La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis)

Publié le 1 Septembre 2024

La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis)
La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis)
La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis)
La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis)
La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis)

La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis)

Feuilles de tige et d ebase de la Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis)
Feuilles de tige et d ebase de la Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis)
Feuilles de tige et d ebase de la Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis)

Feuilles de tige et d ebase de la Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis)

Dans certaines prairies cette bétoine occupe toute l’espace. Spectacle garanti. Sa variabilité la rend quelquefois difficile à identifier. Même les spécialistes ont du mal à faire le tri dans les sous-espèces.
Roland


Nom scientifique : Betonica officinalis subsp. officinalis L., 1753

Le nom latin est affublé de celui d’une sous espèce, « officinalis » pour compliquer ?. Non, cela  arrive quand l’espèce décrite (« le type »)  dans l’herbier de référence, est différente de l’espèce locale comme dans ce cas.
C’est habituel quand il existe des sous espèces avec des caractères légèrement différents. Ils ont été « produits et sélectionnés » par le climat du lieu. Une plante, isolée d’autres populations,  va produire, dans un écosystème particulier, comme la montagne, une vallée, ou le bord de la mer, une ou des sous espèces avec de petites variations.

Synonyme et ancien nom :
Stachys officinalis, (L.) Trevis., 1842
Le changement de nom est récent. Il s’est fait après examen attentif des caractères des feuilles et des fleurs. Les analyses génétiques et la phytochimie de cette plante ont confirmé qu’elle n’était pas un Stachys mais était plus proche du genre Galeopsis.


Origine du nom : du gaulois «betonica», dérivé de « vettonican », les Veutons peuple espagnol qui découvrit cette plante en Gaule. Son nom d’espèce tire son origine du latin  « officinalis», officinal, médicinal, préparé à l’office (= la pharmacie).

Nom: « Épiaire » selon »le Petit Robert est du genre masculin selon d’autres sources comme le Cnrtl il est féminin. Allez savoir…

Nom commun dialecte / allemand : Echte Betonie oder, Heil-Ziest, Heilbatunge, Flohblume

Nom anglais : betony, common hedgenettle, purple betony

Date de l’observation: le 25 août à Fénétrange (57 – Lorraine)

Famille de plantes : les Lamiacées ou Lamiaceae . Ce sont souvent des  plantes très odorantes comme les lavandes, le Thym, le Basilic, , la Sarriette, la Sauge, les lamiers, les galeopsis.
Cette famille est homogène et comprend 6000 espèces de par le monde, réparties en 210 genres.
Caractéristiques communes : elles contiennent des huiles ou essences aromatiques dans des glandes réparties sur la surface des feuilles  ou à la base de poils glanduleux.
Les feuilles sont opposées et réunies sur un point de la tige carrée en pseudo verticilles. Il en va de même pour les fleurs.

La fleur est de symétrie bilatérale (ou zygomorphe) avec 5 pétales soudés en une corolle à deux lèvres prolongées par un tube.
Elle comporte 4 étamines et quelquefois 2 supplémentaires. L’ovaire possède 4 ovules bien symétriques qui donneront un tétrakène.

Bétoines : les bétoines se différentient des stachys par leur inflorescence compacte au  lieu de verticilles. Elles possèdent à la floraison une rosette basale de feuilles. Ce n’est pas le cas des Stachys.

Catégorie: Plante vivace aux feuilles crénelées opposées d’allure assez variable

Hauteur: 15 à 70 cm

Tiges et racines: tige quadrangulaire à poils de 1.5 mm, dressée, non rameuse, peu feuillée. Cette tige se termine dans la terre par un organe de survie un rhizome et  émet des stolons.
 
Feuilles: opposées, en ovale arrondi et en cœur à leur base. Le bord est denté en créneaux réguliers de 2 à 5 mm. Le limbe est marqué de nervures disposées en réseau.  Les feuilles de la base sont disposées en rosette et pétiolées. Celles de la tige sont sessiles. Elles font de 4 à 12 cm de long pour 1 à 4 cm de large.

