Le Serin cini (Serinus serinus)

Publié le 27 Avril 2025

Le Serin cini (Serinus serinus)- Photos Claudy Stenger

En ce moment vous pouvez entendre en ville cet oiseau au chant aigu et très métallique, assez facile à identifier.
Roland

Nom scientifique : Serinus serinus Linnaeus, 1766
anciennement

Origine du nom : « sini» désigne cet oiseau en occident et la racine « sin » exprime qu’un son est aigu.

Nom allemand: Girlitz

Nom anglais: European Serin

Observation : le 19 avril à Sarre-Union

Famille : c’est un passereau de la famille des pinsons ou Fringillidae, qui regroupe des petits oiseaux granivores de 10 à 25 cm. Ils se nourrissent de graines, de fruits et bourgeons et même des noyaux de cerise pour le Gros-bec. L’alimentation des jeunes doit être plus riche en protéines. Les parents les trouvent dans les vers et insectes. Cette famille comprend une grande diversité d’espèces en Afrique, (avec par exemple 35 espèces de serins) ainsi que dans certaines îles où des espèces se sont diversifiées. Les îles Hawaï, par exemple, comptent 34 espèces du genre Drepanidini.
Les plus connus des Fringillidae sont les Bouvreuils, les pinsons , les tarins... Ce sont des oiseaux de petite taille munis d’un bec pointu et solide, quelquefois très gros comme le bien nommé Gros-bec. La teinte de leur plumage est variable, de discret à rouge très voyant comme les bouvreuils. Les nids, en forme de coupe, sont construits par la femelle. La plupart de ces oiseaux sont sédentaires et sociaux.

Le classement de cette famille de passereaux a été largement remanié à la suite d’études génétiques qui ont mis à jour les parentés plus ou moins proches entre les espèces.

Dimensions et poids : 11.5 cm avec la queue, envergure environ 20 cm, poids 11 à 13 g.

Longévité : 8 à 9 ans dans la nature

Description : le Serin cini est le plus petit des Fringillidae. A noter qu’il est très voisin du Serin canari souvent élevé en volière. Il a une forme ronde et sa couleur est jaune vif sur la tête, le ventre et le croupion. Les joues, les flancs et le dos sont jaune rayés de vert olive et de gris. Le plumage de la femelle est plus terne.
La bec orangé est court et de forme conique, ce qui indique un régime granivore..
Les yeux sont bruns et les pattes gris foncé.

Chant : il est fait de « sisisis » ou « tschitttschit » très aigus, courts et fréquents et variés, espacés de coupures. Ce gazouillis métallique est assez agaçant pour l’oreille. Cet oiseau est appelé dans d’autres langues « casse verre », tout un programme. Le verbe « seriner » dérive du chant de ce serin, qui est répétitif. Il signifie « apprendre à chanter à un oiseau ». Il est plus péjoratif quand on parle d’un humain. « Seriner » veut dire alors « répéter quelque chose souvent ou « répéter inlassablement», ou « apprendre quelque chose à quelqu’un en le lui répétant souvent ».
Vous pouvez écouter son chant en cliquant sur le triangle.

Vol : ondulant et direct. Le Serin continue à chanter en vol.

Habitat : Cet oiseau est présent dans les clairières, broussailles, maquis pinèdes et massifs forestiers du Midi. Il aime aussi les parcs, jardins et vergers ailleurs.
Son aire de répartition couvre toute la France jusqu’à 2200 m d’altitude, mais aussi l’Europe de l’Est jusqu’en Ukraine. Il est sédentaire et hivernant dans les pays et territoires autour de la Méditerranée.
La distance entre les nids est d’environ 80 m selon les ressources en nourriture. La densité de population varie de 2 à 14 couples pour 10 hectares.

