L’Anthomye de la pluie, Anthomyie Pluviale (Anthomyia pluvialis)

Publié le 27 Novembre 2024

L’Anthomye de la pluie, Anthomyie Pluviale (femelle d'Anthomyia pluvialis)
L’Anthomye de la pluie, Anthomyie Pluviale (femelle d'Anthomyia pluvialis)

L’Anthomye de la pluie, Anthomyie Pluviale (femelle d'Anthomyia pluvialis)

Les mouches sont moins intéressantes à observer que les girafes ou les gorilles pour la plupart des gens. Leur rôle dans les écosystèmes est pourtant essentiel. Leurs larves se nourrissent des matières en décomposition. Ils participent ainsi au grand  recyclage naturel de la matière organique réservoir de nourriture pour d’autres espèces vivantes. Roland

Nom scientifique : Anthomyia pluvialis (Linnaeus, 1758)
Autre nom commun : la Mouche des pluies

Nom allemand : Blumenfliegen

Nom anglais : rain fly

Origine du nom : provient du grec« anthos », «fleur» et de «myia» , « la mouche », donc, Mouche de la fleur. Cette mouche adulte, se nourrit des fleurs. C’est un des traits particuliers de ce genre de mouches par rapport à d’autres. Son nom d’espèce « pluvialis » signifie «de la pluie », du fait que ses milieux de vie sont situés dans des zones humides. Le nom commun de  « Mouche de la pluie » existe aussi dans d’autres langues.

Observation : le 5 juillet à Munster (Moselle 57)

Classification :  .  C’est un insecte de l’Ordre des Diptères ( du grec di, deux et pteron, ailes ). Il compte 8 000 espèces en France métropolitaine. La déclinaison suivante est le  sous-ordre des brachycères, les mouches à antennes courtes à 3 articles. Ce groupe comprend des insectes au nom vernaculaire de mouches, syrphes, taons, moustiques., une soixantaine de familles difficle à appréhender. Seulement quelques unes sont connues du Grand Public, les Syrphidés, les Tabanidae (les taons), les Tachinidae (les tachinaires) et les Sarcophagidae (mouches sarcophages)….

L’Anthomye de la pluie,  fait partie de la famille des Anthomyiidae. Ce groupe est constitué de  1200 espèces de mouches. Elles ressemblent mais en plus petites, à la Mouche domestique. La France à elle seule en compte 200 espèces. La très grande majorité des adultes sont floricoles et se nourrissent du nectar et du pollen de fleurs.


Biologie des Anthomyiidae
La biologie des espèces est très variée. Certaines espèces se nourrissent de liquides azotés, sang, sueur, purin ou sont parasites des criquets. Elles ont une robe marquée de taches noires et blanches mais sans reflets métalliques. Certains spécialistes disent que ces taches très visibles seraient une forme d’avertissement aux prédateurs pour les dissuader de les croquer. Elles transporteraient des germes pathogènes.
Les spécialistes reconnaissent ces mouches par l’absence ou au contraire par la disposition des soies (ou poils)  sur le côté du thorax et la « géographie » des nervures  des ailes. Point marquant, la nervure anale (A1), atteint le bord de l’aile chez la quasi totalité des espèces. Cette  nervure est située tout en haut de l’aile  à l'articulation . Les ailes vestigiales ou balanciers qui servent à l’équilibre en vol sont petits et égaux ;

De nombreuses larves (les individus non matures en forme d’asticots) d’espèces d’Anthomyiidae se nourrissent de racines de plantes. Certaines sont des ravageuses craintes par les agriculteurs : comme la Mouche de l’oignon, Deila antiqua, la Mouche des racines du navet, Delia floralis, la Mouche du maïs, Deila radicum.  D’autres se nourrissent des déchets contenus dans les nids des oiseaux, d’autres encore minent les feuilles. Les plus communes sont celles du bord de mer, les Mouches du varech, les Fucellia.
La biologie de ces insectes reste très mal connue. Seules celles ayant des répercussions économiques sont étudiées.


