Limonium à deux nervures, Statice de Salmon, Statice de l'Ouest ( Limonium binervosum)
Publié le 21 Juillet 2024
Fiche spéciale vacanciers : voici une plante qui attire la convoitise des promeneurs ignorants et de personnes plus intéressées. Cette plante conserve ses couleurs naturelles même séchée. Il n’en faut pas plus pour que certains la cueillent et contribuent ainsi à sa disparition Les lois en vigueur interdisent sa cueillette comme celle de tous les limoniums et statices devenus fort rares. C’est mieux de l’acheter en jardinerie et de la cultiver dans son jardin.
Roland
Nom scientifique : Limonium binervosum (G.E.Sm.) C.E.Salmon, 1907
Synonyme : Ancien nom : Statice occidentalis
Origine du nom : « Limonium» vient du grec, « leimon », « la prairie , son habitat le plus important» et « binervosum» signifie «à deux nervures».
Nom commun allemand : Srandflieder, Meerlavendel oder Widerstoss
Noms anglais : rock sea-lavender
Date de l’observation: le 8 juillet à Saint Brieuc Côtes d’Armor (22)
Famille de plantes : celles des Plumbaginaceae voisine des caryophyllacées (œillets) qui regroupe 836 espèces en 29 genres (2) de différentes régions du globe et d’aspect différent : des lianes, des arbres, des herbes. Il existe entre 80 et 90 espèces d’arméries. En France nous avons les arméries et le genre Limonium, comme la fameuse Lavande de mer. Il existe 400 espèces de limonium dont une trentaine dans notre pays avec quelques très rares, uniquement présents sur le littoral corse.
Caractères communs : fleurs regroupées (épis, grappes, cymes…) Les fleurs ont une forme d’étoile, à symétrie radiale ou dite actinomorphe, de type 5, 5 sépales connés, 5 étamines épipétales (issues et attachées aux pétales) , 5 carpelles soudés en un ovaire à 5 styles.
Catégorie : sous-arbuste et donc, vivace, strictement de bord de mer et halophile, fleurs disposées en zigzags d’un seul côté
Hauteur: 10 à 40 cm
Tiges et racines: tige souvent nue simple, glabre . Le rhizome est ligneux et long.
Feuilles: linéaires, alternes, coriaces, de 5 à 12 mm de large, à une seule nervure ou à nervures parallèles. La feuille parait pliée dans sa longueur et son extrémité est légèrement mucronée.
Fleurs: petites et nombreuses de couleur mauve à violet-bleuté et quelquefois blanches. Les épillets formés de 1 à 2 fleurs, sont portés sur des tiges ramifiées, serrées, étalées formant une large panicule.
Chaque fleur de type 5, possède 5 sépales de 2 à 3 mm, obtus soudés à la base, 5 pétales en étoile, arrondis. A l’intérieur 5 étamines sont soudés aux pétales et entourent le pistil formé de 5 carpelles soudés terminés par 5 styles libres en massue. Les fleurs sont entourées de sépales formant un tube velu à 5 dents triangulaires et courtes et de petites feuilles ou bractéoles..
Les rameaux stériles sont droits.
Pollinisation et diversité des espèces :
La pollinisation est faite par des insectes, abeilles et papillons en particulier mais aussi chez ce limonium par le vent et par lui-même (autogame). La barrière entre reproduction sexuée et asexuée est faible car l’hybridation avec des fleurs censées être autogames est possible par les insectes (4)
Ce limonium possède selon (1) deux types de fleurs dont le croisement est obligatoire pour une autofécondation :
- des fleurs à stigmates en épis de maïs et grains de pollen type A
- des fleurs à stigmates papilleux et grains de pollen type B.
Avec l’auto fécondation il apparait chez les espèces de fleurs concernées, des populations qui peuvent diverger du type principal et constituer ou semblant constituer de nouvelles espèces. En 2008, Ingrouille (2) a décrit 5 nouvelles espèces dans les îles britanniques issues de 153 colonies. Une espèce a été confirmée par Ivor (5). Sell et Murrel dans leur « Flora of Great Britain and Ireland » de 2018 en ajoutent 9 nouvelles par rapport à la flore précédente. Il faut rester prudent pour l’apparition de toutes ces nouvelles espèces. Ces auteurs sont connus pour avoir une démarche de « diviseurs ». Ils élèvent les sous espèces au rang d’espèces, divisent les espèces quand d’autres experts ont plutôt tendance à les rassembler (« les rassembleurs »). Ces 9 espèces sont donc nouvelles jusqu’à preuve d’une analyse génétique du contraire…
A noter que Rois (3) remarque que la biodiversité est moindre chez les plantes apomictiques (sans fécondation croisée) comme ce Limonium à deux nervures que les autres espèces de limonium même avec un patrimoine génétique double de 4 n chromosomes.
Confusion : oui avec d’autres statices. Identification pas si facile avec les feuilles, leur nervation, la forme des fleurs, voir la clé en (1). Il existe aussi plusieurs sous-espèces selon les pays
Fruits : les fruits vert-brunâtres sont des capsules auxquelles restent adhérents le calice et la corolle. Ils contiennent une seule graine
Les graines sont dispersées par les animaux et par le vent car elles sont très légères.
Habitat: c’est une plante exclusivement de lumière sur le littoral baigné par les embruns: pelouses maritimes, prés, marais salés et falaises. Elle supporte les milieux pauvres en nutriments, secs mais ne fleurit pas à l’ombre. Elle est présente le long de l’Océan et dans la Manche.
Ailleurs on la trouve en Espagne, Portugal, Maroc et plus au nord en Grande Bretagne.
Statut de protection : Cette plante est classée VU, vulnérable, partout sauf en Bretagne. Elle est protégée en France et interdite à la cueillette . Elle est déterminante Znieff dans les Hauts de France, Pays-de-Loire et Nouvelle-Aquitaine.
Usage décoratif : Les jardiniers et fleuristes l’utilisent dans de nombreux pays pour décorer les massifs de rocaille et les intérieurs. La RHS, Société Britannique d’horticulture a mis en évidence ses qualités paysagères..
Usage alimentaire plante protégée
Usage médicinal: idem
Usage traditionnel comme tonique mais sans preuve tangible.
Aucun usage n’est confirmé par wikiphyto.
Photos, texte, bibliographie Roland Gissinger (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
1/ Limonium Conservatoire botanique de Brest
2/The Limonium binervosum aggregate (Plumbaginaceae) in the British Isles – M J Ingrouille- June 2008
3/ Phylogeography and modes of reproduction in diploid and tetraploid halophytes of Limonium species (Plumbaginaceae): evidence for apattern of geographical parthenogenesis -Ana Sofia Rois- 2016
4/Reproductive Output and Insect Behavior in Hybrids and Apomicts from Limonium ovalifolium and L. binervosum Complexes (Plumbaginaceae) in an Open Cross-Pollination Experiment – Sofia nov 2020
5/ Status of a Limonium binervosum agg. segregant in an Anglesey saltmarsh -E Ivor – 04-2022