Les solutions fondées sur la nature s'avèrent rentables contre les catastrophes

Publié le 16 Septembre 2024

Les solutions fondées sur la nature s'avèrent rentables contre les catastrophes

Paru sur Géo le 17/7/2024

Face aux inondations, faut-il restaurer une mangrove, ou vaut-il mieux bâtir une digue ? Des scientifiques ont recensé plus de 20 000 études évaluant l'efficacité économique des "solutions fondées sur la nature" vis-à-vis du risque de catastrophes liées au changement climatique.

Leonore Gewessler n'aura pas à rougir de son choix ! Le mois dernier, la ministre autrichienne de l'Environnement bravait la ligne de son gouvernement pour sauver une législation-clé du Pacte Vert européen.

Ce texte impose en effet d'instaurer d'ici à 2030 des mesures de rétablissement des écosystèmes sur 20 % des terres et espaces marins à l'échelle de l'UE, et de restaurer 30 % des habitats (zones humides, forêts...) en mauvais état.

Si la mesure vise d'abord à enrayer la perte de biodiversité, elle a également pour but de faire émerger des "solutions fondées sur la nature". C'est-à-dire des actions qui s'appuient sur les écosystèmes pour relever des défis tels que la lutte contre les changements climatiques, la gestion des risques naturels, la santé, l’approvisionnement en eau et la sécurité alimentaire (Comité français de l'UICN).

Rentables dans 95 % des études recensées

Mais pour quels résultats concrets ? Une équipe internationale dirigée par des chercheurs de l'université du Massachusetts à Amherst (UMass) a recensé plus de 20 000 études scientifiques évaluant l'efficacité économique de ce type d'actions face aux catastrophes liées au changement climatique : inondations, ouragans, vagues de chaleur, etc.

Publiée dans la revue Science of the Total Environment (mise en ligne le 6 juillet 2024), leur analyse révèle que les solutions fondées sur la nature se sont avérées rentables pour atténuer les risques dans 95 % des études recensées – et ce, quelles que soient les conditions (71 %) ou alors sous certaines conditions uniquement (24 %).

Les interventions basées sur les écosystèmes les plus fréquemment jugées efficaces pour atténuer les risques portaient sur les mangroves, les forêts ainsi que les écosystèmes côtiers.

En outre, parmi les études qui ont comparé ce type d'actions à un procédé d'ingénierie – digues, par exemple –, 89 % ont estimé que les premières étaient plus efficaces pour atténuer les risques. Et aucune étude n'a conclu qu'une solution fondée sur la nature était systématiquement moins efficace que l'alternative considérée.

Des avantages "sous-estimés"

"Les solutions fondées sur la nature sont désormais reconnues par les principales politiques nationales et les accords-cadres internationaux de lutte contre le changement climatique, y compris ceux rédigés par l'ONU et la Maison Blanche", indique Marta Vicarelli, professeure d'économie et de politique publique à l'UMass et première auteure de l'étude (communiqué).

"Cependant, les connaissances scientifiques sur (leur) rapport coût-efficacité et (leurs) résultats en matière d'équité sont limitées", note-t-elle.

Nos résultats indiquent non seulement que les solutions fondées sur la nature sont économiquement efficaces pour atténuer les risques, mais aussi que leurs avantages sont encore sous-estimés.

En effet, si l'ensemble des études examinées dans le cadre de l'article ont porté sur les avantages en termes d'atténuation des risques, nombre d'entre elles n'ont en revanche pas pris en compte d'autres bénéfices environnementaux et socio-économiques potentiels : le maintien de la biodiversité, l'atténuation du changement climatique, le soutien aux communautés humaines défavorisées…

"Les autres avantages des solutions fondées sur la nature sont largement sous-estimés parce qu'ils sont difficiles à quantifier", explique la Pr Vicarelli. "Comment évaluer les améliorations de la qualité de l'air ou des sols ? Comment évaluer la protection d'une espèce menacée ou l'augmentation globale de la biodiversité (…) ? Ces évaluations nécessitent des techniques complexes et coûteuses."

La synthèse met par ailleurs en évidence le fait que ces solutions ont été financées principalement par le secteur public – y compris lorsque les interventions impliquaient des propriétés privées. Pour que leur impact devienne véritablement mondial, des financements supplémentaires sont donc nécessaires, avec une part plus importante provenant du secteur privé, soulignent les auteurs.

