Le moustique tigre colonise désormais 153 communes alsaciennes, une progression exponentielle
Publié le 21 Mars 2025
paru le 7/3/2025 sur l'Alsace. Transmis par Bernard. Merci Bernard.
Le nombre de communes alsaciennes colonisées par les moustiques tigres a progressé de 74 % entre 2023 et 2024. Dans le Grand Est, ce sont nos deux départements qui sont de loin les plus exposés avec 153 villes touchées sur 163 pour la grande région. Un mouvement qui semble inéluctable.
En 2023, 88 communes alsaciennes étaient colonisées par le moustique tigre. En 2024, elles sont 153 ! C’est l’un des chiffres du bilan annuel que vient de publier l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand est. Une contamination exponentielle donc : on est passé de 61 à 100 communes bas-rhinoises et de 27 à 53 communes haut-rhinoises. L’Alsace constituant le lieu de ralliement favori et quasi exclusif du nuisible dans le Grand Est, puisque le nombre total de communes colonisées dans la grande région est de 163. S’ajoutent à cela 228 signalements de moustique tigre au niveau de communes non colonisées dans les dix départements.
L’agence indique aussi que dix opérations de démoustication ont été menées, six dans le Bas-Rhin et quatre dans le Haut-Rhin ( Colmar et Eguisheim), suite au repérage de cas humains de dengue afin d’empêcher toute épidémie. Et cela consécutivement à six cas de dengue.
Le traitement sous multiples conditions
L’ARS est notamment en charge du traitement autour des lieux fréquentés par des personnes atteintes de maladies transmises par les moustiques (dengue, chikungunya, zika). Elle confie ces missions à des opérateurs par département : la brigade verte pour le Haut-Rhin et le syndicat de lutte contre le moustique pour le Bas-Rhin. Il y a plusieurs types d’intervention : une projection d’insecticide à partir d’un véhicule, uniquement donc sur les zones vertes donnant sur la rue ; un traitement à pied qui permet de pénétrer dans les jardins à l’arrière des maisons. « Quand il s’agit de cas importés, c’est-à-dire de gens qui reviennent malades de voyage, c’est le traitement par véhicule, explique Philippe Bindler, de la brigade verte 68. S’il devait y avoir un cas autochtone, transmis par des moustiques locaux, ce serait une opération plus lourde et plus coûteuse, avec traitement par véhicule répété une à deux fois et traitement pédestre. C’est gradué en fonction du risque. »
L’ARS précise que le traitement n’est mis en place que si elle estime qu’il y a un risque. Pour cela il faut concomitamment être en période d’activité du moustique du 1er mai au 30 novembre ; que des moustiques soient présents dans la zone géographique concernée ; que « les activités du malade et des moustiques soient compatibles avec un risque de piqûre » ; que « les conditions météorologiques soient compatibles avec un risque de transmission ».
« Ce n’est qu’une question de temps… »
Ajoutons encore que les deux opérateurs alsaciens gèrent les 178 pièges à œufs, des seaux d’eau dans lesquels flotte un cube de polystyrène où les éventuelles femelles moustiques tigres aiment à venir pondre. « Cela permet de déterminer la présence ou l’absence de nuisibles et sa densité avec une surveillance mensuelle. On fait cela depuis une quinzaine d’années. Et on continuera jusqu’à ce que le territoire soit malheureusement entièrement colonisé. Ce n’est qu’une question de temps… », diagnostique le responsable haut-rhinois.
Qui rappelle que « la seule méthode efficace contre ce fléau est de lutter contre les gîtes larvaires », c’est-à-dire les récipients d’eau qui traînent dans les jardins. « Tant qu’on n’aura pas fait ça, il y aura du moustique et un risque de contamination. Il faut qu’un maximum de gens s’impliquent dans une lutte au quotidien. »