Une algue terrestre, Trentepohlia umbrina (Kütz.) Bornet 1873
Publié le 24 Février 2024
C’est au cours d’une sortie entre membres de l’ANAB, en forêt de Grünewald à Diemeringen le 3 février 2024, qu’un tronc d’arbre a attiré l’attention des participants, du moins la couleur de ce tronc. Une belle couleur orange se dessinait par plaque sur le tronc.
Il fallait d’abord vérifier que la couleur ne vienne pas d’un marqueur comme peut les utiliser un agent forestier. Ce n’est pas le cas ici. La texture est poudreuse. En passant la main dessus, elle devient orange.
On peut trouver beaucoup de choses sur un tronc d’arbre, véritable écosystème à lui tout seul : des invertébrés (insectes, mollusques, etc.), des mousses, des lichens, etc. Le tronc d’arbre, c’est un réservoir à biodiversité
Au microscope, cette poudre orange se présente comme un amas d’organismes unicellulaires, formant également des filaments.
On reconnaît ici un organisme qu’on n’est pas habitué à rencontrer sur la terre ferme, en l’occurrence une...algue. On est habitué à voir les algues dans le milieu aquatique ou au buffet d’un restaurant chinois, mais il existe aussi des algues terrestres. Elles sont unicellulaires. Certaines font des associations avec des champignons et forment alors des lichens. D’autres restent seules.
L’algue observée ici est Trentepohlia umbrina (Kütz.) Bornet 1873, une algie verte qui vit sur l’écorce des arbres. Algue verte alors que la couleur est orange ? Effectivement, pour se protéger des rayons solaires, l’algue fabrique un pigment de la famille des caroténoïdes, la même famille de pigments qui donnent sa couleur orange à la carotte. Notre algue aime bien l’humidité et l’ombre.
Trentepohlia est un nom bien barbare. Il vient du botaniste allemand Johann Friedrich Trenpohl (1748-1806)
Statut selon l’INPN : pas de statut
La conclusion de l’enquêteur
On ne prête guère attention aux algues quand on se trouve sur la terre ferme. Et pourtant, on les trouve partout : sur les troncs, les vieux murs, enveloppées sous forme de lichen ou nues. Ces algues unicellulaires, qui rivalisent d’ingéniosités pour se protéger des contraintes de la vie terrestre (rayons solaires et dessication), nous rappellent, avec les mousses, que la vie est née dans l’eau, avant de partir, il y a près de 460 millions d’années, à la conquête du milieu terrestre. Regarder un tronc ou un vieux mur, c’est remonter le temps et visionner la fabuleuse histoire du vivant.
Texte, photos, et bibliographie : Gilles Weiskircher (Anab)