Course à la nourriture au Serengeti
Publié le 8 Novembre 2024
Paru sur nature.com le 30/5/2024
La disponibilité des ressources alimentaires détermine la vitesse de migration vers les pâturages, les mouvements et les interactions. Ces éléments ont été étudiés pendant la migration des zèbres, des gazelles et des gnous en Tanzanie.
Les 200 000 zèbres se précipitent les premiers pour satisfaire leur importante demande d’herbacées avant que la population de 1,3 million de gnous ne migre pour la consommer totalement.
Le broutage des plantes les plus hautes, surtout des graminées, par ces animaux assez grands permet à la population des 400 000 gazelles d'atteindre les plantes à fleurs plus basses et leur permet aussi plus tard de se nourrir de la nouvelle végétation.
Dans leur étude, publiée dans Science, les chercheurs de l'université Wake Forest, en Caroline du Nord, aux États-Unis, ont utilisé des données provenant d'une enquête par des pièges photographiques, par des animaux herbivores équipés de colliers GPS et la récolte des ADN fécaux. Ils ont pu analyser le calendrier, l'ordre d'arrivée et les interactions entre différents animaux du parc de Serengeti. Les résultats montrent un équilibre entre les pulsions utilitaires et les pulsions de compétition pour déterminer les mouvements et les comportements de recherche de nourriture de ces brouteurs migrateurs.
Le chercheur principal, Michael Anderson, a déclaré que les interactions entre les espèces migratrices pendant la migration et les analyses à l'échelle du paysage du processus ont été sous-étudiées. « Notre étude donne un aperçu de ce à quoi auraient pu ressembler, voici des milliers d’années, les écosystèmes terrestres d’Australie, d’Eurasie et des Amériques, c'est à dire, lorsque des communautés de grands mammifères herbivores parcouraient librement ces continents », a déclaré Anderson à Nature Africa.
Les chercheurs affirment que leur travail offre des pistes aux défenseurs de l’environnement sur la manière de gérer les populations d’herbivores migrateurs, en particulier face aux menaces futures dues à la dégradation des écosystèmes et au changement climatique induits par l’homme.
Anderson, T.M. et al. Science 383, 782-788 (2024).