L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).

Publié le 23 Octobre 2024

L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).- Image identique à la suivante mais dont le fond a été traité par intelligence artificielle

L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).- Image identique à la suivante mais dont le fond a été traité par intelligence artificielle

L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).
L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).
L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).
L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).

L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).

L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).- certains photographes font mieux que l'IA - photo Frank Vassen from Bruxelles, Bwikipedia

L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).- certains photographes font mieux que l'IA - photo Frank Vassen from Bruxelles, Bwikipedia

L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).- répartion selonl'INPN

L’Empuse commune, Diablotin (Empusa pennata).- répartion selonl'INPN

Cet insecte est caractéristique de la zone sud de notre pays.
Son allure est vraiment hors du commun de par la finesse de son corps et la présence de pattes prédatrices, un véritable alien.
Martine et Roland



Nom scientifique : Empusa pennata (Thunberg, 1815)

Etymologie : «Empousa» désignait dans la mythologie grecque une créature fantastique, une sorte de démon femelle. Avouez que l’allure n’est pas habituelle pour un insecte !
Son nom d’espèce « pennata» signifie pennée, à allure de plume.
Le dessous de son abdomen est côtelé à la manière d’une plume. Cela se devine sur l’une des photos.
Pour mieux l’illustrer, pour une fois, nous avons choisi une photo issue de Wikipedia au lieu de nos propres photos Anab.

Nom allemand : Haubenfangschrecke

Nom anglais:
conehead mantis

Classification : elle fait partie de l’ordre des Mantoptera ou Mantodea, un ordre qui contient 2400 espèces décrites.
Cela représente peu en comparaison des 1 500 000 espèces de coléoptères existants.
Sa  famille est celle des Empusidae qui ne contient que 28 espèces, la plupart étant situées dans les zones très sèches de l’Afrique et en Asie du Sud-Est..
Ce sont des insectes ayant une bonne vue et pouvant détailler des proies jusqu’à  20 mètres.

Description :

Après une métamorphose sommaire voire nulle, la larve laissera la place à l’adulte.
Ne boudons pas notre plaisir, laissons à Jean- Henri Fabre le plaisir de nous la décrire (impossible de faire mieux…)  
« La larve appelée « diablotin « est bien, nous dit- il, la créature la plus étrange de la faune terrestre provençale.

Toujours relevé jusqu’à toucher le dos, le ventre s’élargit en spatule et se convolute en crosse. Des lamelles pointues, sorte d’expansions foliacées, disposées en trois rangs, hérissent la face inférieure, devenues supérieure par retournement. Cette crosse écailleuse est hérissée sur quatre longues et fines échasses, sur quatre pattes armées de grenouillères, c-a-d portant vers le bout de la cuisse, au point de jonction avec la jambe, une lame saillante et courbe semblable à un couperet.
Au- dessus de cette base, escabeau à quatre pieds, s’élève, par un coude brusque, le corselet rigide, démesurément long.
L’extrémité de ce corsage, porte le traquenard de la chasse, les pattes ravisseuses. Il y a là le harpon terminal, mieux acéré qu’une aiguille, étau féroce, à mâchoires en scie. La mâchoire formée par le bras, (…)  porte de chaque côté cinq longue épines (…).La mâchoire formée par l’avant-bras (…) est formée de dents plus fines. Il ne manque à la machine que d’amples dimensions pour être effroyable engin de tortionnaire.
La tête s’accorde avec cet arsenal. Oh ! la bizarre tête ! Frimousse pointue, avec moustaches en croc fournies par les palpes ; gros yeux saillants ; entre les deux, une dague, un fer de hallebarde et sur le front quelque chose d’inouï, d’insensé : une sorte de haute mitre, de coiffure extravagante qui se dresse en promontoire, se dilate à droite et à gauche en aileron pointu et se creuse en gouttière bifide. Que peut faire le diablotin de ce monstrueux bonnet pointu (…) ? Nous l’apprendrons en le voyant en chasse. Le costume est vulgaire ; le grisâtre y domine. Sur la fin de la période larvaire , après quelques mues, il commence à laisser entrevoir la livrée de l’adulte et se zone (…) de verdâtre, de blanc et de rose. Aux antennes déjà se distinguent les deux sexes. Les futures mères les ont filiformes; les futures pères les renflent en fuseau dans la moitié inférieure et s’en font un étui d’où émergeront plus tard d’élégants panaches.
Vers le milieu de mai, s’accompagne la transformation et apparait l’Empuse adulte. Des extravagances larvaires, elle garde la mitre pointue, les brassards en scie, le long corsage, les grenouillères, la triple rangée de lamelle à la face inférieure du ventre ; mais actuellement l’abdomen ne se recourbe plus en crosse et l’animal possède une tournure plus correcte. De grandes ailes d’un vert tendre, roses à l’épaule (…) font toit au ventre, zoné en dessous de blanc et de vert. Le mâle, sexe coquet, s’empanache d’antennes plumeuses. ».


