La Cymbalaire, Ruine de Rome, Cymbalaire des murs, Linaire cymbalaire, (Cymbalaria muralis)
Publié le 6 Octobre 2024
La Cymbalaire des murs peut couvrir des pans entiers avec ses longues grappes pendantes. Elle est parfaitement adaptée à ce type de milieu et fréquente les ruines et vieux murs. Pas étonnant que l’un de ses noms communs soit « Ruine de Rome.
Roland
Nom scientifique : Cymbalaria muralis G.Gaertn., B.Mey. & Scherb., 1800
Ancien nom : Linaria cymbalaria
Origine du nom: vient du latin « cymba», la barque, allusion à la forme creuse de ses feuilles et de «muralis», qui signifie «des murs», comme son habitat habituel.
Autres noms communs : Lierre fleuri, Linaire des murs, Lierre des murs, Misère.
Nom commun allemand/ dialecte : Zimbelkraut
Nom anglais : Ivy-leaved Toadflax, coliseum ivy, Kenilworth ivy,
Date de l’observation: le 4 octobre à Sarre-Union (67)
Famille de plantes : celle des Plantaginacées, celle des plantains mais aussi des digitales, des véroniques et des gueules de loup de jardin. A noter que dans bon de nombre de flores les véroniques et la cymbalaire figurent encore dans la famille des scrofulariacées. Ce changement provient des progrès en génétique et des analyses ADN. Les plantes sont regroupées à présent, au sein de familles en raison de leur ordre de filiation et proximité génétique et non plus de par leur ressemblance accidentelle.
Autrefois cette famille ne comportait que 3 genres. Elle comprend à présent plus 2000 espèces dans le monde regroupées en 200 genres. La majorité d’entre elles sont des herbes et plantes aquatiques et se situent en zone tempérée.
La famille des plantaginacées n’est pas homogène, si bien qu’il est difficile de donner des critères « familiaux» fixes.
La plupart des genres ont une fleur de symétrie bilatérale ou verticale, souvent d’ordre 4 (4 pétales, 4 sépales), d’autres ont des symétries d’ordre 5 à 8.
Ils possèdent deux grandes étamines et 2 petites ou seulement 2 étamines comme les véroniques. Le fruit est une capsule qui se divise le long de cloisons.
Les cymbalaires se distinguent de genres proches par la présence de 4 étamines, d’un éperon, d’une capsule à valves et de la nervation ramifiée de ses feuilles. Il existe une dizaine de cymbalaires dont 3 en France.
Description: petite plante glabre, vivace (ou bisannuelle) des murs. Elle est couchée, rampante ou pendante.
Hauteur: 10 à 20 cm longueur jusqu’à 80 cm.
Tiges: grêles, cylindriques, ramifiées, souvent rouges. Les tiges s’enracinent sur place.
Après fécondation, la tige qui était phototrope positive, c’est à dire vers la lumière, va se continuer à se déployer mais à l’opposé de la lumière. Ce comportement lui permet de de se rapprocher de son support, souvent un mur et d’y semer des graines.
Feuilles: entières, en forme de rein, déprimées au milieu en forme de cymbale (d’où le nom de Cymbalaire). Elles ont 5 à 7 lobes arrondis, non dentées, alternes à opposées. Elles sont un peu charnues, luisantes, vertes souvent pourpres en partie. Elles mesurent de 0.4 à 4 cm de long pour 0.6 à 6 cm de large.
Floraison: avril à octobre.
La saison de floraison de cette plante est très longue. C’est aussi une raison de son expansion rapide à certains endroits. Une photo de cet article a été prise le 15 avril et d’autres hier 5 octobre au même endroit. Elle est encore en fleur mais avec moins de fleurs.
Fleurs: plante avec de petites corolles solitaires de 6 à 8 mm de couleur violet-pâle, tachées de jaune dans le bas. La fleur est de symétrie bilatérale. Elle a une forme typique en gueule-de-loup. Ses deux lèvres sont formées par un gros pétale supérieur en casque, une lèvre inférieure à deux bosses. L’éperon qui prolonge la lèvre inférieure (voir photo) est court et arrondi à l’extrémité et sa taille ne dépasse pas la moitié de la corolle.
Les fleurs sont portées par un long pédoncule poussant à l’aisselle des feuilles. La fleur possède 4 étamines, 2 longues et 2 plus courtes et un ovaire avec un style allongé.
Le calice a 4 sépales de 1.5 à 3 mm soudés à la base et terminés par une pointe.
La pollinisation des fleurs est l’œuvre des hyménoptères en général, comme les abeilles, les diptères et les papillons. Cette plante peut s’autopolliniser par des fleurs cachées dites cléistogames.
Une recherche en France a été menée pour comparer des fleurs en milieu citadin à celles en milieu rural en Ile de France. La cymbalaire faisait partie des 4 fleurs étudiées sur une durée de 14 semaines, par des observations de 10 minutes. Les cymbalaires de villes étaient plus visitées (presque deux fois plus) par des insectes et produisaient bien plus de fleurs. Ceci provient de la richesse entomologique des jardins à proximité.
