Le Lierre met les crampons aux bottes
Publié le 19 Mars 2025
ARTICLE REPONSE au quiz du 13 mars
Un article récent paru sur le site Anab décrivait les caractéristiques botaniques de cette plante grimpante. Reste donc à connaître le procédé par lequel le lierre s’accroche à son support.
Les mécanismes de fixation du lierre
Des rameaux d’âges différents courent le long de ce tronc d’arbre; On remarquera que les rameaux âgés sont abondamment garnis de filaments qui correspondent à des racines adventives modifiées. Sur le bord gauche du cliché, un rameau peu épais porte des racines principalement sur la face en contact avec le tronc-support. Ce sont ces organes qui constituent les racines à crampons permettant la fixation.
Les racines adventives sont réparties en touffes étagées (unités) au niveau des entre-noeuds de la tige originelle. Leur prolifération et leur allongement en l’absence de surface support conduisent à la formation d’un épais manchon (rôle secondaire protecteur ?).
Dans les parties aériennes (verticales), les racines adventives ont perdu leur capacité d’absorption alimentaire, elles développent une extrémité crampon caractérisée par la présence d’un système de fixation très efficace. Contrairement à d’autres végétaux lianoïdes qui sont dotés de crochets recourbés ( ronces, rosiers par ex. , cf aussi les fruits de la bardane), le lierre a développé à la surface des zones crampons un système de poils microscopiques adhésifs.
Vue microscopique (sans préparation) d’extrémités de racines adventives fixatrices. On distingue les manchons de poils microscopiques qui vont entrer en contact très étroit avec les moindres irrégularités du support. L’extrémité de ces poils sécrète une substance adhésive. Cette première adhésion induit le développement des poils et racines proches avec comme effet, l’augmentation des possibilités d’ancrage. Enfin, un deuxième mécanisme entre en jeu : le dessèchement, qui va contracter poils et racines plaquant encore plus fortement le lierre à son support.
Les architectures du lierre
Bases d’un tronc de lierre. A gauche, un appareil racinaire conséquent et un tronc unique qui part à l’assaut d’un conifère. A droite, un chêne sert de tuteur au lierre. Le développement du tronc de lierre s’accompagne d’une croissance en épaisseur et d’une ramification en tiges plus ou moins nombreuses.
Cependant les enchevêtrements sont monnaie courante et des rameaux peuvent fusionner créant une anastomose
En A, anastomose de deux rameaux de lierre. Mais la photo, parait-il, en présente encore une autre…
Les rameaux du lierre courent de façon quasi rectiligne sur plusieurs dizaines de mètres le long du tronc pour se ramifier une nouvelle fois au niveau du houppier de l’arbre (chêne) où la plante développe ses organes reproducteurs.
Lorsque le lierre occupe la presque totalité du houppier, ou que l’arbre-hôte a subi un traumatisme (cime sectionnée, tronc incliné) ou s’il colonise un poteau, le lierre peut émettre des rameaux descendants qui constituent alors des lianes véritables et qui finissent par s’ancrer dans le sol.
Les relations lierre-hôte et humains
Les relations entre le lierre et son arbre-support font l’objet de nombreuses discussions entre partisans de sa conservation et partisans de sa suppression.
Une chose est sûre, le lierre est une plante chlorophyllienne qui assure ses propres besoins (cf lierre colonisant un support inerte)
Texte, photos, bibliographie Étienne Feuchter (Anab)
Le spectacle du tronc de lierre sectionné à la tronçonneuse ou entaillé à la hache.
Bibliographie en français:
-Zoom-nature les armes secrètes du lierre pour se cramponner
https://www.zoom-nature.fr/les-armes-secretes-du-lierre-pour-se-cramponner/
-Le lierre grimpant par Dominique
https://forum.mikroscopia.com/topic/17547-lierre-grimpant-crampons/
-La présence du lierre (Hedera helix) dans les parois rocheuses
https://www.obsirocbel.com/pages/environnement/importance-du-lierre.html
et en anglais
The attachment strategy of English ivy: a complex mechanism acting on several hierarchical levels Björn Melzer & Al. 2010
https://doi.org/10.1098/rsif.2010.0140