L’Alisier blanc, Alisier de Bourgogne, Alouchier, Sorbier des Alpes (Aria edulis)
Publié le 17 Novembre 2024
Cet arbre quand il atteint une certaine taille surprend par la densité de son feuillage. Il est très dense. L’Alizier blanc est utilisé pour cette raison comme arbre d’agrément dans les parcs et jardins.
Roland
Nom scientifique : Aria edulis (Willd.) M.Roem., 1847
Ancien nom : Sorbus aria (L.) Crantz, 1763
Origine du nom: dérive du latin «aria», nom ancien qui désignait les sorbiers et signifie « les oiseaux » car ses fruits sont une gourmandise pour eux.
et de « «edulis» , « comestible"..
Autres noms communs :
Nom commun dialecte : allemand: Echte Mehlbeere oder Gewöhnliche Mehlbeer
Nom anglais : white beam or common whitebeam
Date de l’observation: le 30 octobre à Sparsbach (67)
Famille de plantes : celle des Rosacées, celle de nos arbres fruitiers comme le cerisier, le prunier, le prunelier, , le pommier, le poirier, l’amandier … mais aussi la fraise et l’églantier. C’est donc une famille économiquement très importante.
Les rosacées ont comme point commun des feuilles dentées. Les fleurs de symétrie 5, ont de nombreuses étamines et pistils composés de 5 carpelles.
Les poils de l’épiderme se transforment en aiguillons (ronces, roses) ou épines (prunelliers). Ce faculté a été développée par ces plantes pour éviter leur broutage par les animaux herbivores. Ce sont des défenses physiques qui complètent les défenses chimiques, les tanins que produisent les plantes.
Nom et génétique des sorbiers
Cet Alisier blanc était autrefois classé parmi les sorbiers (Sorbus aria).
Les récentes études génétiques sur le genre Sorbus ont montré l’incohérence à classer cet Alisier blanc (Aria edulis) parmi les sorbiers. Les feuilles sont déjà très différentes, découpées jusqu’à la nervure chez les sorbiers mais entières chez Aria edulis. D’autres marqueurs génétiques au niveau des cellules, des marqueurs ITS sur les ribosomes, les chloroplastes et les noyaux montrent que ces arbres sont assez éloignés les uns des autres pour en faire des genres distincts.
Près de 24 sur les 28 genres de sorbiers qui existaient dans les livres de référence botanique, les « flores », résultent d’hybridations naturelles. Ils produisent des individus variables qui ont trompé les botanistes et les ont conduit à créer artificiellement de nouvelles espèces. Ces hybrides ne sont plus considérés comme des espèces à part entière. Ils ont tous été renommés. A noter que le Sorbier petit néflier, autrefois Sorbus chamaemespilus est renommé en Chamaemespilus alpina. C’ est l’espèce génétiquement la plus proche de cet Aria edulis (1) Quand on compare leurs feuilles et leurs fruits, la ressemblance est frappante. Ces deux espèces s’hybrident facilement, une autre preuve de leur proximité.
L'article cité en fin de page donne une analyse cladistique complète ou généalogie d'une centaine d'arbres de la famille des rosacées. Extrait ci-dessous.
Espèce: Le genre Aria comprend plus de 20 espèces d’arbre. Ils se différentient par de petites variations et sont localisés dans un pays bien précis ou dans un milieu. Les feuilles possèdent 9 à 20 nervures. Le contour des feuilles est denté de manière variable selon les espèces. Les fleurs sont blanches, à jaune pâle. Les fleurs femelles possèdent 2 à 3 styles. Les fruits sont dénommés « alises » d'une taille d’environ 1 à 2 cm,. Ils prennent une couleur orange à rouge à maturité.
Catégorie : arbre à fleurs hermaphrodites, à feuilles caduques et à fruits oranges à rouges.
Hauteur: 3 à 20 m- diamètre du tronc : 50 cm et dans quelque cas jusqu’à 80 cm. Les bourgeons sont couverts de poils blancs.
Sa durée de vie atteint 250 ans.