Face aux inondations, faut-il restaurer une mangrove, ou vaut-il mieux bâtir une digue ? Des scientifiques ont recensé plus de 20 000 études évaluant l'efficacité économique des "solutions fondées sur la nature" vis-à-vis du risque de catastrophes liées au changement climatique.

Leonore Gewessler n'aura pas à rougir de son choix ! Le mois dernier, la ministre autrichienne de l'Environnement bravait la ligne de son gouvernement pour sauver une législation-clé du Pacte Vert européen.

Ce texte impose en effet d'instaurer d'ici à 2030 des mesures de rétablissement des écosystèmes sur 20 % des terres et espaces marins à l'échelle de l'UE, et de restaurer 30 % des habitats (zones humides, forêts...) en mauvais état.

Si la mesure vise d'abord à enrayer la perte de biodiversité, elle a également pour but de faire émerger des "solutions fondées sur la nature". C'est-à-dire des actions qui s'appuient sur les écosystèmes pour relever des défis tels que la lutte contre les changements climatiques, la gestion des risques naturels, la santé, l’approvisionnement en eau et la sécurité alimentaire (Comité français de l'UICN).

 
 
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Rentables dans 95 % des études recensées

Mais pour quels résultats concrets ? Une équipe internationale dirigée par des chercheurs de l'université du Massachusetts à Amherst (UMass) a recensé plus de 20 000 études scientifiques évaluant l'efficacité économique de ce type d'actions face aux catastrophes liées au changement climatique : inondations, ouragans, vagues de chaleur, etc.

Publiée dans la revue Science of the Total Environment (mise en ligne le 6 juillet 2024), leur analyse révèle que les solutions fondées sur la nature se sont avérées rentables pour atténuer les risques dans 95 % des études recensées – et ce, quelles que soient les conditions (71 %) ou alors sous certaines conditions uniquement (24 %).

Les interventions basées sur les écosystèmes les plus fréquemment jugées efficaces pour atténuer les risques portaient sur les mangroves, les forêts ainsi que les écosystèmes côtiers.

En outre, parmi les études qui ont comparé ce type d'actions à un procédé d'ingénierie – digues, par exemple –, 89 % ont estimé que les premières étaient plus efficaces pour atténuer les risques. Et aucune étude n'a conclu qu'une solution fondée sur la nature était systématiquement moins efficace que l'alternative considérée.

Des avantages "sous-estimés"

"Les solutions fondées sur la nature sont désormais reconnues par les principales politiques nationales et les accords-cadres internationaux de lutte contre le changement climatique, y compris ceux rédigés par l'ONU et la Maison Blanche", indique Marta Vicarelli, professeure d'économie et de politique publique à l'UMass et première auteure de l'étude (communiqué).

 

"Cependant, les connaissances scientifiques sur (leur) rapport coût-efficacité et (leurs) résultats en matière d'équité sont limitées", note-t-elle.

Nos résultats indiquent non seulement que les solutions fondées sur la nature sont économiquement efficaces pour atténuer les risques, mais aussi que leurs avantages sont encore sous-estimés.

En effet, si l'ensemble des études examinées dans le cadre de l'article ont porté sur les avantages en termes d'atténuation des risques, nombre d'entre elles n'ont en revanche pas pris en compte d'autres bénéfices environnementaux et socio-économiques potentiels : le maintien de la biodiversité, l'atténuation du changement climatique, le soutien aux communautés humaines défavorisées…

"Les autres avantages des solutions fondées sur la nature sont largement sous-estimés parce qu'ils sont difficiles à quantifier", explique la Pr Vicarelli. "Comment évaluer les améliorations de la qualité de l'air ou des sols ? Comment évaluer la protection d'une espèce menacée ou l'augmentation globale de la biodiversité (…) ? Ces évaluations nécessitent des techniques complexes et coûteuses."

La synthèse met par ailleurs en évidence le fait que ces solutions ont été financées principalement par le secteur public – y compris lorsque les interventions impliquaient des propriétés privées. Pour que leur impact devienne véritablement mondial, des financements supplémentaires sont donc nécessaires, avec une part plus importante provenant du secteur privé, soulignent les auteurs.

 
Mastasia Michaels

Rédigé par ANAB

Publié dans #Changement climatique, #Apprendre de la nature

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