Date de l’observation: le  30 avril à Saint Jeannet (Alpes-Maritimes 06).
 
Dimensions : 50 à 70  mm de long et jusqu’à 10 cm pour la femelle. Le mâle est un peu plus petit que la femelle.

Comportement :
L’empuse est pacifique et placide. Cependant, si un étourdi se rapproche d’elle, la mitre pointue s’abaisse et d’un coup de boutoir le lance au loin. Ainsi le bonnet magique est une arme de défense !
Les mâles dérangés s’envolent. Les femelles volent rarement. Les deux sexes cohabitent en paix car, ici, sont inconnus les tragiques amours. Le mâle longtemps harcèle sa compagne qui finit par céder. Après la noce, » l’empanaché » vaque tranquillement à ses petites affaires sans danger d’être appréhendé et au fil de la saison, usé, finit sa vie.
 
Reproduction :
La ponte suit de très près la disparition des mâles. L’empuse n’a pas une lignée très nombreuse. La femelle pond ses œufs en été dans une oothèque.
Son nid, fixé sur un chaume est une petite construction d’un cm où s’ouvre une douzaine d’orifices ronds qui sont les portes de sortie des jeunes larves.
Cette période se situe de mai à septembre, période pendant laquelle les juvéniles issus de l’année précédente deviennent adultes.
En fin d’année, les juvéniles s’abritent sous une pierre ou des feuilles pour passer l’hiver et en sortent aux premières chaleurs.
Les jeunes sont visibles donc en hiver et au printemps.

Nourriture.
L’Empuse est très sobre et se satisfait d’une mouche ou deux comme ration quotidienne, elle ne dédaigne pas non plus quelques Piérides ou de très jeunes et succulentes sauterelles.
Sa proie est toujours frappée à l’arrière du cou au niveau des ganglions cervicaux ce qui l’immobilise immédiatement et lui permet de se sustenter tranquillement.
 
Confusion : Très fréquente avec la Mante religieuse sa cousine.
Celle-ci est dénuée de la mitre pointue et du long premier segment thoracique qui caractérise l’Empuse.
Cette dernière, lorsqu’elle est dérangée fuit et ne prend pas l’attitude de défense de la Mante qui se redresse en écartant ses pattes antérieures.
A la Mante la bataille et le cannibalisme; à l’Empuse l’humeur pacifique et le respect entre soi .

Habitat : les adultes sont observables dans les friches, les haies et les prairies. La limite nord de présence de l’Empuse dans notre pays est le département de Charente-Maritime.

On ne la trouve qu’en Europe méditerranéenne et en Afrique du Nord jusqu’aux Canaries.
Les pays  abritant les plus grandes populations sont l’Espagne, la France, l’Italie et la Grèce.

Protection
Cet insecte est classé EN en danger dans la région Poitou-Charentes et déterminant Znieff dans cette région mais aussi en Midi-Pyrénées et Limousin du fait de sa rareté.

Ennemis et prédateurs : animaux insectivores dont les oiseaux. Prédation des œufs par les fourmis et d’autres insectes rampants au sol et certains hyménoptères parasites.


Photos, Roland Gissinger, (Anab) 
Texte Martine Devondel, Roland avec la participation
de Jean- Henri Fabre
😁



Bibliographie

Souvenirs entomologiques , Jean -Henri Fabre, Robert Laffont
Livres jolis et très  instructifs:
Petites bêtes des forêts de Lorraine et d’ Alsace JY Nogret /S Vitzthum, édition Serpenoise.
Insectes remarquables de Lorraine et d’ Alsace –JY Nogret /S Vitzthum édition Serpenoise..

Rédigé par ANAB

Publié dans #Biodiversité hors région

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B
Merci à vous d'avoir partager ce savoureux récit de Jean-Henri Fabre. Belles photos.<br /> Étrange insecte !<br /> Je me demande si la terminaison de son nom allemand (Schreke) est en rapport avec peur, crier.<br /> En faisant des recherches j'ai trouvé que le nom "Shrek" l'ogre misanthrope du dessin animé bien connu serait dérivé de l'allemand Schrek:
Répondre
A
Merci Bern@rd de ton commentaire et de tes recherches linguistiques<br /> <br /> (Martine et) Roland
T
Une jolie prose et de magnifiques photos pour nous présenter ce bel « Alien ». Merci à vous, Martine et Roland!
Répondre
A
Merci d'avoir apprécié Toll<br /> <br /> (Martine et) Roland