Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )

Publié le 11 Février 2024

Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )- Photos Bernard Weinzaepflen ANAB
Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )- Photos Bernard Weinzaepflen ANAB
Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )- Photos Bernard Weinzaepflen ANAB
Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )- Photos Bernard Weinzaepflen ANAB

Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )- Photos Bernard Weinzaepflen ANAB

Voici une fleur très précoce,  une rareté dans la nature de notre région. Ce n’est pas une plante de notre flore locale. Elle aurait été rapportée par les chevaliers de retour de croisade. Pour cette raison vous la trouverez autour de certaines ruines de châteaux forts où elle s’est maintenue depuis des centaines d’années. A présent elle est souvent cultivée dans les jardins et parcs.
Roland



Nom scientifique : Eranthis hyemalis (L.) Salisb., 1807    

Origine du nom : du grec « er  » qui désignait « le printemps » et « anthos » la  fleur, allusion à sa précocité. Son nom de genre vient du latin « hyemalis »  qui signifie hivernal, double allusion à sa précocité.
Nom commun : on écrit aussi « Ellébore d'hiver»


Nom en dialecte et allemand : Winterling, Kobenblumen

Nom anglais : winter aconit

Date de l’observation: 3 mars  région d ‘Obernai

Famille de plantes: celle de l’anémone et du bouton d’or (Renonculacées). Il existe 56 genres et plus de 2100 espèces dont plus de 400 pour le genre « Ranunculus », la petite grenouille, type Bouton d’or. La plupart des plantes de cette famille sont toxiques car ils contiennent des alcaloïdes comme la proto-anémonine, une cardiotoxine. Certaines sont mortelles et portent bien leur nom comme l’Aconit tue-loup.
Ce sont pour l’essentiel des plantes herbacées avec de rares espèces ligneuses et plutôt répartis dans l’hémisphère Nord.
Les généticiens-botanistes les ont identifiées comme étant des plantes primitives en raison du grand nombre d’étamines disposées en hélice et de leurs carpelles libres.

Beaucoup de renonculacées ont des fleurs à 5 pétales et 5 sépales libres, mais leurs formes peuvent être très variées :
En apparence, il n’y pas grand-chose  de commun entre l’aconit et les anémones ou avec les hellébores et les clématites. Pourtant toutes ces plantes s’enchaînent dans leur histoire évolutive. Elles sont reliées les unes aux autres par des espèces intermédiaires. Un des rares points communs est l’embryon, il est petit avec un albumen charnu qui contient les réserves.



Type : plante vivace portant  une fleur jaune solitaire à son extrémité.

Hauteur: 8 à 20 cm

Tige : épaisse issue d’un rhizome. C’est une racine sphérique, épaissie, qui lui sert d’organe de survie.

Feuilles: la feuille de la base est vert pâle à long pétiole. Son limbe est divisé deux fois en 3 lobes.
Les feuilles de la tige (caulinaires) sont linéaires (en ligne non découpée) et apparaissent après les fleurs.

Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )- -Photos Florian Anab
Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )- -Photos Florian Anab
Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )- -Photos Florian Anab

Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )- -Photos Florian Anab

Fruits = Follicules  et localisation selon INPN de l'Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )
Fruits = Follicules  et localisation selon INPN de l'Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )
Fruits = Follicules  et localisation selon INPN de l'Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )

Fruits = Follicules et localisation selon INPN de l'Éranthe d'hiver Hellébore d’hiver (Eranthis hyemalis )

Floraison: de janvier à mars

Couleur des fleurs: les fleurs sont d’un jaune brillant et mesurent  2 à 4 cm. Elles sont solitaires, au bout de la tige. Elles n’ont pas de pétiole et sont entourées de 3 bractées palmées de 10 à 15 mm, caractéristiques situées au même niveau (on dit en verticille).
Les 6 (en fait de 5 à 8)  éléments jaunes très visibles ne sont pas des pétales mais des sépales.
Les nectaires, qui parfument la fleur sont en forme de petits tubes de 6 mm et sont les véritables pétales.
Les étamines sont nombreuses comme dans la majorité des renoncules. Les éléments femelles de la fleur sont formés de 4 à 8 carpelles non fusionnés.
 Les styles sont articulés et la partie inférieure terminée par un crochet.

