La Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus)
Publié le 24 Juillet 2024
Cette Rousserolle effarvatte est quelquefois visible près des sites d’observation LPO ou autres, situés le long des étangs. En général elle est difficile à voir. Son chant est plus facile à entendre d’où l’intérêt de le connaitre.
Roland
Nom scientifique Acrocephalus scirpaceus (Hermann, 1804)
Origine du nom : « acrocephalus» vient du grec « akros », « le plus haut », et « kephale », « la tête », soit « tête la plus haute », sans doute pour rappeler que sa tête est pointue et du latin « scirpaceus», « le jonc ».
Nom allemand : Teichrohrsänger
Nom anglais : common reed warbler
Observation: le 25 juin - étang de la Mutche à Morhange (57 – Moselle)
Classification et famille: celle des Acrocephalidae. Ce sont des oiseaux passereaux, oiseaux dits chanteurs, de petite taille qui se nourrissent d’insectes. Les petits possèdent un plumage simple, peu contrasté. Ils sont absents des Amériques. Des études génétiques de 2006 (Alström) et 2008 (Johansson) ont fait éclater la famille des passereaux en plusieurs familles dont celle-ci, chacune ayant un même ascendant. La filiation génétique n’est pas encore figée faute de consensus et d’arguments très solides.
Dimensions et poids : cette fauvette mesure de 12 à 13 cm de long, pour 19 cm d’envergure.
Poids : 8 à 15 g environ.
Longévité : moyenne, jusqu’à 12 ans
Description : c’est un oiseau de couleur cryptique, discrète. Le corps est brun, sans rayures. Les parties inférieures sont plus claires. Le front est aplati et le bec droit, pointu et fort. Les deux sexes ne sont pas distincts.
Cette Rousserolle effarvatte ressemble comme deux gouttes d’eau à sa cousine, la Rousserolle verderolle, Acrocephalus palustris dont elle se distingue par une croupe plus orangée ainsi que par son chant.
Chant :
Le chant de la Fauvette effarvatte est fait de cris très courts répétés qui se succèdent mélangés à des grincements. Il est puissant. Elle chante plutôt au crépuscule. Son chant est plus sonore et moins grinçant que celui de la Fauvette verderolle, mais la différence n’est pas facile à faire pour les non spécialistes (comme moi).
Le chant territorial des mâles est complexe quand il interagit avec une femelle (2). Il réduit sensiblement cette complexité en émettant des chants monosyllabiques quand il doit défendre son territoire. Cette observation a été confirmée en simulant l’intrusion d’autres mâles sur son territoire.
Habitat: elle fréquente les milieux humides pourvus de végétation haute et serrée comme les roselières mais aussi les buissons de saules et autres arbustes à proximité, et ce jusqu’à 1000 m d’altitude.
En Afrique elle vit dans des milieux analogues mais fréquente aussi les mangroves et quelquefois des zones arbustives et herbacées.
On la trouve en Europe, Sibérie centrale et jusqu’au Japon.
Nourriture : son régime est surtout insectivore. Elle mange aussi des araignées (lesquelles ne sont pas des insectes, rappelez-vous, mais des arthropodes). Un chercheur italien (1) a analysé sur 4 sites différents, les déjections de cet oiseau dans son pays. Les principaux types de proies par ordre d’importance sont les suivants : coléoptères (68%), puis les diptères (mouches). Plus rarement, elle mange des fleurs et de petites baies. Pour chasser, elle sautille rapidement d’un arbre à l’autre par de petits vols habiles.
Comportement :
Le mâle de Rousserolle effarvatte arrive dès fin février , 2 à 3 semaine avant la femelle.
Nidification : cette espèce est monogame et le couple se reforme chaque année. Le nid est construit par la femelle dans les herbes et roseaux à une hauteur moyenne de 60 cm au dessus de l’eau. Il lui faudra 4 jours pour le « gros œuvre » et 3 jours pour les « finitions », les petits matériaux comme les cheveux et poils qui rendent le nid douillet pour ses poussins.
Fin avril, la femelle pond de 3 à 5 œufs de 18 X 14 mm. Leur couleur est vert clair pâle marqué de taches. Ils sont alternativement couvés par la femelle et le mâle, qui enfin se met à l’ouvrage, pendant 9 à 12 jours. Ils sont nourris d’insectes et de chenilles régurgités. Le nourrissage par les deux parents dure de 10 à 12 jours. Les jeunes peuvent alors voler, mais dépendront encore des parents pendant 2 semaines environ. Ils seront matures après un an.
Depuis plusieurs années, des chercheurs (3) ont montré des modifications significatives dans la reproduction de la Rousserole effarvatte. Elle est devenue capable de nidifier 5 à 6 fois par an. En même temps, avec le changement climatique, les temps de sécheresse ou de pluie très longs, les pertes de couvées sont devenues plus importantes.
Parasite : le Coucou gris parasite volontiers cette espèce bien plus petite que lui. Il est à noter que cette Rousserole effarvatte est moins douée que la Rousserolle verderolle. Celle-ci éjecte régulièrement les œufs du Coucou ce que ne sait pas faire, ou très rarement, la Rousserolle effarvatte. Elle manifeste cependant un comportement agressif à la vue d’un Coucou pour le chasser.
Vol : rapide jusqu’à 10 mètres/seconde.
Migration : cette fauvette est migratrice. Elle part fin juillet pour un vol de plus de 6 000 km dans la partie sud de l’Afrique où elle arrive en décembre.
Confusion et sous-espèces : avec les autres rousseroles et passereaux. Il existe 4 sous-espèces réparties de chez nous à l’Iran
Protection et prédateurs: cet oiseau est protégé par la loi et classé LC, préoccupation mineure en Europe. Sa population est stable pour l’heure. Avec les évolutions de l’agriculture intensive, drainage, culture des zones humides, son statut risque d’évoluer défavorablement.
Ses populations pourraient diminuer rapidement. Elle est aussi victime de certains prédateurs, ceux-là naturels : Épervier d’Europe, Geai des chênes, Écureuil roux et Rat des moissons pour ses œufs.
Musique :
. Olivier Messiaen a consacré à cet oiseau une pièce, qui en porte le nom, de son Catalogue d'oiseaux.
Texte Roland Gissinger (Anab) synthèse de sites internet et livres relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Bibliographie :
sites wikipedia
1/ Analysis of Prey Composition in Eurasian Reed Warblers’ Acrocephalus scirpaceus Droppings at Four Breeding Sites in Italy -Renzo lentile – nov 2022
2/ Is syllable repetitions a song parameter important for male-male interactions in Eurasian reed warbler (Acrocephalus scirpaceus)?- Allzbeta Daralova -fev 2024
3/ Climate Change Affects Breeding of Reed Warblers .Lucyna Halupka aug 2006..