L'Opilion rameux - Dicranopalpus ramosus, un arachnida

Publié le 26 Février 2025

L'Opilion rameux : Dicranopalpus ramosus
L'Opilion rameux : Dicranopalpus ramosus
L'Opilion rameux : Dicranopalpus ramosus
L'Opilion rameux : Dicranopalpus ramosus

L'Opilion rameux : Dicranopalpus ramosus

Voici un arachnide.  Ce n’est pas une araignée et encore moins un insecte vous diront les aranéologues. Avec ses 8 longues pattes, c’est un opilion, un lointain cousin des araignées. Des opilions sont présents dans toutes les maisons mais celui-ci plus rarement.
 Roland


Nom scientifique: Dicranopalpus ramosus (Simon, 1909)

Origine du nom scientifique: l’étymologie latine «dicranopalpus», se décompose en « di » deux ; « cranium », le crâne, « palpus », palpe soit « 2 palpes contre la tête » et du latin « ramosus», ramifié comme ses pédipalpes ou pièces buccales situés près de la tête (on dit prosome).

Nom vernaculaire français:
Opilion rameux

Nom allemand : Streckfuß (Weberknecht)

Nom anglais :  
Fork-palped Harvestman

Observation : le 11 août à Sarre-Union (Bas-Rhin- 67)

Classification :  ce Dicranopalpus ramosus appartient à l’Ordre des Opiliones regroupant 6500 espèces dans le Monde, regroupées en 1600 genres dont 130  environ en France.

Les arachnides  sont des êtres articulés dans la classification animale. Les arachnides comprennent les scorpions, les acariens, les opilions et les arachnides ou araignées. Ce dernier ensemble  est bien plus important que celui des Opiliones avec  50 000 espèces. Ce sont toutes des invertébrés prédateurs à 8 pattes et 6 à 8 yeux. Elles tissent à un moment de leur vie une toile avec des organes spécifiques, les filières.

Vous retiendrez facilement la caractéristique la plus évidente d’un opilione.
Le mot « opilio » désignait en latin un berger sur échasses. Il se déplaçait ainsi dans les zones très humides ou plates pour éviter d’être toujours mouillé et aussi pour mieux suivre à l’œil son troupeau.
Les opiliones ou opilions sont des bestioles à 8 longues et fines pattes qui ressemblent aux araignées. (rappelez-vous, les araignées ne sont pas des insectes lesquels ont tous 3 paires de pattes et non 4).  
Ils diffèrent des araignées par plusieurs points dont voici les plus remarquables. Ils ne produisent ni fil, ni toile et sont sans glandes à venin. Le corps des opilions, l’abdomen segmenté porteur des pattes  et le céphalothorax, la partie avant, sont fusionnés en une seule partie au lieu de 2 chez les araignées.
Ils ont deux chélicères, des pinces près de l’orifice buccal, deux pédipalpes développés (pièces buccales pour palper et attraper) et 2 yeux.
Le Dicranopalpus du jour fait partie de la famille des Phalangioidea, qui comprend 33 genres répartis à ce jour en 420 espèces.

Période d’observation des adultes : juin à novembre avec un pic en août. Les juvéniles sont observables début juillet.

Description :  L’anatomie étant différente de celle des insectes, un vocabulaire spécifique décrit les différentes structures.
Le corps, brun et gris, est un petit ovale porté par des pattes démesurées. Le corps est parsemé de taches claires et sombres avec souvent une bande sombre transversale sur le corps et près des yeux (à la Zorro) chez les mâles.

A l’avant la tête porte deux yeux et des appendices se terminant en pinces (2) qui servent à palper, sentir, gouter le support et les proies éventuelles : les pédipalpes. Comme déjà évoqué avec l’origine du nom, ils sont bifurqués en deux pointes. Les pédipalpes des femelles possèdent (2) chacun plus de 1000 poils sensitifs glandulaires plumeux sensitifs. Il existe 4 types de poils sensitifs sur les pédipalpes (2)
mais les spécialistes ne savent pas encore tout sur leurs fonctions.

Soies plumeuses de Dicranopalpus


Les pattes très fines et très longues sont posées sur le côté au repos. Elles possèdent aussi de très nombreuses soies sensitives. Les pattes des mâles comptent plus de 2200 soies fourchues en voiles au niveau des métatarses et tarses des 3 ème et 4 ème paires de pattes. Elles ont un rôle dans la reproduction. Les femelles ne possèdent que des soies simples.