La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis) + et répartition selon INPN
La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis) + et répartition selon INPN
La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis) + et répartition selon INPN
La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis) + et répartition selon INPN

La Bétoine officinale, l’Épiaire officinal (Betonica officinalis subsp. officinalis) + et répartition selon INPN

Floraison: de juillet  à septembre
 
Couleur des fleurs: Les fleurs, sont groupées en pseudo-verticilles d’une dizaine de fleurs en position terminale. Leur couleur est pourpre. L’inflorescence  comporte une dizaine de feuilles dénommées bractées, sans pétiole à sa base. La corole de 10 à 15 mm est pourvue d’un long tube de 5 mm sans anneau de poils à l’intérieur. La lèvre supérieure (4mm) est plane, entière ou non. La gorge abrite 4 étamines parallèles brun-violet saillantes et le pistil. En fin de floraison, les étamines se tournent vers l’extérieur, autre divergence d’avec les Stachys. La lèvre inférieure en 2 lobes est sans taches blanches. Les fleurs sont entourées à leur base d’un calice en cloche  à 5 longues dents d’environ 1 mm.

Pollinisation
La plante est mellifère et pollinisée par différents types d’abeilles (hyménoptères) et par des papillons de jour et de nuit. La Bétoine est la plante hôte quasi exclusive (1) de l’Hespérie du marrube Carchara flocciferus présente dans les Alpes.


Confusion : fréquente avec des stachys de même couleur et entre les nombreuses sous-espèces. La Bétoine des Alpes, l'Epiaire du Monte Prada (Betonica hirsuta)- en photos en fin d'article possède un calice très long (11 à 14 mm) aux dents nervurées au contraire de cette Bétoine officinale.

Fruits : les fruits sont des akènes lisses de 3 mm réunis par 4 dans le fond du calice. Ils sont dispersés par les animaux et le vent.

Habitat: présent dans  les prairies maigres, landes et buissons modérément humides des zones de plaines, collines et de montagne mais aussi dans les prairies grasses de zones chaudes. Cette plante est commune partout en France jusqu’à 1400 m dans les Vosges et 2000 m dans les Alpes. On la trouve dans toute l’Europe, autour de la Méditerranée et jusqu’au Caucase.

Protection : cette plante est classée NT quasi-menacée dans la région Nord-Pas-de-Calais et LC, préoccupation mineure ailleurs.
Elle espèce déterminante Znieff dans les Hauts-de-France et en Lorraine.


Utilisation alimentaire :
La bétoine était utilisée pour aromatiser le vin et la bière. L’une d’elles dénommée « Old Doctor Butler's Head, » survit encore aujourd’hui à Londres dans un pub à son nom. Les feuilles séchées pouvaient aussi être utilisées en partie comme tabac à priser.
La Bétoine est une plante très visitée par les insectes en raison de son nectar abondant et par suite très appréciée des apiculteurs.


Utilisation médicinale et toxicité :  
La Bétoine officinale comme son nom l’indique est une plante médicinale de longue date. Déjà le médecin grec Discoride la citait voici 2000 ans. Elle avait une place réservée dans les jardins impériaux de Charlemagne et ceux des monastères. Elle était prescrite pour des problèmes digestifs, urinaires, l’arthrite, la goutte et comme analgésique.

Médecine récente, texte copié de Wikiphyto

Composants principaux de la plante
Tanins Flavonoïdes (quercétine, anthocyanidines) et composés phénoliques (acide ursolique, acide caféique, acide rosmarinique)
Lactones d’amino-alcools : stachydrine (amino-alcool de la famille des bétaïnes)
Complexe glucosidique
Glycosides de phényléthanoïdes : bétonyosides A-F, acétoside, campnéosides II, forsythoside B, leucosceptoside B
Diterpènes : bétonicosides A-D, bétonicolide dans les racines  Iridoïdes

Indications de la plante entière (phytothérapie)
- Bronchites catarrhales
- Toux Sinusites, problèmes dentaires Calculs biliaires, brûlures d'estomac, hypertension, migraines
- En onguent pour les blessures