Dimensions : 5 à 7 mm -Le poids est de quelques mg par adulte.

Durée de vie : avril  à octobre. Le passage de l’hiver se fait à l’état de repos dans une pupe avant la dernière métamorphose. Elle aura lieu au printemps.
  
Description : mouche de taille moyenne. Le thorax fait un motif de  5 carrés noirs sur un fond gris bleuté. La partie arrière présente deux taches noires séparées par un trait clair ainsi que sur chaque segment ou tergite de l’abdomen. Le ventre est jaune.
La bouche de cette mouche est large et laisse apparaitre une grosse trompe pour s’alimenter. Ses yeux  sont rougeâtres, très grands par rapport à la taille de son corps. Ils sont nettement séparés chez la femelle et jointifs chez le mâle comme chez la plupart des mouches. Les ailes sont transparentes parsemées de nombreuses taches transparentes. Les pattes sont entièrement noires.  Les antennes sont courtes et prolongées par un long cil dénommé arista.
Les spécialistes (4)  parlent à présent  de "complexe 
Anthomyia pluvialis" en raison des petites différences observées sur la morphologie. Ce serait en fait un agrégat de plusieurs espèces ou sous-espèces distinctes.

Nourriture des larves :  les larves sont de forme cylindrique et se nourrissent de matières organiques dégradées, de champignons du sol ou de la litière végétale et des excréments des nids d’oiseaux.

Nourriture des adultes : l’insecte adulte ailé, se nourrit du pollen et du nectar de fleurs très diverses. C’est un faible auxiliaire de pollinisation. Il se nourrit et fréquente les Astéracées  (famille de la Marguerite, comme  l’Achillée mille-feuille (sur la photo) et d’autres..

Biologie et activité : Le temps de développement des œufs jusqu’au stade adulte varie avec la température du milieu : il va de 20 à 40 jours environ. La femelle pond de nombreux œufs sur les matières en décomposition. Elle peut donc y avoir plusieurs générations par an.
Cette espèce est très attirée (3)  par une substance chimique qui serait une phéromone, la cantharidine. Cette substance est aussi secrétée par certains coléoptères du genre Cantharis. Cette substance est très toxique.

Particularité : les mouches possèdent deux ailes vestigiales appelées balanciers en raison de leur forme. Ces mini haltères  tournent en sens inverse des ailes et permettent ainsi un contrôle ultraprécis de la vitesse d'avancée. La mouche est capable de faire du vol stationnaire comme un hélicoptère et des acrobaties.

Reproduction : l’accouplement a lieu après une parade nuptiale, une danse des deux protagonistes.

Habitat : les adultes fréquentent de préférence les endroits humides, haies, lisières de forêts,  mais aussi les prairies et les endroits incultes. Cette mouche est présente dans toute l’Europe

Confusion  , les mouches restent difficiles à identifier pour le commun des observateurs. Les spécialistes du sujet sont dénommés  les diptéristes. Ce terme est peu connu. Il est à rapprocher que les spécialistes des papillons sont désignés comme des lépidoptéristes, des coléoptères, les coléoptéristes….

Prédateurs : araignées comme Synema globosum, chauve souris, oiseaux

Protection : insecte commun, sans protection légale.


Détermination insectes : Martine Devondel (Anab)Texte et photos: Roland Gissinger (ANAB)


Bibliographie; voir index-annuaire des fiches biodiversité
1/ Identification des Anthomyiidae- 400 pages- bon courage
2/On the Life History of Anthomyia procellaris Rond. and A. pluvialis L. inhabiting the Nests of Birds D Keilin avr 2009
3/ https://pherobase.com/database/species/species-Anthomyia-pluvialis.php
4
/The Anthomyia pluvialis complex in Europe (Diptera, Anthomyiidae) Verner Michelsen jan 2008

Anthomyiidae sp (le 12/4/2024 -Bissert-Bas-Rhin 67)
Anthomyiidae sp (le 12/4/2024 -Bissert-Bas-Rhin 67)

Anthomyiidae sp (le 12/4/2024 -Bissert-Bas-Rhin 67)