Tronc : droit à écorce gris-foncé avec des taches blanches qui reste lisse longtemps. Elle se fissure quand il atteint un certain âge. Cet arbre peut s’installer sur des sols rocailleux car ses racines sont profondes. Elle sont dopées par la connexion avec des champignons qui émettent des mycorhizes externes (ectotrophes) . Ils facilitent l’assimilation de l’eau et des minéraux du sol par l’arbre
Feuilles: sont ovales, alternes et irrégulièrement dentée sur 2 lignes. Point de reconnaissance : elles sont brillantes et vert foncé sur le dessus et blanches, duveteuses sur le dessous. Le dessous apparait très blanc et résulte de l’enchevêtrement de fins poils d’un blanc pur. Les feuilles mesurent de 5 à 12 cm pour une largeur de 5 à 9 cm. Le pétiole représente 20% de la longueur de la feuille.
Le feuillage de cet arbre est dense comparé aux arbres fruitiers.
Alisier blanc, Alisier de Bourgogne, Alouchier, Sorbier des Alpes (Aria edulis)- et répartion sur notre territoire selonl'INPN
Floraison: mai à juin
Fleurs: elles sont blanches à jaunâtres, groupées en corymbes de 7 à 12 cm (groupes de fleurs dont les pédoncules sont insérés en étages réguliers sur la tige principale. Cette disposition diffère d’une ombelle où les pédoncules arrivent tous sur un même point.
Les fleurs ont une symétrie radiale d’ordre 5. Les 5 pétales de 5 à 8 mm protègent les 20 étamines aux anthères de couleur crème disposées en 4 rangs. Le pistil est formé de 2 à 4 carpelles terminés par deux styles. Les sépales sont velus courts et de forme triangulaire.
Pollinisation : Cette fleur riche en nectar est très visitée par les insectes, en particulier par les hyménoptères, les abeilles et guêpes, mais aussi les diptères (mouches), les papillons et les coléoptères comme ce Petit capricorne, Cerambyx scopoli . La production de fruits peut se faire par auto fécondation.
Cet arbre s’hybride facilement avec les autres espèces voisines, du genre Aria ou Sorbus.
Confusion : arbre facile à identifier
Fruits: ils sont vert-luisant puis très visibles en août car de couleur jaune à rouge vif et souvent velus. Ils ont la forme d’une très petite pomme de 1 cm.
Habitat : cet Alisier blanc est arbre de plein soleil. Il apprécie les sols secs et riches en calcaires ou pas très acides dans des buissons, des zones rocheuses ou des forêts.
Il est présent dans l’Est de notre pays et dans toutes les régions de montagne jusqu’à une altitude de 2000 m. Il est absent de toute la partie Ouest du pays. Il est répandu dans toute l’Europe y compris le sud des pays scandinaves jusqu’au Moyen Orient et le Maghreb.
Protection : cet arbre est absent ou rare dans certaines régions comme la Haute Normandie où il est classé critique (CR) et protégé par la loi. Il est classé, vulnérable (VU) dans le Nord-Pas-de-Calais, quasi menacé (NT) dans les régions Ile-de-France, Picardie et Poitou-Charentes. Il est espèce déterminante Znieff dans toutes ces régions.
Écologie :
Cet arbre est sensible au feu bactérien.
Consommation : les fruit sont mis en fermentation puis distillés pour faire de l’alcool, schnapps en Alsace, Brandy dans les pays anglo-saxons. Les fruits séchés étaient autrefois ajoutés à la farine pour donner du pain ou des pâtisseries au goût sucré, ce qui explique ses noms communs en allemand.
En agriculture, les feuilles servaient de fourrage au bétail et les fruits à l’engraissement des porcs. Les branches étaient utilisées pour produire de la teinture noire pour la laine.
Les oiseaux sont friands des fruits de cet arbre.
Bois : le bois est jaune clair avec un aubier brun rougeâtre. Il est léger et homogène et résiste bien à la rupture. Pour ces raisons il est utilisé dans les ateliers de tournerie et par les sculpteurs . Certaines pièces de bois comme les manches d’outils, pièces délicates et d’usure ou les douves de tonneau étaient produites avec cet alizier blanc devenu rare.
Utilisations médicinales:
Usage traditionnel : fruit astringent, utilisé contre la toux, inflammations des voies respiratoires et les problèmes digestifs
Cet arbre ne figure pas dans wikiphyto. Il a fait l’objet de très peu de recherches sur ses qualités médicinales qui restent donc coutumières et sans preuve scientifique.
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
1/ Phylogeny of Maleae (Rosaceae) Based on Complete Chloroplast Genomes Supports the Distinction of Aria, Chamaemespilus and Torminalis as Separate Genera, Different from Sorbus sp. nov 2021