Les Lasioglosses, le genre Lasioglossum

Publié le 22 Mai 2024

Les Lasioglosses, Lasioglossum respectivement sur un onagre, de l'oignon cultivé , une mauve
Les Lasioglosses, Lasioglossum respectivement sur un onagre, de l'oignon cultivé , une mauve
Les Lasioglosses, Lasioglossum respectivement sur un onagre, de l'oignon cultivé , une mauve
Les Lasioglosses, Lasioglossum respectivement sur un onagre, de l'oignon cultivé , une mauve
Les Lasioglosses, Lasioglossum respectivement sur un onagre, de l'oignon cultivé , une mauve
Les Lasioglosses, Lasioglossum respectivement sur un onagre, de l'oignon cultivé , une mauve

Les Lasioglosses, Lasioglossum respectivement sur un onagre, de l'oignon cultivé , une mauve


Cet hyménoptère ressemble beaucoup à une abeille domestique  mais c’est souvent une miniature de l’abeille !
Les Lasioglosses et leurs cousines, les Halictes comptent parmi les espèces les plus communes et les plus abondantes de nos régions.
Elles sont très variables en taille, depuis les plus petites espèces méditerranéennes (4 mm) jusqu‘ à celles mesurant 12 à 14 mm .
Leur famille, les Halictidae, représente le groupe le plus important en terme de biodiversité dans le cercle des abeilles à langue courte.
Martine et Roland

Nom scientifique :  Lasioglossum sp.
La détermination des  Lasioglossum  sous une loupe binoculaire est plus sûre que ne le permet une photo.
Pour ce cas précis, nous en resterons à Lasioglossum sp ( sp = species ) et ne dépasserons pas, pour la détermination, le stade du genre.


Origine du nom  : vient du grec  lasio = laineux et glossos = langue, allusion à leur  langue velue  ( au microscope).

Nom Allemand: Furchenbienen, abeilles à rainure.

Nom anglais : furrow  bees, abeilles à sillon . Nous verrons pourquoi … Elles sont souvent appelées « sweat bees », abeilles de la sueur,  en  raison de leur attirance pour la sueur.

Classification : les Lasioglossum  font partie de l’Ordre des Hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis…) : insectes à 2 paires d’ailes membraneuses, aux pièces buccales de type broyeur/ lécheur équipées de mandibules dentées capables de déchiqueter une nourriture solide.
Ils  sont classés dans la famille des Halictidae. Cette famille regroupe plusieurs genres dont les Halictus, les Lasioglossum et les Sphecodes.
La morphologie des Halictidae est très monotone : facilement reconnaissable, au moyen de  la loupe binoculaire, à leur langue courte, à leur trois ( parfois deux ) cellules cubitales ( ou submarginales) et à leur nervure basale coudée.
La difficulté est plus grande  lorsqu’il s’agit de distinguer entre eux  les genres Halictus et Lasioglossum, la détermination spécifique  des Lasioglossum eux même ( près de 300 espèces en Europe ) reste  une affaire de spécialistes ( loupe binoculaire et clé de détermination ).


Nombre d’espèces: à elle seule, cette famille des Halictidae comprend 4 400 espèces pour 80 genres, réparties dans le monde entier. Le genre Lasioglossum est riche lui de 1700 espèces dont une centaine sont présentes en France métropolitaine.

Observation : le 20 juin à Keskastel   (67- Bas-Rhin)

Dimensions : 3 à 11 mm, de taille inférieure à celle d’une abeille domestique.

Durée d’observation : mai  à août

Description: abeilles de petite à moyenne taille, les Lasioglossum sont noirs ou  bruns, à reflets métalliques verts ou bleuâtres.
Leur langue est courte.
Leurs ailes ont 3 cellules cubitales ( ou submarginales ) et une nervure basale arquée ( voir photo ).

La couleur des ailes est légèrement fumée, leur  bord d’attaque  est orangé ainsi que le ptérostigma. Les femelles possèdent sur  le tibia des pattes postérieures (tibia 3) une brosse pour transporter le pollen ( brosse de récolte ).
 On reconnait immédiatement la femelle des autres abeilles par la présence d’une longue échancrure à l’extrémité de l’abdomen ce qui lui vaut le nom d’abeille à rainure ou à sillon en Allemagne et au Royaume Uni . Nous y voilà !
La distinction de Halictus et Lasioglossum sur le vif est de fait fort délicate. Sous la loupe, on les distingue toutefois facilement par la position des bandes de soies sur les segments dorsaux de l’abdomen ( tergites ).

Nourriture:
La femelle collecte essentiellement le pollen et le nectar de chardons ( Asteraceae ) et de scabieuses ( Dipscaceae ). Elle est dite « polylectique ». Les mâles se contentent de pomper le nectar des fleurs.
Dans une famille d’abeilles voisines, les andrènes, de nombreuses abeilles, comme l’Andrène de la Bryone, Andrena florea,  sont liées à une seule plante. On les dit dans ce cas  « monolectiques. ».