Rédigé par ANAB

Publié dans #Insectes de chez nous

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B
Belles photos et article détaillé. <br /> merci à vous.
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A
Merci Bern@rd
T
Merci à vous, Martine et Roland, pour cet article instructif et les belles photos.<br /> <br /> Le commentaire de Christian évoque le naturalisme de Thomas Hardy; cet écrivain était défenseur des droits des animaux bien avant son heure.<br /> Pour les scientifiques comme Birch, les insectes sont bel et bien des animaux et donc des êtres sentients. Les critères de la sentience sont définis dans les articles ci-dessous: <br /> <br /> https://www.fondation-droit-animal.org/116-les-insectes-sont-ils-sentients/<br /> <br /> https://www.psychologytoday.com/intl/blog/animal-emotions/202303/insect-sentience-science-pain-ethics-and-welfare?amp
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A
Un grand merci Toll de ta curiosité qui nous fait découvrir régulièrement des espèces ou des points d'intérêt dans le Vivant.. Ce sujet de la propriété d'organismes sensients pour les animaux petits ou grands , serait à discuter ou étudier de près.<br /> C'est un sujet complexe d'après ce que j'ai pu en lire. Il intéressera sans doute nos lecteurs.<br /> Avis aux amateurs qui veulent s'y lancer et nous préparer un article sans parti pris.<br /> <br /> Roland
M
Je rencontre effectivement bien plus de mouches que de girafes dans mon (petit) jardin 🙂<br /> Mais leur observation peut être tout aussi passionnante:<br /> leur diversité est surprenante et il y en a qui sont absolument magnifiques !
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A
Merci Marie Anne, 🤣 bizarre chez moi aussi moins de girafes que de mouches.<br /> Bravo pour ces observations, beaucoup d'entre nous passent à côté. Pourtant c'est toujours très instructif.<br /> <br /> Roland
C
Le nom de cette mouche interpelle un peu : peut-il y avoir entre les insectes ,voire d'autres animaux<br /> des réactions spécifiques par rapport aux évènements climatiques, voire géologiques?<br /> Une sensibilité qui en ferait presque des baromètres. <br /> J'ai le souvenir d'une de mes lectures de Thomas Hardy, écrivain anglais,"Loin des foules déchainées" où<br /> l'auteur décrit dans une grange le comportement inhabituel d'une araignée juste avant un orage.<br /> Hardy était doté d'un oeil particulièrement "acéré" dans l'observation de la nature et de la vie sociale!
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A
Christian, encore une question très intéressante, merci.<br /> De nombreux animaux sont adaptés à des conditions climatiques de leurs milieux de vie extrêmes, lézards et serpents du désert, renard polaire, musaraigne aquatique...<br /> <br /> Pour des réactions spécifiques à des évènements très courts comme tu en cites, de nombreux animaux réagissent. Bien connu, avant la pluie, les hirondelles chassent au ras du sol les insectes venus se réfugier et sans doute certaine araignées<br /> Les animaux ne peuvent pas prévoir le temps à l'avance ,. Ils perçoivent les changement plus finement et sans doute plus tôt que nous : la baisse de pression de l'air, le changement du vent, de la température, de l'hygrométrie<br /> Il existe des études scientifiques sur le sujet d'oiseaux ou d'autres animaux très sensibles aux changements de pression qui pourraient servir "d'instruments d'alerte".<br /> Ils augmentent par exemple leur prise de nourriture avant un gros changement de pression.<br /> <br /> La littérature populaire est elle très abondante et farfelue, comme par exemple:<br /> Le porc devient agité devant la pluie et grogne quand elle est à la veille de tomber. Les vaches donnent moins de lait à la veille de temps tempétueux [sic]. En hiver, si elles beuglent le soir, il neigera avant le matin; et quand une vache secoue son pied, il y a du mauvais temps derrière elle.<br /> <br /> Roland
N
Ceci dit elles sont plus faciles à observer ici que les girafes ou les gorilles ! 😜
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A
🤣