Adonis de printemps, Adonis printanier, Grand œil-de-bœuf, Œil-de-bœuf (Adonis vernalis)
Publié le 25 Février 2024
Adonis printanier, Grand œil-de-bœuf, Œil-de-bœuf (Adonis vernalis) - Photos : Bernard Weinzaepflen (Anab)
Cet adonis est une fleur très rare. Sa découverte en Alsace remonte à 1777 ! Des études ont montré une consanguinité entre les différentes stations françaises de cet Adonis du printemps. Celles-ci sont pourtant éloignées de plusieurs centaines de km. Des mesures de sauvegarde sont nécessaires sur les sites pour préserver cette plante aux capacités d’adaptation limitée par cette faible diversité génétique.
Roland
Nom scientifique : Adonis vernalis L., 1753
Origine du nom : du grec «adonis», l’amoureux d’Aphrodite dans la mythologie grecque (Vénus chez les romains). Il a été transformé en fleur par Vénus à partir d’une goutte de sang. Si cet adonis est jaune, il en existe des rouges à l’origine de cette légende dont il existe différentes versions. Pour vous en donner une idée, une photo de l'Adonis goutte de sang Adonis annua est présentée dans cet article. Vernalis vient du latin « vernus », « le printemps » allusion à la précocité de cette plante.
Nom en dialecte et allemand : Frühlings-Adonisröschen oder der Frühlings-Adonis
Nom anglais : pheasant's eye, spring pheasant's eye, false hellebore
Date de l’observation: le 13 mars dans la région de Colmar
Famille de plantes: celle de l’anémone et du bouton d’or (Renonculacées). Cette famille compte 56 genres et plus de 2100 espèces dont plus de 400 pour le genre « Ranunculus », la petite grenouille, type Bouton d’or. La plupart des plantes de cette famille sont toxiques car ils contiennent des alcaloïdes comme la proto-anémonine, une cardiotoxine. Certaines sont mortelles et portent bien leur nom comme l’Aconit tue-loup.
Ce sont pour l’essentiel des plantes herbacées avec de rares espèces ligneuses et plutôt répartis dans l’hémisphère Nord.
Les généticiens-botanistes les ont identifiées comme étant des plantes primitives en raison du grand nombre d’étamines disposées en hélice et de leurs carpelles libres.
Beaucoup de renonculacées ont des fleurs à 5 pétales et 5 sépales libres, mais leurs formes peuvent être très variées :
En apparence, il n’y pas grand-chose de commun entre l’aconit et les anémones ou avec les hellébores et les clématites. Pourtant toutes ces plantes s’enchaînent dans leur histoire évolutive. Elles sont reliées les unes aux autres par des espèces intermédiaires. Un des rares points communs est l’embryon, il est petit avec un albumen charnu qui contient les réserves.
Type : plante vivace portant une fleur jaune solitaire à son extrémité.
Hauteur: 10 à 30 cm
Tige : simple ou ramifiée épaisse issue d’un rhizome, son organe de survie qui peut émettre des racines à 1 m de profondeur
Feuilles: les feuilles de la base sont réduites à des écailles. Les feuilles supérieures sont alternes, groupées en bouquets sessiles. Le limbe est divisé en fines lanières.
Adonis printanier, Grand œil-de-bœuf, Œil-de-bœuf (Adonis vernalis) et sa répartition selon l'INPN- Photos : Bernard Weinzaepflen (Anab) e tl'par contraste l'Adonis goutte de sang Adonis annua
Couleur des fleurs: les fleurs sont d’un jaune pâle vernissé, très brillant et mesurent de 3 à 7 cm. Elles sont solitaires, au bout de la tige. Elles ont 12 à 15 pétales libres insérés en spirale. Les 5 sépales sont verts et à poils appliqués.
Les étamines sont nombreuses, indépendantes et non soudées aux pétales comme dans la majorité des renoncules. Les éléments femelles de la fleur sont formés de carpelles velus libres terminés par un petit crochet.
Pollinisation :
Les diptères et les hyménoptères sont les insectes pollinisateurs. Ils récoltent le pollen, mais pas de nectar puisque cette plante ne possède pas de nectaires.
La neige et les basses températures ralentissent l’émergence des fleurs mais ne les détruisent pas. Elles ne s’ouvrent que quand le soleil brille, et se ferment le soir. Ce phénomène appelé thermonastie se retrouve chez d’autres plantes comme les crocus et les rhododendrons. Ce serait une protection de la plante pour éviter la destruction du pollen, de ses membranes végétales et de ses canaux de circulation de sève. Il reste des points à éclaircir sur cette thermonastie!
Confusion possible :
Avec les boutons d’or pour les non initiés, en particulier les renoncules proches du bouton d’or (Ranunculus sp) nettement moins précoces et dont la fleur est plus petite.
Habitat: aime les sols secs, argileux ou limoneux, ensoleillés On trouve cet Adonis du printemps dans les prairies, les friches des coteaux calcaires thermo xérophiles et les lisières forestières de chênaie pubescente. Dans notre pays, il a disparu avec le mode d’agriculture intensif. On ne le trouve plus que dans le sud du Massif Central, la région des grands Causses et quelques stations éparses.
Cette plante est originaire de l’Ouest de la Sibérie, en particulier. Elle est plus fréquente en Roumanie et Hongrie.
