La Bistorte, Renouée bistorte, Bistorte officinale, Langue-de-bœuf (Bistorta officinalis)
Publié le 19 Juin 2024
Répartition selon INPN de la Renouée bistorte, Bistorte officinale, Langue-de-bœuf (Bistorta officinalis)
La Renouée bistorte est cette jolie plante avec en épi rose typique des zones de montagne et que vous voyez dans les prairies et combes. Très surprenant, elle arrive à s’implanter en plaine le long des fleuves issus de montagnes proches Roland
Nom scientifique : Bistorta officinalis Delarbre, 1800
anciens noms Polygonum bistorta, Persicaria bistorta
Origine du nom : du latin « bistortus » deux fois tordu en raison de sa racine en S ou d’aspect serpent et «officinalis » qui signifie «officinale, médicamenteuse», puisqu'utilisée depuis des siècles dans la pharmacopée traditionnelle.
Autres noms communs : Couleuvrée, Serpentaire, Feuillotte…
Allemand/ dialecte: Schlangen-Knöterich, Wiesen-Knöterich
Anglais : common bistort
Date et lieu de l’observation : le 28 mai à Métabief (39) dans le Jura et le 25 mai à Sarre-Union (67)
Famille de plantes : celle de la rhubarbe (Polygonacées), des renouées, qui comprend 1200 espèces réparties en 51 genres. Ce sont des plantes présentes dans toutes les régions du monde mais principalement dans l’hémisphère nord.
Le nom de polygonacée, « plusieurs angles » vient de leur forme géométrique au niveau des articulations de la plante et des graines en pyramide.
La quasi-totalité sont des plantes herbacées et des lianes riches en acide oxalique. Cet acide les protège des herbivores car c’est un toxique. Il l’est aussi pour les humains si consommé en grande quantités.
A noter les changements de noms de la plupart des genres de cette famille.
Catégorie : plante vivace, dressée, glabre à tige non ramifiée et à inflorescence rose
Hauteur : 20 à 80 cm
Tige : ascendante avec un seul épi. La tige porte des stipules soudées à l’aisselle des feuilles dénommées ochréas.
a de longs cils aux extrémités et est couverte de poils appliqués.
Feuillage : très feuillée. Les feuilles sont ovales et acuminées. Celles de la base sont longues (15cm) , brusquement rétrécies à leur base et pétiolées. Leur forme a donné le nom local de « Langue de bœuf ». Celles de la tige sont étroites et sessiles avec une longue gaine.
Floraison : juin à septembre
Fleurs :. Les fleurs sont rose vif à blanc quelquefois et très serrées pour former un épi dense. Elles sont jumelées, une fleur avec les organes mâles et l'autre avec les organes femelles. Pour les observer en détail une loupe est indispensable car elles ne dépassent pas 4 ou 5 mm. Les fleurs ont 8 étamines et 3 styles.
Pollinisation : les fleurs sont pollinisées par les insectes et l’autopollinisation semble difficile.
Fruits : fruits secs de 1.5 à 2.5 mm d’aspect trigone un peu plus longs que la fleur Ils sont brillants de couleur brun-foncé.
Habitat : la Renouée bistorte aime les lieux humides riches en azote. Ce sont les ravins, bords de ruisseaux, prairies de l’étage montagnard (jusqu’à 2500 m) où elle forme des colonies importantes. On la trouve régulièrement à proximité des montagnes, en plaine dans les vallées alluviales où des graines ont été apportées lors des crues. Elle est dans ce cas bien plus dispersée. Elle est absente dans l’ouest, le bassin parisien le sud-ouest de notre pays où les montagnes sont lointaines. Elle est présente en Europe jusqu’au Japon et en Alaska.
Confusions possibles : oui avec les autres renouées et en particulier la Renouée amphibie, Persicaria amphibia dont l’inflorescence lui ressemble.
Écologie : certains chenilles de papillons se nourrissent de cette plante comme le Cuivré de la Bistorte, Lycaena helle).
Protection : plante peu commune dans notre région, plus présente en montagne. Elle est protégée dans les régions Centre, Ile de France, Nord-Pas-de-Calais, et Pays de Loire. Cette plante est classée Znieff dans 13 régions où elle est rare. Détails dans le tableau en fin d‘article.