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Fruits : après fécondation par le grain de pollen, la plante va former un fruit sphérique, une capsule de 3 à 5 mm, qui s’ouvre par trois dents. Les graines de petite taille sont couvertes de crêtes épaisses et sinueuses, qui faciliteront leur accrochage sur des parois même verticales.
Cet accrochage est facilité par l’inclinaison des pédoncules floraux vers le support. Les fruits se trouvent ainsi collés à la paroi et aux interstices des murs sur lesquels vont se fixer et germer les graines (= autochorie). Les graines légères sont transportées à distance par la pluie et le vent en raison de leur taille moins de 0.5 mm et poids de 0.1 mg.
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Habitat : cette Cymbalaire des murs est la spécialiste des murs à ciment calcaire, des ruines et des rochers calcaires. Elle aime le soleil, la chaleur et supporte la demi-ombre et un manque d’azote. Elle est présente en Europe de l’Ouest et donc chez nous, seulement depuis le XV ème siècle. Elle est venue d’Italie car c’est une plante d’origine méditerranéenne Italie, Slovénie, Maghreb. Elle est à présent cosmopolite par sa facilité à s’installer dans les fissures des murs et supporter les milieux secs. Elle est indicatrice typique de terrains rocailleux dans beaucoup de pays comme le Costa-Rica , entre 1000 et 1400m. Certains pays ont noté une forte diminution de son implantation comme en Pologne (1). Ils en déduisent qu’elle n’a pas de caractère invasif.
Confusion : non. Des sous-espèces comme C muralis subsp visanii peuvent présenter une pilosité sur les feuilles
Protection : plante présente un peu partout et classée NA (Non applicable car d’introduction récente) ou LC en préoccupation mineure. Elle est sans protection légale.
Horticulture : avec sa facilité à s’installer sur les pierres et sa celle de semer des graines sur place, cette plante fait la joie des jardiniers amateurs pour leur partie rocaille du jardin ou sur leurs murets.
Utilité alimentaire:
Les feuilles consommées en salade sont âcres et piquantes. Faut aimer. Attention , elle a été reconnue comme toxique très récemment, en janvier 2024, .
Utilisation médicinale :
En médecine traditionnelle elle était utilisée pour traiter la gale et le scorbut
Il n’existe pas d’indication thérapeutique vérifiée à ce jour pour cette plante
Principes et actifs et substances :
Comme sur d’autres plantes, des tests de pouvoir antioxydant, anti-inflammatoire et antimicrobien ont été conduits par des chercheurs. Ces recherches très récentes (3) n’ont pas encore donné de résultats concrets.
Texte, bibliographie et photos Roland Gissinger (Anab)
Bibliographie voir index biodiversité
1/ Cymbalaria muralis P. Gaertn., B. Mey. & Schreb. and Cymbalarietum muralis Görs 1966 in Lower Silesia - expansion or regression? Janv 2003 Ewa Scczesniak
2/ Muralioside, an iridoid from Cymbalaria muralis Aem. Bianco avr 1997
4/ Buzz in Paris: flower production and plant–pollinator interactions in plants from contrasted urban and rural origins – james Desaegher sept 2017
Pour aller plus loin ou revenir sur d'autres plantaginacées déjà présentées sur ce blog
Nom taxon français | Nom scientifique abrégé |
Cymbalaire, Ruine de Rome, Cymbalaire des murs, Linaire cymballaire | Cymbalaria muralis |
Digitale pourpre, Gantelée | Digitalis purpurea |
Globulaire à feuilles cordées, Veuve-céleste | Globularia cordifolia |
Globulaire commune, Globulaire vulgaire, Globulaire ponctuée, Globulaire allongée | Globularia bisnagarica |
Langue d'agneau | Plantago media |
Linaire mineure,Petite linaire, Petit Chaenorrhinum | Chaenorrhinum minus |
Linaire vulgaire, commune | Linaria vulgaris |
Plantain Corne-de-cerf, Plantain corne-de-bœuf, Pied-de-corbeau | Plantago coronopus |
Plantain lancéolé, Herbe aux cinq coutures | Plantago lanceolata |
Plantain majeur, Grand plantain, Plantain à bouquet | Plantago major |
Véronique à tige nue | Veronica sublobata |
Véronique à feuilles de lierre | Veronica hederifolia |
Véronique à feuilles de serpolet | Veronica serpyllifolia |
Véronique chouette, Cresson de cheval, Véronique des ruisseaux | Veronica beccabunga |
Véronique de Perse | Veronica persica |
Véronique des champs, Velvote sauvage | Veronica arvensis |
Véronique des montagnes | Veronica montana |
Véronique officinale, Herbe aux ladres, Thé d'Europe | Veronica officinalis |
Véronique petit chêne, Fausse Germandrée | Veronica chamaedrys |