La Bugle de Genève (Ajuga genevensis)et autres buggles.
Publié le 12 Février 2025
Nous avons déjà abordé la Bugle rampante très commune dans toutes les régions. Voici la Bugle de Genève, bien plus rare dans notre région. L’objet de cet article est aussi de vous présenter rapidement les autres bugles françaises.
Roland
Nom scientifique : Ajuga genevensis L., 1753
Origine du nom : l’étymologie est obscure. Le mot « ajuga » serait une déformation du latin « abija »qui signifie « écarter les maladies », mérites totalement injustifiés car cette plante est peu médicinale. Ou bien, proviendrait de la déformation de « bugula » devenu « bugle », et qui signifie « buffle».
« genevensis » signifie « de Genève ».
Nom: le nom français est bugle (féminin). Il est plus facile de faire le rapprochement avec le buffle car on dit bien « beugler » pour quelqu’un qui crie trop fort.
Nom commun dialecte / allemand : Günsel, Genfer Günsel
Nom anglais : cornish bugle
Date de l’observation: le 12 mai à Hohengoeft (Bas-Rhin 67)
Famille de plantes : les Lamiacées ou Lamiaceae . Ce sont souvent des plantes très odorantes comme les lavandes, le Thym, le Basilic, , la Sarriette, la Sauge, les lamiers, les galeopsis.
Cette famille est homogène et comprend 6000 espèces de par le monde, réparties en 210 genres.
Caractéristiques communes : elles contiennent des huiles ou essences aromatiques dans des glandes réparties sur la surface des feuilles ou à la base de poils glanduleux.
Les feuilles sont opposées et réunies sur un point de la tige carrée en pseudo verticilles. Il en va de même pour les fleurs.
La fleur est de symétrie bilatérale (ou zygomorphe) avec 5 pétales soudés en une corolle à deux lèvres prolongées par un tube.
Elle comporte 4 étamines et quelquefois 2 supplémentaires. L’ovaire possède 4 ovules bien symétriques qui donneront un tétrakène.
Bugles : Il existe une soixantaine d’espèces de bugles dans le Monde dont 5 en France métropolitaine et de nombreuses au Moyen-Orient. Elles se différencient de certaines lamiacées par leurs feuilles entières ou lobées, dentées et leur corolle à 5 lobes. Le caractère déterminant des bugles est la lèvre supérieure de leurs fleurs, plate et réduite à deux dents. La lèvre inférieure possède 3 lobes avec celui du milieu divisé de 2. Le tube formé par la corolle est à l’intérieur parcouru par un anneau de poils.
Catégorie: Plante vivace sans stolons à rosettes latérales.
Hauteur: 10 à 40 cm
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Tiges et racines: tige dressée, quadrangulaire à poils sur les 4 faces. Cette tige se termine dans la terre par un organe de survie un rhizome
Feuilles: opposées, en ovale. Le bord est denté et même trilobé pour les feuilles du haut. Le limbe est velu, soyeux, souvent panaché de bleu. Les feuilles de base disparaissent à la floraison.
Floraison: d’avril à juillet selon les latitudes
Fleurs: Les fleurs, sont groupées en pseudo-verticilles 6 à 10 fleurs et plus, dans un épi lâche en position terminale. Leur couleur est bleu vif. La corole de 12 à 20 mm est pourvue d’un tube avec un anneau de poils à l’intérieur. La lèvre supérieure est plane, entière ou non. La gorge abrite 4 étamines parallèles bleues, saillantes aux anthères velues et le pistil. Les fleurs sont entourées à leur base d’un calice en cloche à 5 dents velues plus longues que le tube.
Pollinisation
La plante est mellifère et pollinisée par différents types d’abeilles (hyménoptères) et par des papillons de jour et de nuit.
Confusion : fréquente avec la Bugle rampante mais qui a des stolons et une tige avec seulement deux faces velues.
Fruits : les fruits sont des akènes gris-brun de 3 à 7 mm réunis par 4 dans le fond du calice. Ils sont dispersés par les animaux et le vent.
