Le Héron pourpré (Ardea purpurea)
Publié le 3 Novembre 2024
Voici un héron pas commun du tout. Rares sont ceux qui l’ont vu à part Claudy bien sûr
Merci Claudy de nous le faire découvrir. Roland
Nom scientifique : Ardea purpurea Linnaeus, 1766
Origine du nom : du grec «eroidios » latinisé en « ardeus » «le héron », tandis que « pupurea» signifie « pourpre ».
Nom allemand : Purpurreiher
Nom anglais : Purple Heron
Observation : le 5 juin à Lauterbourg (Bas-Rhin 67)
Famille : celle des Ardéidés les hérons sont de taille moyenne à grande. Ils ont un cou allongé et plié en S au repos et en vol. Cette forme leur permet d’être très réactifs. En chasse, le cou se détend comme un ressort quand l’oiseau tend brusquement le cou pour piquer (empaler à vrai dire) une proie ou quand il est en alerte et à l’affût. Leur bec, puissant et acéré telle une épée, est bien "conçu" pour la prédation. Leurs pattes sont longues et munies de doigts plus ou moins allongés.
Dimensions et poids : la taille varie de 80 à 90 cm, pour une envergure de 120 à 140 cm. Il est plus petit que le Héron cendré qui peut avoir jusqu’à 180 cm d’envergure. Son poids varie de 0.7 à 1.4 kg.
Longévité : elle est de 11 ans en moyenne, mais peut atteindre 25 ans. A la première migration plus de la moitié (62% selon la source 3) des jeunes n’atteignent pas les lieux d’hivernage.
Description : le Héron cendré est d’allure générale semblable au Héron cendré très commun. Il est cependant plus petit et a le plumage plus foncé : il est
entièrement brun roux. La poitrine est striée de noir et les plumes sont plus longues pendant la saison des amours. Les yeux sont jaunes et la tête porte un béret noir. Le bec est également jaune. Les mâles sont très semblables aux femelles et les jeunes ont un plumage moins contrasté. Cette couleur est moins contrastée que celle du Héron cendré, raison qui le rend difficile à apercevoir alors qu’il est déjà fort rare. Les pattes jaunes terminées par de longs doigts ont une portance qui lui permet de marcher sur la vase sans trop s’y enfoncer.
Chant : oiseau peu bavard qui émet quelquefois des sons graves du type « kréék » plus court et moins accentué que celui du Héron cendré.
(Écoutez ci-dessous).
Vol : Le vol des hérons est lent, puissant et rythmé, avec des battements d'ailes réguliers. Ils planent la tête droite, le cou replié en forme de S. La migration le pousse à faire des milliers de km faisant de lui un excellent voilier.
Migration : dès le mois d’août et jusqu’à la fin octobre, ce Héron pourpré part hiverner dans les régions tropicales humides des savanes africaines. Il reviendra en mars.
Habitat : Le Héron pourpré aime les grands plans d’eau calme de plaine entourés d’une végétation basse comme des roseaux. Cet oiseau est présent en Europe, Asie, Afrique hémisphère sud. La population française atteint 2000 couples environ. La Hongrie est le pays d’Europe Centrale qui en abrite le plus grâce à la présence de grand lacs. Le nombre de couples y est estimé entre 1000 et 1500. Plus à l’Est, l’Ukraine abritait avant la guerre 7 à 12 000 couples. Depuis les pays froids il migre entre septembre et novembre pour revenir fin février. Il habitera les mangroves et les lagons.
Chasse et nourriture : le Héron pourpré chasse seul ou en groupe surtout au crépuscule ou àl’aube. Ses proies sont surtout des insectes comme des coléoptères, des amphibiens, des mollusques, des crustacés, des poissons de 10 à 20 cm et il ne dédaigne pas de chaparder des oisillons au nid ni de croquer de petits rongeurs. La part dans son alimentation des insectes est passée de 18% à 41% selon des études faites en Camargue en 2010 (1). Une étude italienne (2) a montré une nette préférence de chasse pour les zones à fossés larges (plus de 2 m) par rapport aux fossés étroits (moins de 2 m. Les jeunes zones à phragmites et massettes étaient largement préférées aux roselières à phragmites matures. Cela nous donne une piste évidente pour améliorer les populations de ce héron : préserver les « éléments mineurs du paysage et des zones humides trop souvent comblés ou aplanis par les agriculteurs.
Cette espèce de héron est un régulateur de faune de proies dans les zones humides.
Comportement :
Ce Héron pourpré est nettement moins sociable que le Héron cendré même s’il niche quelquefois en colonie avec des distances entre nids de 5 à 20 mètres.
La saison des amours commence au milieu du printemps dans nos régions et le mariage est monogame pour la saison.
Nidification : Le nid est édifié par les deux parents. Selon les statistiques des ornithologues il est édifié entre 0.8 et 2.3 mètres au dessus du sol et plus bas quand il est au-dessus de l’eau (entre 0.5 et 1.6 m). Les matériaux utilisés sont des branches, des roseaux, des algues, de l’herbe et des plumes. L enid peut aussi être construit dans des arbres. La femelle pond début avril 2 à 5 œufs bleu-vert clair de 55 x 45 mm. et les couve en alternance avec son compagnon pendant 4 semaines. Une dizaine de jours après leur éclosion des œufs, les jeunes s’aventurent hors du nid. Ils y reviennent pour obtenir la nourriture régurgitée par leurs parents. Ils volent et sont indépendants après 3 mois . Ils seront adultes après 1 an.
Prédateurs : le raton laveur, hibou, renard et mustélidés mais rarement certains rapaces comme le Pygarge ou le Faucon pèlerin.
En Afrique dans les zones d’hivernage, ses prédateurs sont, le Busard grenouillard , Circus ranivorus et la Loutre sans griffes, Aonyx capensis, les serpents et les rats.
Protection : cet oiseau est en danger d’extinction car il est devenu rare. Les effectifs sont de 30 à 40 000 couples en Europe. La baisse constatée de ces oiseaux est due, à la chasse illégale, la disparition et la pollution de ses milieux de vie, les zones humides. L’eau polluée par l’azote et les engrais se couvre d’algues et d’autres végétaux, rendant l’eau opaque pour cet oiseau chasseur. Le bétonnage des plaines inondables a un impact important. Ses zones d’hivernage de plus en plus sèches ont un impact sur sa survie. Il existe un lien entre l’abondance des pluies de ces zones et ses effectifs. La sécheresse, et donc la famine augmente fortement sa mortalité. Avec le changement climatique, il va disparaitre des pays du Sud qui ont perdu beaucoup de zones humides et remontera vers les pays du Nord.
Une étude ancienne de 2010 avait déjà conclu à une perte de 50% de la population par rapport aux 10 années antérieures..
Article illustré par Claudy Stenger,talentueux photographe naturaliste de notre région, d’autres photos d’oiseaux et animaux sauvages sont visibles sur Flickr (cliquer)
Texte, bibliographie Roland Gissinger (Anab) –Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Webographie : Wikipédia, Oiseau-libre.net
1/ Recent changes in the diet and breeding parameters of the Purple Heron Ardea purpurea in southern France mars 2010 C. Barbraud
2/ Post-fledging habitat selection of a Purple Heron Ardea purpurea revealed by GPS/GSM telemetry- M. Morganti déc 2021
3/ Ardea purpureapurple heron ADW