L’Agrostide capillaire, Agrostide commune, Agrostis capillaire (Agrostis capillaris)

Publié le 9 Octobre 2024

L’Agrostide capillaire, Agrostide commune, Agrostis capillaire (Agrostis capillaris) et sa répartition selon INPN
L’Agrostide capillaire, Agrostide commune, Agrostis capillaire (Agrostis capillaris) et sa répartition selon INPN
L’Agrostide capillaire, Agrostide commune, Agrostis capillaire (Agrostis capillaris) et sa répartition selon INPN
L’Agrostide capillaire, Agrostide commune, Agrostis capillaire (Agrostis capillaris) et sa répartition selon INPN
L’Agrostide capillaire, Agrostide commune, Agrostis capillaire (Agrostis capillaris) et sa répartition selon INPN
L’Agrostide capillaire, Agrostide commune, Agrostis capillaire (Agrostis capillaris) et sa répartition selon INPN

L’Agrostide capillaire, Agrostide commune, Agrostis capillaire (Agrostis capillaris) et sa répartition selon INPN

Cette Agrostide capillaire a vraiment de très petites fleurs. Pourtant, elle est encore bien visible avec ses épillets pourpres et le sera jusqu’à la fin de l’hiver. Elle est très commune.
Roland



Origine du nom : « agrostis» signifie « herbe des champs, pas très original, et « capillaris  »  signifie « le cheveu», comme la taille très fine de ses épis.
Autre nom commun : Agrostides des  prés, Traînasse…

Nom scientifique : Agrostis capillaris L., 1753
Synonyme : Agrostis tenuis

Dialecte / Allemand: Rote Straußgras

Nom anglais : comment bent

 

Date de l’observation: le 6 septembre à Keskastel (67)

Famille de plantes : C’est la grande famille des  Poacées autrefois dénommées Graminées.
Il existe plus de 12 000 espèces identifiées au niveau mondial et plusieurs centaines en France.
Ce sont toutes ces herbes qui ressemblent de près ou de loin à du maïs, du riz, canne à sucre, du bambou, du mil, du blé, de l’avoine ou encore de l’orge.
C’est LA famille de première importance au niveau nutritionnel, toutes les céréales comestibles en font partie

Elle recouvre 40% de la couverture végétale terrestre.
Caractères communs :
Plantes herbacées à fleurs peu visibles, non colorées. Leurs  tiges, les chaumes,  sont  cylindriques, creuses et portent des nœuds où naissent les feuilles.
Normalement une feuille possède une partie élargie, le limbe et une partie étroite le pétiole qui la raccorde à la tige comme la feuille d’un pommier par exemple.
Les feuilles des Poacées, n’ont pas de vrai pétiole et forment une gaine foliaire entourant la tige à partir du nœud. Le limbe de la feuille s’élargit  quand il s’écarte de la tige, à partir de la ligule. Il devient alors visible pour l’observateur. Il lui est aussi facile de reconnaitre au toucher ces nœuds car renforcés par des fibres.
Le réseau racinaire des Poacées est variable pour s’adapter à tous les milieux. Il est très perfectionné et permet à certaines espèces d’améliorer les rendements agricoles ou de s’étendre rapidement  pour former des grandes pelouses ou gazons, par tallage ou drageonnage.

Points communs des agrostis : ce genre se caractérise par des épillets de moins de 4 mm à une seule fleur et semblent comprimés sur le côté. Les fleurs sont à poils très courts à leur base ou parfois  sans poils. C’est le contraire chez les Calamagrostis qui se caractérisent par la présence de poils à la base des fleurs. La taille des agrostis dépasse rarement 1m. Les feuilles sont linéaires et mesurent entre 5 et 11 mm de large. Elles sont rainurées et glabres. La ligule, petite cicatrice à la naissance de la feuille, est membraneuse.

Catégorie : vivace, graminée de taille moyenne, en touffes lâches

Hauteur : de 20 à 60 cm. La taille est très variable et souvent liée à une hybridation avec d’autres agrostis ou avec la richesse du milieu.

Tige: ascendante, genouillée, à rhizomes courts, sans stolons de surface. Les racines peuvent descendre à 50 cm de profondeur. Les tiges du haut sont un peu rugueuses au toucher.

Feuillage : les feuilles vertes, planes, de la tige mesurent 4 à 15 cm et sont très fines, de 1 à 5 mm de large. Celles de la base sont à peine plus longues et plus larges. Les jeunes feuilles sont enroulées. La ligule est très courte, 1 à 3 mm, membraneuse, à pointe large plus ou moins dentée.

Floraison : juin à août

Fleurs : la panicule est longue et lâche, de 4 à 15 cm pour 12 cm de large. Les rameaux sont lisses et étalés. Les épillets à une fleur sont de couleur brun pourpre caractéristique portés par des rameaux de 2 à 10 cm. Les épillets sont des ovales, pointus à l’extrémité, comprimés de 1.5 à 3 mm. Ces épis sont sans arrête ou à arrête courte et sans poils à la base. Les 2 étamines ont des anthères en X.
La panicule résiste à l’hiver et reste visible.

Pollinisation : plante autostérile, pollinisée par le vent

 

Fruits : ce  sont des fruits secs typiques, des caryopses, qui mûrissent en août et septembre. Ils sont très abondants et peuvent survivre dans le sol sans germer pendant 5 ans. Ils sont aisément dispersés par le vent, l’eau, les animaux et les humains tant ils sont légers.