Habitat: plante nettement thermophile, présente dans les pelouses sèches, les champs, les vignes et les lisières forestières jusqu’à 2000 m. Elle résiste à des gelées de -30°C. Cette plante est absente d’une grande partie de la façade Ouest de notre pays. On la trouve dans toute l’Europe moyenne et du Sud jusqu’au Caucase. Elle est une néophyte en Amérique du Nord.
Protection : cette plante est classée VU, vulnérable en Région Aquitaine et Haute -Normandie, NT quasi-menacée dans les régions Pays de Loire, Poitou-Charentes, Basse-Normandie, Champagne Ardenne, Limousin, Lorraine, elle a disparu du Nord-Pas-de-Calais et LC, préoccupation mineure ailleurs.
Elle est espèce déterminante Znieff dans de nombreuses régions en plus de celles déjà citées plus haut.
Utilisation alimentaire :
La tige, les feuilles et fleurs de cette Bugle de Genève sont comestibles. Elle devient rare dans certaines régions et donc il faut s’en tenir aux individus plantés dans le jardin.
Utilisation médicinale et toxicité :
Cette plante n’est pas citée dans le site de référence wikiphyto.
Elle était utilisée dans certains pays comme remède aux plaies et ulcères grâce à ses propriétés ,cicatrisantes, vulnéraires, antimicrobiennes et antifongiques.
Cette bugle contient plus de polyphénols, antioxydants naturels que la plante médicinale de référence, la Bugle rampante, Ajuga reptans.(230 mg contre 180 d’après (2). La quantité d’iridoïdes est par contre moins élevée (1250 mg /100g contre 1860 mg). Les iridoïdes sont d’autres antioxydants très réactifs, neuroprotecteurs et aux capacités anti-amnésiques significatives. Une autre étude (1) a révélé la présence de quantités importantes d’acide rosmarinique, caractéristique du Romarin comme son nom l’indique. C’est aussi un antioxydant naturel.
Une étude très récente d’octobre dernier (4) a confirmé les propriétés, in vitro, des extraits de Bugle rampante et de leur absence de toxicité, ce qui est de bonne augure pour cette Bugle de Genève très proche.
Comme toujours, et avant toute utilisation, il faut consulter un médecin pour être averti des éventuels effets indésirables ainsi que des interactions possibles avec les médicaments classiques.
Bugle et musique
Le nom, bugle, de l’instrument, nom masculin et non pas féminin comme la fleur, est connu. Peu de personnes le connaissent vraiment. C’est un instrument à pistons de la famille des cuivres. Il est peu utilisé en musique classique mais trouve des adeptes dans les fanfares, les harmonies de villages et les groupes de jazz. Le son est doux, moins percutant que celui de la trompette qui utilise le même registre.
Autres bugles :
Bugles |
Localisation |
Caractères typiques |
Ajuga pyramidalis |
Montagne |
Plante velue sans stolons |
Ajuga chamaepitys |
Midi |
Fleurs jaunes |
Ajuga iva |
Midi- Bord de la Méditerranée |
Fleurs roses panachées de blanc |
Texte et photos Roland Gissinger (Anab)
Sources bibliographiques voir index biodiversité
1/ Unusual molecular pattern in Ajugoideae subfamily: the case of Ajuga genevensis L. from Dolomites A Venditti 2016
2/ BIOACTIVE EXTRACTS FROM CULTIVATED AJUGA GENEVENSIS. AND A. REPTANS L.: IN VITRO/IN VIVO PHARMACOLOGICAL EFFECTS Andrei Paduraru oct 2018
3/ Comparative Phytochemical Profile, Antioxidant, Antimicrobial and In Vivo Anti-Inflammatory Activity of Different Extracts of Traditionally Used Romanian Ajuga genevensis L. and A. reptans L. (Lamiaceae) – Ancan Toiu avr 2019
4/ Phytochemical and PharmacologicalResearch in Ajuga reptans L. HerbExtracts Svitlana Maliuvanchuk Oct 2024