Pollinisation :
La neige et les basses températures ralentissent l’émergence des fleurs mais ne les détruisent pas. Les fleurs ne s’ouvrent que quand le soleil brille, et elles se  ferment le soir. Ce phénomène appelé thermonastie se retrouve chez d’autres plantes comme les crocus et les rhododendrons. Ce serait une protection de la plante pour éviter la destruction de ses membranes végétales et de ses canaux de circulation de sève. Il reste des points à éclaircir sur cette thermonastie!
Les diptères et les hyménoptères sont les pollinisateurs. Seuls les bourdons et l’Abeille charpentière peuvent accéder à son nectar très riche en sucres (72%).
La production est de 1.23 mg/fleur selon une chercheuse, Zuraw (1) .Les fleurs s’ouvrent de préférence entre 10h et 15h, et les nectaires entre 11 et 13h mais certains déjà à 8h.
Dès que la température atteint 10 degrés les insectes arrivent sur cette plante.
L’autopollinisation est possible mais rarement réussie.


Confusion possible :
Avec les boutons d’or pour les non initiés, en particulier les renoncules proches du bouton d’or (Ranunculus sp) nettement moins précoces.

Habitat: aime les sols limoneux, frais de mi ombre moyennement riche en éléments nutritifs. On la trouve dans les vignes, vallées profondes, autour des châteaux ruinés, parcs, et jardins
Cette plante est originaire des montagnes d’Asie mineure et présente dans le sud de l’Europe, dans les vignes et broussailles.


Fruit : 4 à 8 follicules en forme de gousses de 15 mm de long. Ils renferment plusieurs graines brunes de 2.5 mm qui sont projetées à plus de 40 cm lors des pluies.

Statut de protection : l’Eranthe d’hiver  est très rare comme plante sauvage. Elle n’a pas de statut de protection parce que c’est une « néophyte », une nouvelle plante qui n’a pas toujours existé dans notre pays. Elle a souvent été plantée sur d’anciennes habitations maintenant disparues ou près de vieux châteaux.

Usage alimentaire : plante très  toxique comme la quasi-totalité des renonculacées et en particulier ses tubercules.
Les molécules toxiques sont des glycosides cardiaques et le sont pour les mammifères y compris les humains. Elles se nomment éranthines A et B du nom de cette plante et font partie du groupe des bufadiénolides, des composés très toxiques secrétés aussi par certains crapauds (dont le  nom scientifique est Bufo).
Les effets sont le blocage de la transmission des influx nerveux des oreillettes vers les ventricules (BAV), un ralentissement cardiaque, lié ou non aux ventricules et le possible arrêt cardiaque, rien que cela !


Usage médicinal : interdit car la plante hors jardins, en milieu naturel est très rare.
Cette plante contient selon McConnell (2)  une lectine, une protéine d’inactivation des ribosomes de type II. Pour rappel les ribosomes sont des organites cellulaires microscopiques de synthèse des protéines à partir des informations contenues dans  l’ARN messager. Ce type de protéine, lectine,  a des propriétés anticancéreuses et thérapeutiques. Elle a aussi des propriétés biocides sur certains petits vers, des nématodes.



Photos : Bernard Weinzaepflen (Anab) sauf mention
Texte  Roland Gissinger (Anab) Relecture Bernard




Sources bibliographiques voir index biodiversité

1/ The biology of flowering of winter aconite (Eranthis hyemalis (L.) Salisb.)- Zuraw 2011
2/ Winter Aconite (Eranthis hyemalis) Lectin as a cytotoxic effector in the lifecycle of Caenorhabditis elegans – McConnel 2015
3/ « La petite Eranthis hyemalis, fleur des chevaliers, s'est maintenue sans relâche depuis 5 siècles là où jadis fut le jardin du château et nous rappelle qu'elle fut plantée ici par un chevalier revenu d'Italie. » — Henri Ulrich , Châteaux des Vosges. (1960
)- citation de  jc
 

Rédigé par ANAB

Publié dans #Fleurs jaunes, #Biodiversité de notre région

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J
Merci pour ma citation reprise de l'ouvrage de M. Ulrich concernant la flore castrale.<br /> Lorsque la légende est plus belle que la réalité, il faut imprimer la légende ! (d'après John Ford).
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A
Normal. Il faut toujours citer ses sources et les grands hommes.😜<br /> Roland
T
Merci pour cet article très instructif. Cet aconit d’hiver se voit, bien sûr, pratiquement toujours sous forme cultivée. Les sauvages sont superbes… de même que les photos de Bernard, Florian et les tiennes.
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A
Merci Toll de tes appréciations<br /> Roland