Habitat : plante typique des forêts claires, des chemins forestiers, talus de route, prairies maigres ou grasses-humides, landes. Le milieu favorable pour cette  plante est neutre ou acide et la demi-ombre.
L’Agrostide capillaire est d’origine d’Eurasie mais est naturalisée à présent dans le Monde entier.


Confusion possible : oui avec d’autres graminées ou agrostis.  A noter que la ligule de l’Agrostis stolonifère, Agrostis stolonifera,  est  pointue contrairement à l’espèce du jour. La détermination des agrostis est difficile.

Protection : plante très commune,  non réglementée, classée « préoccupation mineure » (LC).


Écologie 
L’Agrostide capillaire apparait dans des zones perturbées ou trop humides. Après un incendie dirigé, il a été constaté qu’elle est dix fois plus abondante que dans la zone voisine non soumise au feu. Elle résiste aussi à de très basses températures et est présente jusqu’à 2600 m.
Elle ne tolère pas le magnésium et donc est peu présente sur le rivage et les côtes. Par contre elle est très résistante à certains polluants tels les métaux lourds comme le plomb, le nickel et l’arsenic. Une étude très récente (1) a montré que les agrostides prélevées sur les mines polluées à l’arsenic absorbaient et accumulaient bien plus d’arsenic que celles issues de semences commercialisées. Les différences génétiques entre les plants sont minimes même si la génétique de cette plante (2)  est bien adaptée. L’un des facteurs clés est la présence de mycorhizes bactériennes qui transforment l’arsenic toxique en un sel d’arsenic toléré par la plante. Sur les sols miniers pollués, au fil des générations, les agrostides ont pu sélectionner et développer une flore mycorhizienne adaptée à l’arsenic et ainsi améliorer leur développement. La composition du sol et la teneur en éléments nutritifs disponibles sont d’autres facteurs possibles (2).

 Elle peut être utilisée comme d’autres espèces d’agrostides pour dépolluer les sols. L’herbe est récoltée avec les polluants absorbés et sortie du site pour être traitée dans une usine spécifique de récupération-dépollution de ces éléments. C’est un process dénommé « phytoremédiation ».

Dans certains pays comme l’Australie où l’Agrostide capillaire n’était pas présente, elle y est devenue invasive. Elle recouvre les herbes indigènes et affecte la biodiversité en particulier celles des papillons qui ne trouvent plus leurs plantes hôtes spécifiques. Cette expansion est due à l’extrême plasticité génétique de cette plante, de son grand nombre de graines et de ses rhizomes. Elle est aussi porteuse sain d’un virus, le « Virus de la jaunisse nanisante de l’orge »  qui attaque diverses autres plantes qui se trouvent au même endroit.

Agriculture : c’est une herbe considérée comme intéressante pour le pâturage sur les sols pauvres. Elle sert de nourriture aux oiseaux et petits mammifères sauvages. Elle peut être utilisée pour lutter contre l’érosion.

Horticulture : ses belles touffes fleuries en font une plante appréciée des jardiniers. Elle est plantée en touffes serrées sur des gazons mais plus techniquement sur des terrains de tennis et de golfs où elle offre une excellente surface de jeu. Son utilisation intensive n’est cependant pas possible.

 


Utilisation médicinale et alimentaire:
L’Agrostis capillaire peut être responsable d’allergie de type rhume des foins.

Pas d’utilisation médicinale et alimentaire trouvée


 

Texte et  photos Roland Gissinger (Anab) Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)



Sources bibliographiques voir index biodiversité

1/ Arsenic uptake by Agrostis capillaris, as related to its genotypic diversity in the area of historical ore mining and processing Agnieszka Dradrach juin 2024
2/

3/A physiological approach to study the competition ability of the grassland species Trifolium pratense and Agrostis capillaris Joan Apodaca nov 2020

 

Rédigé par ANAB

Publié dans #Fleurs vertes-brunes, #Biodiversité de notre région

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Commenter cet article
P
Comme vous l'avez compris j'aime beaucoup les graminées,et particulièrement les Agrostis. Ce sont des plantes qui ont une élégance folle. Les golfeurs ne pourront,hélas pour eux, jamais admirer leur délicatesse.<br /> Merci Roland pour cet article très complet et ces toujours belles photos.
Répondre
A
Merci beaucoup Pomme63 d'aimer les graminées et d'avoir apprécié mon article.<br /> <br /> Pour les golfeurs, je ne pense pas qu'ils soient des grands protecteurs d ebiodiversité. Dommage pour eux.<br /> Dans notre région, les élus voulaient subventionner la création d'un golf (Sommerau) dans un endroit idyllique et riche en biodiversité;<br /> Toute la biodiversité aurait été détruite pour engazonner avec une ou deux graminées et consommer beaucoup d'eau.<br /> Ouf, nous y avons échappé.<br /> Roland
T
Très jolie en pleine nature, comme en témoignent ces belles photos. <br /> Ce n'est pas ce que l'on verra sur les terrains de golf et de tennis où "common bent" est appréciée pour sa couleur, sa texture et sa durabilité.
Répondre
A
Merci Toll de ton commentaire et bien sûr, les golfeurs ne verront jamais l'ombre d'un épi de cet Agrostide. mais seulement les courtes tiges...<br /> Roland