Oiseau d’apparition récente :
Cet oiseau est relativement récent dans nos régions. Venu de la Méditerranée et de ses îles, il a colonisé la région parisienne vers 1850, la Bretagne dans les années1960 et le reste de notre pays dans les années 1970-1980. Il a poursuivi son expansion vers le Nord et l’Est. Les spécialistes avancent plusieurs hypothèses à ce succès : il a peut-être connu une mutation génétique qui lui permet d’affronter les climats plus froids. Les autres raisons possibles sont l’ouverture des milieux par la culture mécanisée et le réchauffement climatique. Dans sa conquête du Nord, d’autres pensent qu’il a profité des espaces verts urbains et des cultures et donc de l’Homme. Les plus grandes concentrations de cet oiseau se trouvent dans les régions urbanisées et espaces rudéraux.

Serin cini. En vert zones où il est présent toute l'année. En bleu zones d'hivernage.

Migration : cet oiseau est habitué aux températures du Sud. Les populations du Nord de l’Europe, et chez nous du tiers Nord-Est ,migrent vers les zones africaines proches, Lybie, Égypte et Moyen Orient.

Nourriture : la forme de son bec annonce « granivore ».Cet oiseau se nourrit en effet de graines d’herbes sauvages comme les graminées, les astéracées (séneçons, laiterons, pissenlit..) les brassicacées potagères comme les navets, laitues, ou sauvages (Bourse à pasteur), Reine des prés etc, mais aussi de bourgeons d’arbres. Les insectes sont essentiels pour l'élevage de ses jeunes, en raison de leur haute teneur en protéines et permettent aussi aux adultes de compléter leur régime de graines en été.

Comportement : les Serins cini sont paisibles et sociables. Ils se toilettent les uns les autres afin de nettoyer les parties qu’ils ne peuvent atteindre comme le cou. Hors de la période de nidification, ils se déplacent avec d’autres passereaux comme des verdiers, linottes, moineaux.

La période de reproduction commence en mars. Le mâle se place alors en hauteur sur le sommet d’un arbre ou d‘une construction. Il chante à tue-tête en agitant ses ailes puis exécute un vol de parade avec des acrobaties en continuant à chanter et battre des ailes. Après l’accouplement il défend farouchement son territoire et son nid de tous les intrus cinis, du même sexe.

Nidification : pendant que le mâle défend le territoire, la femelle construit un nid en forme de bol, très petit et bien dissimulé dans un arbre très feuillu comme les thuyas. Elle choisit une fourche composée avec une branche latérale. Le nid est fait d’une couche externe constituée de brindilles et l’intérieur est garni de feuilles, toiles d’araignées, adoucis de plumes, petites fibres diverses ce qui en fait une construction douillette. La femelle pond début avril de 3 à 4 œufs vert-bleu-pâle tachetés de foncé, qu’elle couve pendant 15 jours. Le mâle la ravitaille avec son jabot pendant cette période.
Les jeunes sont d’abord nourris avec des insectes, chenilles, pucerons...riches en protéines. Cette alimentation est complétée avec des petites graines et bourgeons régurgités.
Ils peuvent voler après 2 semaines, mais seront encore nourris pendant une semaine par le mâle. Il leur enseignera comment chercher de la nourriture.
Ils seront matures après un an.
Selon l’abondance de nourriture, le couple peut élever deux ou trois fratries successives. Le succès de reproduction est de 70% dans nos régions contre 40% en Pologne.

Prédateurs : chats domestiques, corneilles, geai, écureuils, fouines etc.

Protection le Serin cini est strictement protégée par la loi. Ses populations de 250 000 à 500 000 couples en Europe sont en régression ces dernières années après leur progression géographique vers le Nord.
C'est encore une fois l’agriculture intensive avec ses mauvaises pratiques d'arrachage des arbres et des haies, ses pesticides qui affectent les populations.

Article illustré par notre talentueux collègue photographe naturaliste, Claudy Stenger. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)

Texte, bibliographie Roland Gissinger (Anab) –Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)

Webographie :
Sources bibliographiques voir index biodiversité

historique de l’occupation de l’Europe par le Serin cini MHN 2003
Wikipédia, Oiseaux.net
https://de.wikipedia.org/wiki/Girlitz