alimentaire :
pas d’usage alimentaire trouvé à part une infusion qui est amère.
Usage médicinal:
Cette plante est absente du site de référence wikiphyto et donc sans effet médical prouvé.
Certaines centaurées sont utilisées en médecine traditionnelle depuis très longtemps comme la Centaurée chausse-trappe, Centaurea calcitrapa. Celle-ci est reconnue pour ses effets contre la fièvre et les maladies infectieuses.
Faute de recherches et en raison de sa faible répartition la Centaurée rude n’est pas connue pour des effets médicaux et a été peu étudiée.
Les effets antidiabétiques des centaurées sont connus depuis longtemps. Une revue bibliographique de ces effets a été publiée récemment par des chercheurs (3). L’étude concerne de très nombreuses centaurées ce qui indique des effets positifs de ces plantes. Masso avait observé les effets d’extraits aqueux de Centaurée rude chez les rats et souris, voici déjà longtemps (2). Cardona (1) a trouvé nombreuses molécules bioactives dans cette plante : une coumarine, 4 flavones, 7 lactones sesquiterpènes ainsi que des flavonoïdes.
Il resterait à étudier et prouver les effets de chaque composant.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)- Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
1/Sesquiterpene lactones and flavonoids from Centaurea aspera- Cardonna 1991
2/ Hypoglycaemic activity of centaurea aspera Masso 1976
3/ A Review on Antidiabetic Activity of Centaurea spp.: A New Approach for Developing Herbal Remedies Fattaheian 2021