Usage alimentaire : les feuilles, les tiges et les rhizomes de cette Renouée bistorte étaient consommés de manière courante dans certains pays d’Europe du Nord et d’Asie. Les feuilles et tiges se consomment comme des épinards cuits et comme féculent,en fines tranches, pour les rhizomes. Jeunes , feuilles et tiges ne sont pas trop amers mais le rhizome nécessite plusieurs cuissons pour être appétissant.
Les anglais l’utilisent, parait-il, pour faire un pudding savoureux, merci aux anglophones de confirmer. 🤔Un vin était même fabriqué avec ce rhizome à la saveur sans doute très astringente. La richesse en acide oxalique de cette plante oblige à la consommer de manière très modérée pour éviter des problèmes de santé.
Usage médicinal :
Les usages médicinaux de cette Renouée bistorte remontent à la nuit des temps. Une ordonnance datant de Charlemagne (IXème siècle) oblige à cultiver cette plante médicinale.
Elle était utilisée pour traiter les aphtes et diarrhées grâce aux grandes quantités de tanins contenus dans cette plante. Elle servait aussi à réduire les saignements et les blessures en raison de son pouvoir hémostatique. Son usage très ancien pour guérir des morsures de serpent selon la théorie en vogue des signatures a même été démontré dans un cas (restons très prudents).
Copie de wikiphyto ci-dessous :
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques
Indications de la plante entière:
Diarrhées, ulcères d’estomac
Hémorroïdes
Très efficace sur les blessures pour arrêter une hémorragie
Hygiène buccale : raffermissement des gencives, aphtes et maux de gorge, gingivorragies
Leucorrhées en douche vaginale
Les chercheurs se passionnent encore pour cette plante et démontrent régulièrement ses propriétés médicinales (1 et 2).
Composition
Tanins catéchiques et tanins galliques (15 à 20 %) : ellagitanins et cinchonaïnes, acide gallique et acide ellagique
Triterpénoïdes : 5-glutinen-3-one, friedelanol (= friedelan-3-ol)
Flavonoïdes : taxifoline, quercétine, quercétine-3-méthyl éther, kaempférol, myricétine, lutéoline, isorhamnétine, rhamnétine
Acides phénoliques
Effets de la plante
Astringent énergique du fait de sa richesse en tanins, intéressante dans les affections douloureuses de la gorge
Hémostatique
Anti-inflammatoire le 5-glutinen-3-one et le friedelanol inhibent l'œdème induit par la carraghénine
Anti-oxydant
Anti-bactérienne (bistortaside et acide gallique inhibent Staphylococcus aureus, Pseudomonas aeruginosa, Escherichia coli, Bacillus subtilis)
Analgésique (
Sédative, l'extrait de rhizome supprime les mouvements spontanés chez la souris
Activité anti-mutagène et anti-tumorale
Cicatrisant, vulnéraire
Texte, photos, bibliographie Roland Gissinger (Anab)
Bibliographie
Voir fin d’article index plantes
1/Antibacterial and anti-inflammatory activity of bistort (Bistorta officinalis) aqueous extract and its major components. Justification of the usage of the medicinal plant material as a traditional topical agent - Karolina A. Pawłowska 2020
2/C hemical composition of edible aerial parts of meadow bistort ( Persicaria bistorta (L.) Samp.) Urszula Klimcza 2017
Région |
Statut |
Statut |
Protection légale |
Déterminant |
Basse-Normandie |
NT |
Quasi Menacé |
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Bretagne |
NT |
Quasi Menacé |
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X |
Bourgogne-Franche-Comté |
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|
X |
Centre |
EN |
En danger |
Oui |
X |
Champagne -Ardenne |
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|
|
X |
Haute Normandie |
VU |
Vulnérable |
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X |
Hauts-de-France |
|
|
|
X |
Ile-de-France |
EN |
En danger |
Oui |
X |
Limousin |
|
|
|
X |
Midi-Pyrénées |
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|
|
X |
Nord-Pas-de-Calais |
NT |
Quasi Menacé |
Oui |
|
Nouvelle-Aquitaine |
NT |
Quasi Menacé |
|
X |
Pays de Loire |
VU |
Vulnérable |
Oui |
X |
Picardie |
VU |
Vulnérable |
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X |
Poitou-Charentes |
CR |
En danger critique |
|
X |
Les ZNIEFF , Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ont pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation. (Source Inventaire National du Patrimoine Naturel)