À noter que des analyses génétiques d’ADN de cet Adonis du printemps issu des différentes stations françaises ont été comparées à des plantes suisses, allemandes et espagnoles. Les adonis français sont pratiquement identiques et ont sans doute la même origine. Les adonis des autres pays constituent des adonis plus variés et différents.
Fruits : ce sont des akènes blancs pubescents de 5 mm. Ils sont surmontés d’un bec résiduel reste du style, et décorés d’un réseau de nervures. Une seule loge renferme une graine munie d’un élaïosome. C’est une petite excroissance riche en acides gras et protéines présente sur la graine.
Cette récompense incite les fourmis à chercher les graines , manger cet élaïosome et ainsi disperser la graine non consommée. Des semis en milieu naturel ont été difficiles à suivre car les fourmis recherchaient ces akènes sous quelques cm de terre pour les transporter ailleurs ! Il s’agit de myrmécochorie.
Statut de protection : cet Adonis du printemps est une grande rareté et protégée au niveau national. C’est le plus haut statut de protection.
Jardin : il est vendu en jardinerie ce qui peut permettre de le diffuser mais aussi appauvrit sa biodiversité
Usage alimentaire : plante très toxique comme la quasi-totalité des renonculacées et en particulier ses tubercules. Une hécatombe (1) a eu lieu dans une manade de Nîmes en 2021, après consommation de foin contaminé avec de l’adonis. Bilan : 12 puis au final 17 chevaux morts !
Usage médicinal :
Tout usage de cette plante à l’état sauvage est bien sûr interdit
Les paysans russes et italiens utilisaient voici plus de 100 ans cette plante contre les œdèmes et plus tard comme toni cardiaque.
Un dosage même très faible peut provoquer un arrêt cardiaque chez des personnes sensibles et hypertendues, raison pour laquelle cette plante n’est plus utilisée sauf en homéopathie.
Les molécules toxiques sont en particulier, la cymarine, la digitoxigenine, l’acide aconitique et des glycosides cardiotoniques; l’adonidoside et l’adininovernoside. L’adonidoside a été étudié depuis très longtemps (3). Son usage est particulièrement délicat car il est toxique à très faible dose. Bien dosé, il renforce la circulation sanguine. Son action est voisine de celle de la digitaline.
L’Adonis du printemps contient aussi des substances anti oxydantes, anti-inflammatoires, anti-allergiques comme des caroténoides, des coumarines, des flavones, au total au moins 120 molécules différentes. (5) ainsi que des propriétés anti-bactéricides, anti-acaricides,
Définition et nom commun:
Avec son origine mythologique et ses étourdissants liens de parenté (Aphrodite, Vénus), Adonis est devenu un nom commun. Un adonis est dans notre langue, synonyme de "jeune homme d'une grande beauté.
Photos : Bernard Weinzaepflen (Anab)
Texte Roland Gissinger (Anab) Relecture Bernard
Sources bibliographiques voir index biodiversité
1/ Mort de 17 chevaux provoquée par l’adonis dans du foin
2/ Adonis Vernalis a Useful Drug Banasthali 2018
3/ Etude pharmacologique de l’adonidoside Fontenaille 1928
4/ Article wikipedia complet sur l’adonis et son histoire en allemand
5/ The Genus Adonis as an Important Cardiac Folk Medicine: A Review of the Ethnobotany, Phytochemistry and Pharmacology Xiaofei Shang 2019
Liste des renoncules déjà traitées sur ce blog avec les liens pour accéder aux articles
Nom taxon nom commun | Nom scientifique ab |
Aconit napel, Casque de Jupiter | Aconitum napellus |
Adonis de printemps, Adonis printanier, Grand œil-de-boeuf, Œil-de-bœuf | Adonis vernalis |
Ancolie vulgaire, Clochette | Aquilegia vulgaris |
Anémone des Alpes | Anemone alpina subsp. Alpina |
Anémone hépatique, Hépatique à trois lobes | Anemone hepatica |
Anémone pulsatille, Pulsatille commune | Anemone pulsatilla |
Anémone Sylvie/sylvestre /des bois | Anemone nemorosa |
Bouton d'or, Pied-de-coq | Ranunculus acris |
Clématite des haies, Herbe aux gueux, Clématite vigne blanche | Clematis vitalba |
Éranthe d'hiver-Hellébore d'hiver | Eranthis hyemalis |
Ficaire à bulbilles, Ficaire fausse renoncule | Ficaria verna |
Hellébore fétide, Pied-de-griffon | Helleborus foetidus |
Populage des marais, Sarbouillotte | Caltha palustris |
Queue de souris naine, Ratoncule | Myosurus minimus |
Renoncule à tête d'or, Renoncule Tête-d'or | Ranunculus auricomus |
Renoncule âcre de Fries | Ranunculus acris subsp. Friesianus |
Renoncule bulbeuse | Ranunculus bulbosus |
Renoncule des champs, Chausse-trappe des blés | Ranunculus arvensis |
Renoncule flammette, Petite douve, Flammule | Ranunculus flammula |
Renoncule rampante | Ranunculus repens |
Renoncule scélérate, Renoncule à feuilles de Cèleri, Mort aux Vaches | Ranunculus sceleratus |