Dimensions: 4 à 6 mm pour le corps de la femelle et 3 à 4 mm  pour le mâle. La deuxième paire de pattes peut mesurer 5 cm soit presque 10 fois plus longue que le corps.

Biologie et  toile : l’activité de cette araignée perdure jusque tard dans la saison, novembre par exemple. Jusqu’à +4°C elle est active.

Reproduction:
La reproduction est sexuée mais de nombreuses espèces voisines peuvent se reproduire par parthénogenèse, sans partenaire, pourquoi pas chez Dicranopalpus. Il reste bien des choses à découvrir sur elle.
Les mâles repèrent leurs partenaires grâce à des phéromones, des messages chimiques bien spécifiques des femelles laissés sur les pistes parcourues. Les mâles possèdent d’après les études précises des poils sensoriels en forme de plumes sur leurs pattes (la deuxième parie en particulier) grâce auxquels ils repèrent ces phéromones.
Le mâle avant la parade amoureuse peut combattre contre d’autres prétendants ; Après sollicitation de la femelle avec ses pédipalpes l’accouplement a lieu.

Ponte : Juste après ou quelques semaines plus tard la femelle dépose ses œufs fécondés sur des feuilles ou des morceaux de bois. Un des deux partenaires surveille quelquefois les œufs.
Après plusieurs semaines, les jeunes sortent des œufs et vont
subir 4 à 8 mues. Ils ne seront matures sexuellement qu’à la dernière mue.
Ce sont les œufs qui vont permettre à cette araignée de passer l’hiver.

Nourriture: le Dicranopalpus ramosus est un animal opportuniste. Il chasse ses proies à l'affût ou non et est dépourvu de glande à venin. Il se contente souvent de détritus et cadavres. Il existe peu de littérature sur ce sujet.

Habitat:. Sa découverte au Maroc en 1909 est récente. En dehors de son origine c’est une araignée « anthropique », directement liée aux activités humaines.  Elle n’a aucun organe ou moyen de déplacement rapide, ni ailes, ni fil faisant office de voile avec le  vent comme les araignées (ballooning) déjà évoqué sur ce blog.
A la manière d’autres insectes,  elle est véhiculée derrière un rétroviseur, dans un coffre, sur des plantes par les humains : camions, voitures. Elle a suivi les voies de circulation les plus importantes pour prendre ensuite les voies secondaires. L’avancée peut être de 100 km ou plus par an de cette manière.
Elle est présente dans les jardins et buissons et arbres mais aussi sur les bâtiments. Les danois (3) ont remarqué une préférence de Dicranoplapus r.  pour les orties.
Elle s’est diffusée après la guerre très rapidement. Au Portugal en 1948, Espagne 1965, France 1969, Angleterre 2000, Allemagne 2004 , Danemark 2008 et le fin fond de l’Ecosse, l’île de Skye and Moray en 2017.
Son expansion est incroyable et très rapide partout.

Prédateurs: araignées, fourmis, batraciens mantes, chauve- souris, oiseaux, mammifères.
Les opilions ont la particularité de pouvoir détacher leurs pattes pour échapper à un prédateur. Cette capacité, dite « autotomie » n’a pas de conséquence  pour sa survie.

Protection:
L’espèce est présente de manière fréquente et ne bénéficie d’aucune  protection légale.


Texte,  bibliographie, photos  Roland Gissinger (Anab)


Article de référence et bibliographie :

Les opilions et araignées ne sont pas des insectes. Pour nous simplifier la vie et ne pas rallonger la liste des rubriques sur notre page de garde, nous avons rangé cette bestiole et les autres avec les "insectes". Overblog ne permet pas de renommer les rubriques… Chers spécialistes aranéologues et autres,  veuillez nous en excuser.


1/ Ten years after the invasion: Dicranopalpus ramosus and Odiellus spinosus (Opiliones, Phalangiidae) in Denmark- Soren Toft sept 2018

2/Tout savoir surles différentes soies sensitives chez cet opilion : Sensory structures and sexual dimorphism in the harvestman Dicranopalpus ra-mosus (Arachnida: Opiliones nov 2013 -Hay Wijnhoven nov 2013
3/The distribution of the invasive harvestman DICRANOPALPUS RAMOSUS in the netherlands (arachnida: opiliones) Jinze Noordijk, janv 2007




Araignées déjà présentées sur notre blog.