Des recherches postérieures à l’article de Wikiphyto sur cette plante montrent que l’extrait de la Bétoine officinale a des effets antioxydants très importants et aucun effet délétère sur le matériel génétique. Un extrait méthanolique de cette plante contient 3.8 % d’acide caféique, 4.1 % de tannins exprimés en pyrogalloln 6% de phénols et de nombreux flavonoïdes. Les composés les plus actifs sont  les phényléthanoïdes  déjà cités et l’acide chlorogénique. Ils sont 2 à 3 fois  plus importants en quantités dans les feuilles que dans les racines selon Hadjari (3).
Des analyses plus récentes (4)  confirment le potentiel anti-oxydant et antiseptique de cette plante, sa composition originale par rapport à  d’autres espèces  Stachys. Ces différences, telles les empreintes digitales chez les humains,  permettent aussi d’identifier les espèces et quelquefois leur localisation..

Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.


Utilisation  populaire
: La Bétoine était portée en amulette au cou ou au bras pour se protéger de la sorcellerie au Moyen-Âge. Des descriptions de cette plante au XVI et XVII siècles font état d’une liste interminable de maux pouvant être guéris par cette plante dont, l’appétit, les éructations, les yeux endoloris, les chiens enragés, les tendons coupés ( ?), les crachats de sang,  le contrôle des rêves… la liste est trop longue. (Nicholas Culpeper 1652) C’était une des panacées de l’époque. Ce mot a dérivé ensuite pour être très ironique. Certains dictons font état de l’étendue de ses pouvoirs médicinaux : En Italie« Ha più virtù che Bettonica » = Il a plus de talents que la Bétoine.
La Bétoine servait aussi de colorant jaune pour la laine.

 

Texte et photos Roland Gissinger (Anab) relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)



Sources bibliographiques voir index biodiversité
1/ Nouvelles plantes-hôtes, nouveaux habitats : les Rhopalocères partent à la conquête des cîmes -Tristan Lafranchis janv 2011
2/ Genotoxic properties of Betonica officinalis, Gratiola officinalis, Vincetoxicum luteum and Vincetoxicum hirundinaria extracts  Gra. Slapsyte 2019

3/Total flavonoids, total phenolics and antioxidant activity of Betonica officinalis L. from Kosovo Avni Hajdari mai 2010
4/ Phytochemical Analysis and Biological Activity of Three Stachys Species (dont Stachys officinalis = Betonica officinalis Species (Lamiaceae) from Romania Diana Stegarus  dec 2021

Bétoine des Alpes , l'Epiaire du Monte Prada (Betonica hirsuta)- Bois à Dévoluy  (Hautes Alpes)
Bétoine des Alpes , l'Epiaire du Monte Prada (Betonica hirsuta)- Bois à Dévoluy  (Hautes Alpes)

Bétoine des Alpes , l'Epiaire du Monte Prada (Betonica hirsuta)- Bois à Dévoluy (Hautes Alpes)

Rédigé par ANAB

Publié dans #Fleurs roses

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T
Merci pour cet article très intéressant. Les photos sont magnifiques.<br /> <br /> Pour ce qui est du bon Docteur Butler (non qualifié en médecine), la Wiki n'a pas de version française.<br /> Ses traitements étaient peu orthodoxes 🤣🤣. Il fallait être solide pour les supporter.<br /> Son breuvage n'existe plus. <br /> Dommage, car il aiderait à digérer l'indigeste burger qui apparait en premier quand on clique sur le menu.<br /> <br /> https://www.loquis.com/fr/loquis/1159310/Le+vieux+docteur+Butler+s+Head<br /> https://www.olddoctorbutlershead.co.uk/history
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A
Confirmation de l'existence de ce fameux pub. Merci Toll et merci de ton appréciation.<br /> Chacun pourra se faire une idée de la qualité des menus!😂<br /> Roland
B
Très belles photos. Je suis déjà content de savoir identifier l'espèce (que je trouve semblable à la Brunelle commune), alors oui, laissons les sous-espèces aux spécialistes. 😊
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A
Merci Bern@rd,<br /> Oui pas si facile!