L’Accenteur mouchet (Prunella modularis)
Publié le 8 Décembre 2024
Roland
Nom scientifique Prunella modularis (Linnaeus, 1758)
Origine du nom : « prunella» vient du germanique « braunelle », «brun», comme la couleur générale de son plumage et de «modularis », «modulé », en lien avec son chant.
Le mot accenteur est d’origine incertaine. Il viendrait de la même racine qu’ « accentuer », elle-même se rattachant à « cantus » le chant. L’accenteur est donc « celui qui chante avec le chanteur ».
Autre nom commun : bruant des haies
Nom allemand : Heckenbraunelle
Nom anglais : Dunnoc, Hedge sparrow
Observation: le 18 novembre dernier à Blies-Ebersing (57 – Moselle)
Classification et famille: celle des Prunellidae. Cette mini-famille contient un seul genre, Prunella, décliné en douze espèces. Ce sont des oiseaux passereaux, des oiseaux de petite taille au bec pointu. Ils se nourrissent d’insectes en été et de baies et graines en hiver. Ils nichent près du sol où la femelle construit un nid en forme de bol. Les petits possèdent un plumage simple, peu contrasté. Ils sont cantonnés dans la zone dite paléarctique, Europe, Asie et nord de l’Afrique.
Dimensions et poids : cet Accenteur mouchet mesure de 14 à 15 cm de long, pour 20 cm d’envergure.
Poids : 19 à 25 g environ.
Longévité : moyenne, jusqu’à 12 ans
Description de l’adulte: c’est un oiseau de couleur cryptique qui lui permet de se fondre dans son environnement pour éviter la prédation. Il est un peu plus petit qu’un moineau auquel il ressemble quand l’observateur est éloigné. De près, son corps est brun avec de belles rayures noires ou de couleur sombre sur les côtés et sur les ailes. La tête, le cou et la poitrine sont gris. Les yeux sont bruns (noirs pour la femelle moineau) et le bec est sombre. Il n’est pas conique comme celui du Moineau mais
identification par le comportement : l’Accenteur mouchet est toujours seul, tandis que le moineau se promène et cherche sa nourriture toujours en bande avec ses compères.
Son chant est très aigu, vif et rapide. Il se compose d’un tsiiip aigu suivi d’une suite de notes courtes et faibles. Il ressemble en discontinu à celui du Troglodyte mignon
Habitat: il fréquente des milieux divers, comme les jardins, haies, forêts de conifères et forêts denses. Son habitat préféré est la pessière, la forêt d’épicéa.
On le trouve sans toute l’Europe jusqu’à la zone boréale arborée. Il est absent ou rare dans les pays les plus méridionaux, (Italie, Grèce, sud de l’Espagne.
Migration :
L’Accenteur mouchet est un migrateur partiel. Il quitte les zones très froides ou d’altitude pour aller vers le sud, en Espagne ou en Afrique du Nord.
Nourriture : son régime est surtout insectivore. Ses proies favorites sont de petites chenilles, des coléoptères et des larves de tous genres. Il mange aussi des araignées. Des petits akènes de graminées et carex et des petites baies comme celles du sureau complètent son menu. En hiver il se nourrit de petites graines comme celles de l’aulne.
Comportement :
Pour la reproduction : lors de la formation des territoires les mâles battent des ailes. Les ornithologues appellent cela du « shufflewing ».
Sur le chapitre de la reproduction les mœurs de l’accenteur sont très particulières. Chez les oiseaux polygames un mâle peut avoir plusieurs femelles (il est dit polygyne), une femelle peut avoir plusieurs mâles (elle est dite polyandre). Notre accenteur fait plusieurs combinaisons.
On appelle cela la polygynandrie. C'est-à-dire que les mâles et les femelles s’accouplent librement entre eux !
