Le Goéland argenté (Larus argentatus)
Publié le 18 Septembre 2024
Le Goéland argenté est un oiseau côtier qui suscite admiration, crainte et quelquefois rejet. Ceci provient de son adaptation facile à tous les milieux et à sa robuste constitution.
Roland
Nom scientifique Larus argentatus Pontoppidan, 1763
Origine du nom : « larus» vient du latin qui désignait la mouette et « argentatus », signifie argenté en rapport avec la couleur gris argent sur les côtés et le dos de cet oiseau.
Le mot « goéland » provient du breton « gouelan » qui signifie « pleurer » car cet oiseau émet des cris plaintifs.
Nom allemand : Silbermöwe
Nom anglais : Herring Gull
Observation: le 10 juillet à Paimpol (Côtes d’Armor)
Classification et famille: celle des Laridés qui sont des oiseaux marins ou aquatiques vivant toujours à proximité d’un continent ou d’une île. Ce sont les mouettes, goélands et sternes. Ils sont de taille moyenne à grande. Ces espèces proviennent d’un ancêtre unique qui vivait exclusivement en bord de mer. Ce sont des oiseaux qui vivent en colonies, sont monogames et dont les deux parents élèvent les jeunes.
Dimensions et poids : le Goéland argenté mesure de 55 à 65 cm de long, pour 125 à 155 cm d’envergure.
Poids : 750 à 1200 g environ pour le mâle. Il est adulte en 4 à 7 ans. La femelle est légèrement plus petite que le mâle. Excepté cette différence les deux genres sont semblables.
Longévité :12 ans en moyenne avec un maximum de 34 ans. Le taux de survie des oisillons au nid n’est que de 30%.
Description de l’adulte : c’est un oiseau de couleurs blanche et grise. Le corps est puissant mais réduit quand on le regarde planer avec ses très longues ailes. Les extrémités de ses ailes étroites ont des marques noires. Le plus distinctif est sa tête et son cou très blancs, son bec jaune marqué d’une tache rouge-orangé sur la mandibule inférieure et marqué d’un bec arqué. L’iris de son œil est jaune et ses courtes pattes sont couleur chair.
Confusions : il existe de nombreuses espèces de goélands assez voisins d’aspect. Dans notre pays le plus susceptible d’être vu et confondu avec lui est le Goéland leucophée, souvent appelé « gabian », Larus michahellis dont les pattes sont jaunes et la couleur du dos plus foncée.
Chant :
Le chant du Goéland argenté est varié. Cela va du cri aux jacassements. Le cri principal est un « kiau kiau » strident qui est un cri d’excitation, d’alarme ou de contact. Ci-dessous un exemple.
Habitat: le Goéland argenté est présent surtout le long des côtes mais remonte les estuaires et s’installe sur des lacs ou réservoirs.
On le trouve sur la façade atlantique de l’Europe, du Nord de l’Espagne jusqu’au Nord de la Norvège et jusqu’en mer Baltique.
Son aire et sa population ont augmenté au siècle dernier.
Nourriture : son régime est opportuniste, omnivore. Il consomme des poissons mais moins que ce qui est souvent rapporté. Une bonne part de son régime est constitué des mollusques, moules communes, coques, crevettes, crabes, des insectes et leurs larves. Il peut être un redoutable prédateur de petits mammifères comme des lapereaux, d’autres oiseaux ; canards, oiseaux nichant en colonies (sternes, guillemots) et d’autres, faciles à attraper car épuisés par leur migration. Il s’attaquera sans sourciller aux oisillons d’autres goélands ou à leurs œufs, laissés sans surveillance. Il est charognard et mange les détritus des bateaux de pêche et des décharges. A l’occasion il harcèle d’autres oiseaux jusqu’à ce qu’ils lâchent leurs proies et est donc aussi cleptoparasite. Il rejette de tous ces « aliments » ingérés des pelotes constituées des éléments indigestes comme le font de nombreux rapaces.. Elles mesurent de 2 à 5 cm.
