Le Centranthe rouge, Valériane rouge, Lilas d'Espagne (Centranthus ruber)
Publié le 11 Août 2024
Le Centranthe rouge, Valériane rouge, Lilas d'Espagne ( Centranthus ruber et sa répartition selon INPN
Vous avez tous déjà vu cette plante rouge dans des jardins ou sur une voie ferrée ou encore long d’une route. Elle possède une capacité hors norme à se développer dans la nature très chaude et rocailleuse ou bétonnée. Son expansion va se poursuivre les prochaines années.
Roland
Nom scientifique : Centranthus ruber (L.) DC., 1805
Origine du nom : du grec « kentron», « l’éperon» et « anthos », « la fleur » en raison du long éperon qui prolonge la fleur. Le nom d’espèce vient du latin «ruber», signifiant «rouge», sa couleur habituelle.
Autres noms communs : Valériane des jardins
Noms en dialecte alsacien/ allemand,: Rote Spornblume
Nom anglais : red valerian, spur valerian, kiss-me-quick, devil's beard (ces noms traduits valent leur pesant de cacahuètes😁)
Date et lieu de l’observation : vue le 28 juillet à Schopperten (Bas-Rhin - 67)
Famille de plantes : les Caprifoliacées qui regroupe (selonles auteurs) 420 à 750 espècs réparties en 37 genres. Ce sont les Chèvrefeuilles, des scabieuses, des knauties, des valérianes. Cette famille a été recomposée (c‘est courant par les temps qui courent, même chez les plantes) avec la famille des Dipsacacées, (scabieuses, cardères) après des études génétiques et phylogénétiques faites en 1998. La filiation actuelle se base sur la présence de gènes liés aux organes typiques des végétaux, producteurs d’énergie et d’oxygène, les chloroplastes.
Les fleurs de ces plantes sont de symétrie 5 (ou quelquefois 4) : 5 sépales, 5 pétales, 5 étamines sur la corolle et 3 carpelles soudés en un ovaire de type infère. La symétrie est perdue sur la fleur car 2 carpelles avortent et ne produisent pas de graines. Les feuilles sont opposées.
Il existe plus 9 espèces de Centranthes, Centranthus, toutes européennes, dont 5 en France. Elles diffèrent des valérianes par une fleur plus grande (6 mm et plus) et la présence d’un éperon). Elles ont une seule étamine au lieu de trois.
Catégorie : plante vivace, odorante, glabre et glauque de milieu chaud et sec. Elle peut prendre l’allure d’un petit buisson selon les endroits.
Hauteur : 30 à 80 cm
Tige: dressée, creuse, cylindrique et cannelée, simple ou rameuse de 12 à 15 mm de diamètre. Elle est fixée sur une souche épaisse
Feuilles :
elles sont ovales, opposées, entières, larges et glauques. La taille est de 8 à 14 cm de long pour 2 à 5 cm de large. Les feuilles sont peu dentées, celles de base pétiolées, celles du haut sessiles. Les entrenœuds sont nombreux (8-20) et courts, de 2 à 6 cm.
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Fleurs Les fleurs de cette valériane sont odorantes, de couleur habituelle rouge brique. Ce rouge varie selon les plants du pourpre au rose pâle et jusqu’au blanc. En moyenne, 10% des individus sont blancs. Les fleurs sont petites mais prolongées par un tube de 8 à 14 mm et un éperon divergent de 5 à 10 mm. Elles sont si nombreuses que l’inflorescence en ombelles denses est très visible.
Chaque fleur a 5 pétales soudés en tube à la base, elle-même prolongée par long éperon(voir photo). La fleur se distingue par une seule étamine saillante et un style issu d’un seul carpelle fertile.
Pollinisation
Cette plante parfumée attire de nombreux insectes, abeilles, mouches et papillons. Ils visitent cette fleur, pompent du nectar et permettent une fécondation croisée.
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Fruits : Ce sont des akènes glabres avec une aigrette plumeuse qui facilite leur dispersion.
Habitat : plante de terrains chauds et très secs comme les voies ferrées, les éboulis, les vieux murs, les rochers. Elle est indifférente à la nature du sol, et survit entre les fissures des rochers.
Elle est native de la zone méditerranéenne et présente de l’Espagne à l’Ukraine. Elle s’est naturalisée en France et dans les îles anglo-normandes. Elle est considérée comme un vrai fléau et plante invasive dans certains pays. En Afrique du Sud (1) elle est strictement interdite à la vente et à la plantation. Elle fait dans ce pays l’objet de plusieurs recherches pour arriver à la contrôler. Les chercheurs ont noté sa grande résistance aux incendies qui explique sa dissémination. Elle est l’une des plantes les plus rapides à reprendre son expansion après un incendie.
Confusions possibles : on distingue une sous variété en Grèce et les pays voisins. Il existe d’autres centranthes comme le Centranthe à feuilles étroites, en montagne et le Centranthe chausse-trappe, méridional aux feuilles et fleurs très différentes. Ils sont également présents sur des pierriers et éboulis (voir photos).
Statut et réglementation: plante pas très ancienne dans notre flore. Elle est considérée comme un néophyte et n’a pour cette raison aucun statut légal.
Elle est cependant déterminante Znieff dans les régions Champagne-Ardennes et Midi-Pyrénées. Pour cette dernière région c’est assez étonnant, car ce Centranthe rouge y occupe des surfaces très importantes dans les friches, routes et voies ferrées.
Horticulture : plante très utilisée dans les jardins d’où elle s’évade facilement. Elle existe sous la forme de nombreux cultivars de toutes les couleurs citées.
Usage alimentaire : les feuilles étaient mangées autrefois en salade dans certains pays méditerranéens.
Usage médicinal :
Cette plante n’est pas citée dans wikiphyto et n’est donc pas considérée comme médicinale.
L’écorce de la racine de ce Centranthe rouge contient plus de substances actives, iridoïdes ou valepotriates (7%) que la Valériane officinale, Valeriana officinalis, classée depuis des millénaires comme plante médicinale. Un extrait, peu toxique, pourrait être utilisé comme calmant, pour diminuer l’anxiété, favoriser le sommeil et la concentration intellectuelle.
Cette plante a fait l’objet de recherches récentes en 2022 sur les possibilités d’utilisation comme médicament. Sa teneur en flavonoïdes et composés phénoliques, semble très intéressante aux chercheurs (2). Elle pourrait être source de nouveaux agents contre l’obésité et l’arthrose selon leurs tests faits in vitro, c'est-à-dire, sur des tests biologiques simulant les activités dans notre organisme.
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques
Texte, photos, bibliographie Roland Gissinger (Anab)
Bibliographie
Voir fin d’article index plantes
1/ Invasive potential and management of naturalised ornamentals across an urban environmental gradient with a focus on Centranthus ruber- Patricia Holmes 2018
2/ Centranthus ruber (L.) DC. and Tropaeolum majus L.: Phytochemical Profile, In Vitro Anti-Denaturation Effects and Lipase Inhibitory Activity of Two Ornamental Plants Traditionally Used as Herbal Remedies Vincenzo Musolino dec 2022
Centranthe chausse-trappe - Centranthus calcitrapae exclusivement méridionale (village de St Gilles -30 -Gard )