Nous ne porterons pas de jugement moral sur cette attitude, et nous vous déconseillons de la généraliser à d’autre espèces dites plus évoluées. J
C’est donc un peu le bazar dans la famille recomposée de Madame et Monsieur Accenteur mouchet.
Dans le cas le plus fréquent les femelles occupent un territoire qui est quelquefois à cheval sur celui d’un ou de plusieurs mâles. Ce système de polyandrie est rare chez les autres oiseaux.
Le mâle dominant (alpha) souvent un des plus âgés sera reproducteur mais les autres essaient d’accéder à la femelle et y parviennent si le mâle alpha est absent car sur un territoire trop grand pu difficile à surveiller.
Les mâles ne font pas de différence entre leurs petits et ceux des autres et participeront à l’élevage de la couvée. Il est vrai qu’ils ne sont jamais certains de leur paternité et la compétition demeure car chaque mâle conserve son territoire. Davies (4) a noté que certains mâles bêta ne pouvant s’accoupler ont détruit les œufs dont ils soupçonnent qu’ils ne sont pas d’eux.
La combinaison, une femelle deux mâles, donne les meilleures chances de survie à la couvée car les trois participent à la nourriture des poussins.
D’après l’ornithologue anglais, Tim Birkhead, l’Accenteur mouchet peut s’accoupler en un dixième de seconde et le faire 100 fois par jour. Birkhead, encore vivant, doit être un spécialiste du chronomètre et du comptage .🤔😛.
Difficile de vérifier ces statistiques. Voici 50 ans, Birkhead a mis en évidence dans ses études sur les oiseaux, la polyspermie :la fécondation d'un ovule par 2 spermatozoïdes. Les cellules ont alors 3n chromosomes, un jeu supplémentaire de chromosomes en provenance du même père ou d'un second père au lieu de 2n. Il a aussi prouvé l’existence d’une sélection des semences mâles par l’appareil reproducteur des femelles et l’importance de la forme des œufs pour leur survie chez certaines espèces comme le Guillemot commun. C’est donc une « pointure » de l’ornithologie. Reste que mesurer un « évènement » d’une durée d’un dixième de seconde n’est pas à la portée de chacun…
Nidification : Le nid est construit avec des brindilles et de la mousse sur des branches situées entre 60 cm du sol et jusqu’à 3 m de hauteur. Fin avril, la femelle pond de 4 à 5 œufs de 20 X 15 mm. Leur couleur est flashy, bleu-turquoise clair. Ils sont nourris d’insectes et de larves régurgités. Le nourrissage par la "famille" dure de 12 à 14 jours. Les jeunes peuvent alors voler, mais dépendront encore des parents pendant 2 semaines environ. Ils seront matures après un an.
La « famille » met presque toujours une deuxième couvée en route, la première comportant beaucoup de pertes d’oisillons.
Confusion et sous-espèces : avec les moineaux mais dont le bec est conique et qui vivent en groupes. Il existe plusieurs sous-espèces. Elles ne font pas l’unanimité de spécialistes et donc je ne vais pas vous faire des nœuds au cerveau avec leurs micro différences.
Protection et prédateurs: cet oiseau est protégé par la loi et classé LC, préoccupation mineure en Europe. Il est classé VU vulnérable en région Auvergne-Rhône-Alpes. Sa population est en déclin. Avec les pratiques de l’agriculture intensive, telles que le drainage, la culture des zones humides et la disparition des insectes son statut risque d’évoluer encore plus défavorablement. Il est aussi victime de certains prédateurs, ceux-là naturels : Épervier d’Europe, Geai des chênes, Écureuil roux.
Texte Roland Gissinger (Anab) synthèse de sites internet et livres relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Bibliographie :
1/sites wikipedia
2/ Tim Birkhead, Bird Sense, Bloomsbury Publishing, 2012, ISBN 978-1408820131
3/ THE SOCIAL BEHAVIOUR OF THE DUNNOCK PRUNELLA MODULARIS M. E. BIRKHEAD