Le Ciste de Montpellier (Cistus monspeliensis)

Publié le 1 Mai 2024

Le Ciste de Montpellier (Cistus monspeliensis)

Voici une plante qui tire profit des nombreux incendies du Midi. Les plantes de cette famille sont pyrophiles. La pyrophilie est la propriété d’un organisme vivant, de tirer un bénéfice du feu. Les cistes sont caractéristiques des pays méditerranéens. Vous aurez peut-être la chance de la voir pendant vos vacances.
Roland

Nom scientifique : Cistus monspeliensis L., 1753

Origine du nom: son nom grec « kiste » qui signifie panier, boite, provient de la forme de ses fruits. Son nom d’espèce « monspeliensis», est en rapport, bien sûr, avec la ville de Montpellier.

Nom commun allemand/ dialecte : Montpellier-Zistrose

Nom commun anglais : Montpelier Cistus

Date de l’observation: le 25 avril à Vidauban (83)

Famille de plantes : celle des Cistaceae qui comprend les cistes, les hélianthèmes, les fumana
Ce sont de petits arbustes, arbrisseaux et herbes vivaces ou annuelles, plutôt présents dans les zones méditerranéennes. Les feuilles sont en général opposées et simples, souvent coriaces.
Les fleurs sont solitaires ou en inflorescence cymeuse. Leur symétrie est d’ordre 5 : 5 pétales de couleur vive souvent fripés ou chiffonnés, rapidement caducs, 5 sépales, dont 2 plus petits, des étamines souvent très nombreuses (100). Elles murissent depuis l’intérieur vers l’extérieur ce qui est inhabituel, et cachent le stigmate qui se termine à la base par un ovaire en 3, 5 ou 10 parties.
La fleur de ciste ressemble à celle des mauves dont elle proche. Les Cistacées (Cistaceae) sont d’ailleurs regroupées avec les Malvacées (Malvaceae) et Tiliacées (Tiliaceae), les tilleuls, dans l’ordre des Malvales. Il existe 29 espèces de cistes.

Rôle des cistacées dans les incendies et rôle écologique:
Les cistes s’installent dans les champs et des pâturages laissés à l’abandon. Ce sont des plantes pionnières, les premières qui poussent après les incendies de forêts, de maquis et garrigues (ou garigues).
Le feu et sa chaleur lève la dormance de la graine et provoque sa germination. Ce sont des plantes très inflammables en été. Elles entretiennent ainsi un cycle élevé d’incendies là où elles se trouvent. Elles sont de la matière inflammable et en même temps des banques de graines cachées dans le sol qui germent aussitôt après l’incendie

Catégorie: buisson typique de garrigue aux petites fleurs blanches odorantes

Hauteur: 50 à 120 cm de haut

Tiges et racines: tiges ligneuses dressées

Feuilles: . très visqueuses, collantes, enroulées sur les bords, rugueuses. Elles sont sessiles, entières, planes, lancéolées, étroites et opposées. Elles mesurent de 3 à 6 cm de long pour 0.5 à 2 cm de large et possèdent 3 nervures marquées sur le dessous.

Oxythyrea funesta Coléoptère et une mouche, pollinisateurs du Ciste de Montpellier (Cistus monspeliensis) et répartion selon INPN

Oxythyrea funesta Coléoptère et une mouche, pollinisateurs du Ciste de Montpellier (Cistus monspeliensis) et répartion selon INPN

Floraison: avril à juin

Couleur des fleurs : fleurs blanches de 20 à 30 mm à symétrie radiale. Ses cinq pétales sont fripés et non maculés de rouge. Ces fleurs sont disposées en cymes de 2 à 8 fleurs. Leur durée de vie est très courte, une demi-journée, guère plus.
Les étamines sont très nombreuses et ont des anthères jaune vif qui cachent le style de même longueur. Le calice à 5 sépales sont veinés de rouge.

Pollinisation : les cistes sont autostériles. Ils ont donc besoin des insectes. Ces plantes sont riches en pollen et nectar et donc attirantes pour eux. Néanmoins ce Ciste de Montpellier, produit, selon des chercheurs (2), moins de pollen que d’autres cistes et doit donc produire plus de nectar pour attirer les insectes.

Confusion possible: oui avec des hybrides de cette espèce et d’autres cistes de la même couleur comme le Ciste à feuilles de sauge, Cystus salvifolius, mais dont les feuilles sont arrondies, larges. Au contraire, celles du Ciste à gommes, Cystus ladanifera, sont blanches, tachées de rouge.

Fruits: les fruits sont des capsules ligneuses, ovales. Elles libèrent, par 5 valves, de petites graines de 1 à 2 mm disséminées par les oiseaux et mammifères.

