Le Bulime zébré, Bulime radié ( Zebrina detrita)
Publié le 14 Août 2024
Le quiz de Bernard de la semaine dernière nous a obligés à trouver un sujet sur le même thème. En cherchant dans la photothèque Anab nous avons trouvé quelques mollusques dont celui-ci très joli (de notre avis). Il est spécifique des zones sèches.
Bernard et Roland
Nom scientifique : Zebrina detrita (O.F. Müller, 1774)
Origine du nom : vient de « zebrina », côtelé, zèbré et de « detrita », « le déchet » allusion à sa manière de se protéger avec des détritus.
Nom allemand : Märzenschnecke, Zebraschnecke oder Kaiserstuhlschnecke
Nom anglais : striped wood snail, banded wood snail or leopard snail
Classification : le Bulime zébré est une espèce de mollusque gastéropode de l’ordre des stylommatophores et de la famille des Enidae.
Comme nous ne parlons pas souvent des mollusques c’est le moment de revenir sur la classification. Un « mollusque» est d’abord un animal invertébré au corps mou.
L’embranchement Mollusca, les mollusques, regroupe des animaux dont la larve est ciliée. Les adultes ne sont pas segmentés et ont une symétrie bilatérale. La masse viscérale est recouverte ou non d’une coquille.
Ce sont donc, sans entrer dans les détails, tous les coquillages et limaces, tant terrestres que marins.
Les gastéropodes (de gaster le ventre et podos, le pied) ont un corps torsadé et souvent une coquille torsadée et univalve. Il en existe plus de 40 000 espèces dont celle bien connue de l’Escargot de Bourgogne.
Dans cette classe on distingue ceux qui ont un organe de respiration aérienne, un poumon (les stylommatophores) de ceux qui sont uniquement aquatiques et donc n’en ont pas. La majorité est terrestre.
La famille des Enidae fait partie de cet ordre, comme ce bulime. Ce sont des espèces de taille petite à moyenne, de 4 à 20 mm, à coquille très conique ou cylindrique. La coquille compte 5 à 10 tours et plus. Le bord de la coquille est courbé vers l’extérieur et plus ou moins épaissi.
Observation : le 18 juillet à Rouffach (Haut-Rhin - 68)
Dimensions: de 12 à 25 mm
Description : la coquille de ce Bulime zébré se reconnait à sa forme conique, sa taille assez grande et sa couleur claire. Elle est à enroulement à droite et sa spirale compte 6.5 à 7 tours. Sa couleur va du blanc-jaunâtre au brun-rougeâtre. Comme son nom de « zèbre » l’indique, la coquille est rayée en travers par des lignes grises à roux. L’ouverture du coquillage, on parle de péristome, a une bordure épaissie et blanche. Certains individus se camouflent avec des détritus collés à la surface. La couleur générale du corps mou de ce Bulime zébré varie du gris-jaunâtre au gris clair en été et automne, au brun clair à foncé en automne et en hiver.
Confusion : il faut être un peu spécialiste pour identifier ces mollusques et cette spécialité, la malacologie n’est pas fréquente chez les naturalistes… Avis aux amateurs.
Biologie et activité: au printemps après un épisode pluvieux et quand la température est clémente les premiers accouplements ont lieu. La copulation dure 1 heure et peut se reproduire plusieurs fois. L’escargot est hermaphrodite, il possède les deux sexes. Il s’agit donc d’une fécondation mutuelle. La ponte des œufs (15 à 70 œufs) peut avoir lieu, dans un sol meuble, 10 à 20 jours après. Les œufs ne sont pas collés mais séparés par cette terre. Ils mesurent entre 2,1 et 2,.5 mm et éclosent après 27 à 36 jours selon la température ambiante.
Nourriture : les jeunes mangent des herbes en décomposition et les adultes des herbes et feuilles fanées. La maturité est atteinte après environ deux ans. La durée de vie de cette zébrine est de 5 à 6 ans.
Pendant les périodes de sécheresse et canicule, le Bulime zébré monte dans les herbes ou petits branchages pour échapper à la chaleur du sol. Il sécrète alors un mucus devant le péristome et évite ainsi le dessèchement de son corps. Il reprendra une vie active quand le temps sera plus humide.
Habitat:
ce mollusque se trouve sur les terrains chauds et secs à sols calcaires comme les prairies sèches, les vignobles. L’altitude maximale est de 1800 m.
Son habitat est limité à l’Est d’une diagonale Toulouse -Metz dans notre pays. Il est présent dans les pays d’Europe du sud et jusqu’en Turquie.
Protection :
Espèce non protégée par la loi en France. Elle est classée en danger d’extinction ou très menacée dans d’autres pays d’Europe comme l’Allemagne, la Suisse et d’autres. Ses habitats ont régressé ces dernières années par suite des activités humaines, l’agriculture intensive et l’expansion urbaine.
Danger : Le Bulime zébré, ainsi qu’un autre gastéropode, le genre Helicella, sont l’hôte intermédiaire de la Petite douve du foie aux effets handicapants chez les moutons et d’autres mammifères. Sa consommation et celle des pissenlits des prairies pâturées sont déconseillées. A noter que pour son cycle complet la Petite douve nécessite d’être absorbée par des fourmis. Le cerveau des fourmis contaminées est manipulé par les substances émises par les larves (métacercaires). Au lieu de participer à la vie communautaire de la fourmilière, elles grimpent à l’extrémité d’un brin d’herbe. Elles n’y bougent plus et attendent d’être broutées par un mouton ou une vache avec le brin d’herbe. La nature parait violente et manipulatrice mais il s’agit juste, après des millions d’années, d’une sélection des comportements les mieux adaptés pour la Petite douve. Elle permet une meilleure expansion.
Autre infestation par un ver parasite (trématode),
Une étude turque (1) fait état d’un taux d’infestation de 1,7% chez Zebrina detrita, le gastéropode du jour, 5.7 % chez Xelorenta obvia et 17.4 % chez Monacha sansunensus
Prédateurs : certains oiseaux et carnivores mangent cet escargot
Archéologie : ce coquillage a été retrouvé dans d’innombrables sites archéologiques. Il a pu servir de nourriture mais surtout il a été l’objet de monnaie d’échange et de bijou comme dans de nombreux autres endroits pour d’autres coquillages, exemple bien connu, le Murex au Moyen-Orient.
La carte (extraite du MNHN) montre la localisation historique, (quelquefois transporté par les humains) et le nombre de sites où il a été retrouvé sur notre territoire.
Texte Roland Gissinger et Bernard Weinzaepflen (Anab) - photos Roland
Merci à Claude Vilvens du Muséum MNHN de l’identification
Sources bibliographiques voir index biodiversité
1/ Natural infection of the land snails Xerolenta obvia, Zebrina detrita, and Monacha samsunensis by Brachylaima sp. metacercariae in Kastamonu, Turkey- Gozde Gürelli 2018
2/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Zebrina_detrita
3/ Zebrina detrita wikipedia allemand