Cycle biologique et activité :
S’il est difficile, in vivo de les distinguer d’autres abeilles, peut être  leur mode de vie pourra-t-il  nous donner quelques repères :
Toutes les espèces nidifient dans le sol. Certaines sont solitaires d’autres sont sociales. Chez les espèces sociales il existe plusieurs modes de vie commune.
En hiver, les Lasioglosses femelles survivent et  hibernent dans une cavité souterraine. Au printemps suivant dès le mois de mars,  chacune  pond et féconde ses œufs  grâce à sa spermathèque où elle conserve les spermatozoïdes résultant de son accouplement. La Lasioglosse  est solitaire mais peut vivre en colonie. Dans ce cas, une abeille prend le dessus et est la seule à pondre. Les autres plus petites, agissent comme des ouvrières au service d’une reine et nourrissent les larves. La colonie peut atteindre quelques individus, quelques dizaines et, dans de rare cas, quelques centaines d’ individus  comme Lasioglossum marginatum. Cette organisation est flexible. Dans le cas où le  nid est productif, des femelles  se dispersent vers des nids inoccupés pour fonder d’autres colonies . Dans d’autres cas la reine peut tolérer que d’autres reines viennent pondre dans son nid. Vous constatez que cette Lasioglosse  est une abeille sociale d’un type primitif, très flexible, au contraire des fourmis ou de l’abeille domestique, plus évoluées. Ces dernières  habitent une ruche pourvue d’une organisation sociale sophistiquée et solide.
Il y a une à plusieurs  générations par an. Lors de la seconde génération, les mâles et les  nouvelles femelles n’apparaitront qu’après juillet.


Reproduction:
les mâles apparaissent dans les pontes que vers le mois d’août juste avant les nouvelles femelles reproductrices. Les mâles sont attirés en priorité par les jeunes  femelles n’ayant par encore fondé de colonie. Ils les reconnaissent par l’émission de phérhomones différentes des reines pondeuses. Le chercheur Paxton (1) a mis en évidence chez Lasioglossum malachurum une proportion élevée d’esters d’isopentényle, d’acides gras insaturés dans les hormones des reines virginales et plus de lactones à longue chaîne carbonée dans celles des reines pondeuses.  (désolé pour les chimiphobes).
Les mâles peuvent aussi distinguer par leurs poils sensoriels, les femelles issues de colonies étrangères. Ils s’accoupleront de préférence avec elles ce qui n’est pas étonnant dans un système biologique général des animaux et plantes qui a comme moteur le brassage génétique.
A noter que des disputes longues (30 minutes) et violentes ont été observées entre des reines avec des blessures invalidantes pour l’une d’elles.
Après son accouplement, la femelle creuse un tunnel dans le sol et y construit des cellules. Elle pond un œuf par cellule et la larve se nourrira de boules de  pollen récolté avec du nectar. Il faut environ 3 semaines pour le développement de l’œuf en adulte.

 

Habitat: cette abeille fait partie des abeilles terricoles : elles nichent dans le sol ou dans du vieux bois et y creusent des galeries. Elles choisissent un terrain de préférence, sableux  ou fait d’une roche tendre et inclinée pour permettre un drainage automatique en cas de pluie. Au fond de la galerie, elles construisent un rayon pour pondre leurs  œufs sur des provisions constituées de pollen. Une petite cheminée est parfois érigée à l’entrée du nid à l’aide du matériel excavé.
En général, les sociétés ont une durée de vie d’un an, comme les Vespidés et les Bourdons.
Ces abeilles sauvages sont présentes partout dans notre pays et en Europe.



Confusion : les espèces se ressemblent et leur  détermination délicate est réservée à quelques spécialistes.

Prédateurs, parasites et pathogènes: ses ennemis naturels peuvent être des microchampignons Nosema spp, certains virus ou  d’autres hyménoptères comme les frelons indigènes. Les oiseaux insectivores tels que les guêpiers aussi sont friands d’abeilles sauvages ainsi que la pie-grièche écorcheur, les grimpereaux, et autres gobemouches.
A noter également que des abeilles du genre, Sphecodes, mentionnés plus hauts,  cousins des Halictes et des Lasioglossum parasitent eux même les nids des Halichinae. Ils sont considérés comme ectoparasites au sein de leur propre famille.


Statut de protection : de manière générale, ces abeilles sauvages, les halictidés sont mal connues. Ce qui est certain c’est qu’elles sont en très forte régression comme tous les insectes (disparition de 75% de la masse d’insectes les 20 dernières années). Elles ont disparu d’une grande partie de  leurs habitats naturels par suite des traitements chimiques des cultures et de la fragmentation des zones naturelles.

Texte Martine Devondel et Roland Gissinger (ANAB)  et détermination des insectes, Martine,  photos Roland


 
Bibliographie :
Guide des Abeilles, Bourdons, Guêpes et Fourmis d’Europe , H. Bellmann
Hyménoptères d’Europe 3, Bourdons d’Europe et contrées voisines, Denis Michez
Hyménoptères d’Europe 1, Abeilles d’Europe, Denis Michez
Faune de France, Lucien Berland
Apidae 3 Fauna Helvetica 6
Découvrir & Protéger nos abeilles sauvages, Nicolas Vereecken

Atlas Hymoptera en ligne
Lasioglossum malachurum
1/Complex sociogenetic organization and reproductive skew in a primitively eusocial sweat bee, Lasioglossum malachurum, as revealed by microsatellites".Robert Paxton 2008
Une lasioglossum d'Amérique du Sud (image Wikipedia)

Une lasioglossum d'Amérique du Sud (image Wikipedia)

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T
Merci à vous, Martine et Roland, pour cet article intéressant et les <br /> superbes photos.
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A
Merci beaucoup Toll de ton commentaire<br /> <br /> (Martine ) et Roland
B
Merci à vous deux pour cet article intéressant et dense. Je constate que dans le monde des abeilles les femelles mènent la danse. 😎
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A
Merci Bernard et Gérard de vos commentaires et appréciations positives.<br /> Gérard, je (Roland) suppose que Bernard avait déjà fait le même constat en écrivant son commentaire narquois.☺😅<br /> <br /> (Martine et) Roland
G
Ah, Bernard, pas seulement dans le monde des abeilles !<br /> Mais oui, article très intéressant et bien documenté (comme d'habitude, j'allais dire).<br /> merci aux auteurs.