Habitat: . C’est un ciste typique des espaces brûlés comme les garrigues acidiphiles des anciens massifs volcaniques des Maures et de l’Esterel. Il s’adapte aux sol calcaires pauvres car il est peu exigeant en nutriments. On le trouve dans les maquis, sur les espaces de forêts brûlées, dans les forêts claires , les pâturages du sud de la France, du Portugal à l’Italie au proche Maghreb et jusqu’à Madère. Il progresse dans la vallée du Rhône et est présent en Californie et Australie comme néophyte.

Protection : plante assez commune dans certains départements comme le Var, les Bouches du Rhône. Elle est tout de même classée EN en danger dans la Région Poitou-Charentes, NT, quasi menacée en Midi-Pyrénées, et classée Znieff dans ces 2 régions et en Région Aquitaine.

Écologie :
Le Ciste de Montpellier envahit rapidement les espaces brûlés et les terrains abandonnés. Il forme avec le Ciste à feuilles de sauge, Cistus salvifolius, un maquis dense sur les terrains faiblement acides. Il est le vicariant (remplaçant) du Ciste blanc, Cistus albida, et d’autres plus typiques du calcaire. Le maquis dense formé est un inconvénient. Il limite l’accès de ces terres à d’autres plantes. En même temps, cette végétation est un agent très important de stabilisation des sols qu’elle protège de l’érosion. De cette manière le Ciste de Montpellier ralentit la transformation en déserts de certaines régions.
Les cistes sont fréquemment parasités par le Cytinet, Cytinus hypocistis, plante très curieuse sur laquelle nous reviendrons à l’occasion.

Horticulture : les cistes sont souvent plantés dans les jardins en raison de leurs très belles fleurs et de leur aptitude à pousser sur terrains secs. Il existe de nombreux hybrides naturels et variétés de jardinerie.

Usage alimentaire: les feuilles de cette plante sont utilisées dans les pays du Maghreb pour la préparation d’infusions digestives et pour prévenir les douleurs gastriques.

Médecine traditionnelle :
Il aurait été utilisé pour ses propriétés bactéricide, analgésique et anti inflammatoire. Les feuilles en cataplasme étaient utilisées pour guérir les abcès.

Il existe un ciste officinal, riche en pouvoirs pharmacologiques et en particulier, un bon potentiel de cicatrisation. C’est le Ciste labdanifère ou Ciste à gommes, Cistus ladaniferus (voir photos) . Ses propriétés sont connues de longue date puisqu’il est déjà cité dans la Bible à côté de la myrrhe et de l’encens.

Médecine actuelle :
Pas de citation de ce ciste dans wikiphyto

Il existe de nombreuses études sur l’huile abondante du Ciste de Montpellier (1). Les diterpènes comme l’oxyde de manoyle en sont les constituants principaux avec des sesquiterpènes et des monoterpènes ainsi que l’alpha-pinène.
De toute cette chimie il résulte qu’il existe un potentiel de protection contre le cancer démontré par des effets positifs sur des lignées cellulaires leucémiques. Néanmoins Barajon (1) considère que l’activité est moins importante que celle de l’huile d’autres cistes. Il n’a pas réussi à identifier une activité anti-microbienne.

Yoichi Shimoda (4) a évalué par de nombreux tests in vitro, les activités antioxydantes des extraits à l’éthanol de cette plante avec ses feuilles. Il trouve que les effets antioxydants sont importants. Il a aussi noté des effets positifs sur la membrane épithéliale de l’intestin et sur le transport de l’ATP, cette molécule qui véhicule l’énergie dans les cellules. Ces constats pourraient expliquer un effet améliorant sur les ulcères gastriques et le stress oxydatif.
Des tests cliniques restent à faire pour mieux utiliser cette plante.
Une autre étude plus récente sur l’ensemble des composants de la plante, par Sara Haida en 2021 (5) montre que cette plante est riche en antioxydants naturels de qualité équivalente à l’acide ascorbique. Elle pourrait être utilisée contre le cancer, les maladies cardiovasculaires et comme agent antioxydant naturel en industrie alimentaire.

Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.

Texte, photos, bibliographie Roland Gissinger (Anab) )

Voir la bibliographie utilisée dans notre rubrique répertoire- index des plantes

1/ Rockroses (Cistus sp.) Oils Enrique Barrajón-Catalán 2016

2/ Floral biology and pollinators of three co-occurring Cistus species (Cistaceae)- Jordi Bosch 2008

3/ Cistus monspeliensis rankon Hassan 2020
4/ Metabolomics Analysis of Cistus monspeliensis Leaf Extract on Energy Metabolism Activation in Human Intestinal Cells Yoichi Shimoda 2012

5/ Chemical Composition of Essential Oil, Phenolic Compounds Content, and Antioxidant Activity of Cistus monspeliensis from Northern Morocco sara Haida 2021