 

Nom scientifique

Nom taxon  français

Aculepeira ceropegia

Épeire feuille de chêne

Araneus diadematus

Épeire diadème, Épeire porte croix 

Argiope bruennichi 

Argiope frelon 

Deinopsis

Araignée Rétiaire ou Araignée gladiateur

Dolomedes fimbriatus

Dolomède des marais, Dolomède bordé 

Micrommata virescens

Micrommate émeraude

Pisaura mirabilis

Pisaure admirable

Synema globosum

Thomise Napoléon

Tetragnatha extensa

Tétragnathe étirée

Tetragnatha obtusa 

Tétragnathe 

Rédigé par ANAB

Publié dans #Insectes de chez nous

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B
En fait le N° 54 de la Hulotte est consacré à l'araignée Pholcus et non aux opilions. La page 14 du magazine , où il est évoqué, explique que malgré leur grande ressemblance il ne s'agit pas de la même famille. Ce qui permet de les différencier est en effet que le corps de l'opilion est en seule partie.<br /> Vous pourrez lire avec profit cet article et déjouer ainsi le prochain quiz de Roland.😊
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A
Merci Bern@rd de ta relecture attentive de ces ouvrages de référence que sont les "la Hulotte"<br /> Roland
T
Merci à vous, Martine et Roland, pour cet article très instructif. Je n'ai jamais rencontré de Dicranopalpus ramosus.<br /> Cette bestiole a de l'intuition! Elle s'est présentée sur ta terrasse, Roland, sachant que non seulement elle ne risquait pas de se faire écraser, mais qu'elle ferait l'objet d'un article bien documenté 😁<br /> "A species of harvestman" est le premier nom commun que j'ai trouvé. <br /> Pas évident!<br /> Finalement le nom commun "Fork-palped Harvestman" est apparu.<br /> <br /> https://www.inaturalist.org/taxa/57396-Dicranopalpus-ramosus<br /> https://www.inaturalist.org/geo_model/57396/explain
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A
Merci beaucoup de ton commentaire et compléments Toll.<br /> Le site inaturalist est très riche.<br /> grâce à toi, 😁👁j'y ai trouvé le un nom commun en français pour Dicranopalpus ramosus, aussitôt ajouté au titre de l'article<br /> Roland
P
J'avais laissé le soin aux spécialistes de se creuser les méninges !<br /> Article très intéressant,comme toujours,ainsi que le commentaire de Christian.<br /> Merci de nous faire connaître ces petites bestioles.<br /> Et merci aussi pour le tableau.
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A
merci de ton commentaire Pomme63<br /> Roland
C
Bel article, très instructif,<br /> Les opilions , appelés avant Faucheux et qui peuplaient les prés" naturels, ressemblent à une véritable araignée qui habite souvent dans nos maisons, jusqu'à devenir presque " domestique",je veux dire le pholcus, le pholcus phalangiodes.<br /> Pholcus et opilion sont souvent confondus à cause de leurs longues pattes.<br /> Mais le pholcus, par rapport à l'opilion, a un céphalothorax bien distinct de l'abdomen très allongé<br /> et il construit une toile très filaire.Il y a peut-être des variétés peu distinctes d'un genre à l'autre ??<br /> Il tournoie sur lui même lorsqu'il se sent en danger.<br /> Quant au "voyage" de cet opilion ,il rappelle un peu celui de l'argiope bruennichi<br /> . A l'époque romaine celle-ci ne dépassait pas la Narbonaise,aujourd'hui on la trouve en Belgique.<br /> Gageons qu'avec le changement climatique , on la trouvera un jour en Suède, à la limite du cercle polaire.?
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A
Merci Christian de ton appréciation et de ces précisions. Si ta main te démange pour écrire un article sur le sujet c'est avec plaisir que nous le publierons.<br /> Roland
P
Encore merci pour l'article, jamais observé cette araignée...
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A
Merci Pierre. Comme dis en réponse aux commentaires quiz,<br /> cette araignée était sur ma terrasse,je n'ai pas eu à la chercher!<br /> Roland
B
Bravo pour cet article bien documenté.
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A
Merci Bern@rd et tiens Pierre et les autres lecteurs au courant pour le numéro d e la Hulotte<br /> Roland
B
Mais bien sûr ! Comme punition de mon ignorance je vais relire la Hulotte. 😊
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P
Bonjour, quel n° de la Hulotte ?