Comportement :
Sociabilité : le Goéland aime être en groupe non seulement avec d’autres goélands mais aussi avec d’autres espèces d’oiseaux de mer. Ses colonies vont de quelques dizaines à 15 000 couples d’individus.
Nidification : le Goéland argenté est monogame et le couple se reforme chaque année. Les goélands apparaissent en Bretagne dès décembre et plus tard dans les pays du Nord. Dès leur arrivée au mois d’avril ils recherchent et s’approprient un territoire et recherchent leur ou un compagnon. Le rituel principal de la parade nuptiale consiste à la mendicité de nourriture faite par la femelle. La femelle a besoin de beaucoup d’énergie et de protéines pour pondre des œufs et cette demande n’est donc pas de la gourmandise de sa part mais une nécessité vitale pour aboutir à pondre des œufs de qualité et donc des jeunes du même ordre. Le rituel de parade commence environ 30 jours avant la ponte avec un pic à 10 jours avant et se termine avec la ponte. Les goélands établissent une distance » de sécurité minimale » de deux mètres entre deux nids que tout volatile et même humain ne devra pas franchir faute d’être attaqué sur le champ par un des parents.
Le nid, souvent élaboré par le mâle, est constitué de brindilles, herbes, racines, algues mais aussi déchets divers comme du plastique, des plumes ; Il est posé à même le sol dans une petite dépression existante ou creusée avec les pattes. Les goélands apprécient les rochers et côtes escarpées. Dans les pays du Grand Nord il niche dans les landes et la toundra et au bord des lacs.
La femelle pond de 3 à 4 œufs. Leur couleur ponctuée de taches brunes, est variable, du blanc au vert et au beige. Le poids d’un œuf est de 40 grammes environ. Ils sont alternativement couvés par la femelle et le mâle pendant 28 à 30 jours. Les poussins sont bien camouflés avec leur couleur beige peu visible. Ils quittent le nid après quelques jours surveillés attentivement par leurs parents. S’ils quittent le territoire ils seront attaqués par un adulte voisin et dévorés. Ils sont nourris par leurs parents qui régurgitent leur repas dans leur bec. Pour solliciter leurs parents les jeunes touchent la partie rouge du bec. Les jeunes peuvent voler après 6 semaines.
Migration : Les populations de Goéland argenté des régions du Nord vont migrer fin août vers le sud et d’autres sont résidentes toutes l’année.
Protection et prédateurs: l’aire et la population de cet oiseau a augmenté au siècle dernier. Il avait disparu au début du XX ème siècle de notre pays et dans d’autres suite à la chasse à ses œufs. Ses populations se sont reconstituées et il a commencé à repeupler les villes françaises dans les années 1970.
Cette évolution de la population est lié à l’arrêt de la chasse à cet oiseau et à ses œufs et aux nouvelles sources de nourriture. Le goéland fréquente assidûment les décharges et autres lieux où la nourriture est facilement accessible.
Dans plusieurs pays les populations de goélands se sont reconstituées si vite qu’ils ont été considérés comme nuisibles et régulés par des poisons ou de la chasse. Leur rôle de prédateur a été remis en question. Les habitats des autres oiseaux ont été réduits et reste la cause le plus importante de leur déclin. Un meilleur contrôle des décharges et la nourriture humaine rendue peu accessible sont de bons moyens de limiter son expansion.
La population est évaluée à 55 000 couples en France selon l’INPN en 2015 et environ 800 000 en Europe.
Il est protégé par la loi et classé NT, quasi menacé en France. Il est classé VU, vulnérable, dans les régions Nord-Pas-de Calais et Poitou-Charentes.
Pour compléter : lire absolument cet article très récent (août 2024) paru sur Reporterre, si vous voulez comprendre le comportement des goélands et les problématiques liées à sa présence:
Fientes, cris, vols de nourriture... Le goéland, reflet de nos mauvais comportements
Photos et texte Roland Gissinger (Anab) synthèse de sites internet et livres
Bibliographie :
article très complet sur le Goéland argenté wikipedia fr
https://reporterre.net/Voleur-de-glaces-Le-goeland-reflete-surtout-nos-mauvais-comportements