Le Triton palmé (Lissotriton helveticus)

Publié le 13 Avril 2025

Le Triton palmé (Lissotriton helveticus)
Le Triton palmé (Lissotriton helveticus)
Le Triton palmé (Lissotriton helveticus)
Le Triton palmé (Lissotriton helveticus)

Le Triton palmé (Lissotriton helveticus)

Milieux de vie et répartition selon INPN du Triton palmé (Lissotriton helveticus)
Milieux de vie et répartition selon INPN du Triton palmé (Lissotriton helveticus)
Milieux de vie et répartition selon INPN du Triton palmé (Lissotriton helveticus)

Milieux de vie et répartition selon INPN du Triton palmé (Lissotriton helveticus)

C’est toujours une joie de découvrir au printemps des tritons dans les mares et en particulier ce Triton palmé.
C’est aussi l’occasion de vous rappeler notre sortie spéciale tritons et autres batraciens.

Elle aura lieu le samedi 19 avril en forêt de Sarre-Union.
Cette  sortie est toujours très appréciée par les enfants et les grands. Voir plus de détails sur cette sortie en cliquant ce lien et  sur notre blog.
Roland



Nom scientifique : Lissotriton helveticus (Razoumowsky, 1789)

Origine du nom : vient du grec « lisso », luisant, lisse et « tritus»,dieu grec fils de Poséidon. Quant au nom d’espèce "helveticus", il fait référence à la Suisse, pays où il a été découvert.

Nom allemand : Teichmolch

Nom anglais : palmate newt

Observation : le 12 avril  à Sarre-Union (Bas-Rhin 67)

Dimensions: de 7 à 8 cm .Les femelles sont un peu plus grandes que les mâles, 8 à 10 cm.
Le poids varie de 0.5 à 1.8 g pour les mâles et de  0.8 à  2.1 g pour les femelles selon une étude faite dans les Pyrénées (4).

Durée de vie : jusqu’à 10 ans. La moyenne mesurée est de  8 à 9 ans (4). Animal plutôt nocturne.

Description : ce Triton palmé est de couleur brune à brun-vert. La gorge est couleur chair sans taches. La partie centrale du ventre du mâle est orangée. Les flancs sont blancs parsemés de taches noires. La peau est très lisse (phase aquatique) ou lisse et fine dans sa phase terrestre. Le dos est orné d’une crête arrondie et de plis dorsaux en phase aquatique. La queue est aplatie latéralement et son extrémité terminée par une pointe fine (mucron). Autre point de diagnostic, les doigts des pattes arrière sont palmés en polygones chez le mâle.
La femelle est de couleur vert-olive avec une gorge claire sans taches. L’articulation des pattes arrière est ornée d’une petite tache blanche sur le dessus.

Confusion : oui, possible. Les différences avec d’autres tritons et en particulier, le Triton ponctué ne sont pas toujours nettes surtout pour les femelles.


Biologie et activité: à la fin de l’hiver, de fin février à avril, les tritons quittent leur abri terrestre et gagnent une étendue d’eau tranquille pour se reproduire. Leur peau devient très fine après une mue. Sa finesse et sa perméabilité permettent le passage de l’oxygène dissous contenu dans l’eau. Il peut ainsi se déplacer dans l’eau plusieurs minutes sans remonter à a surface.
Reproduction
Les couleurs nuptiales du mâle, ainsi que les hormones produites, par les glandes dorsales et cloacales attirent l’attention des femelles. Par des mouvements de sa queue il envoie ces hormones sur les organes olfactifs de la femelle.
Quand elle succombe à son charme, la femelle suit le mâle qui dépose un spermatophore derrière lui.
Le spermatophore, comme son nom l’indique, est une capsule qui contient les spermatozoïdes. En avançant, la femelle prend le spermatophore dans son cloaque. Il n’y a pas d’accouplement, c’est une fécondation indirecte. Les ovules seront fécondés à l’intérieur du corps de la femelle.
Elle pond ensuite 100 à 400 œufs.

Les œufs, d’un diamètre de 1 à 2 mm, sont entourés d’une gelée nutritive qui permet le développement de l’embryon pendant 15 à 21 jours. La larve qui va en sortir mesure 6 à 10 mm et possède des branchies externes très visibles. Elle peut se déplacer, mais doit attendre quelques jours pour que sa mâchoire soit opérationnelle. Elle pourra alors chasser et bondir sur ses proies : des larves d’insectes aquatiques.
La métamorphose s’opère ensuite dans la mare. Les pattes avant apparaissent en premier puis celles de derrière, ensuite elle perd les branchies pour devenir semblable à l’adulte. Ce cycle dure 6 à 9 semaines, la larve mesure à ce moment-là 40 mm.

 En fin de saison, quand vient l’automne, les tritons atteignent alors 5 cm de longueur. Le froid s’installant, ils quittent la mare pour trouver un refuge afin de passer l’hiver. Cela peut être une cavité dans la terre, ou sous des branches. Leur peau s’est modifiée et est devenue rugueuse. Elle est ainsi mieux  adaptée à leur vie terrestre qui devient nocturne. Dans certaines régions, quand l’eau ne gèle pas, les larves peuvent passer l’hiver dans l’eau.
Dans les milieux très froids, la larve n’atteint pas le stade adulte au bout de la première année et poursuit son développement durant une deuxième, voir une troisième année.
Nourriture : les adultes mangent de petits invertébrés : insectes, araignées, cloportes, et têtards de grenouilles. Ils sont cannibales en cas de disette.
Les larves se contentent d’autres petites larves d’eau et de puces d’eau.

Habitat: Tout point d’eau calme peut servir d’habitat : mares, étangs, ornières (plus rarement), flaques d’eau mais aussi landes et pâturages et cela jusqu’à  2500 mètres d’altitude dans les Pyrénées. Il peut vivre aussi bien dans l’eau transparente de lacs de montagne que dans celle vaseuse des flaques ou mares de forêts de feuillus. Il a besoin de zones très herbacées dans les milieux humides où lui et ses œufs seront à l’abri des poissons et autres prédateurs ;
Une équipe allemande (3) a mesuré et analysé 479 Tritons palmé mâles et 444 femelles provenant de 6 mares forestières et 5 mares agricoles. Les tritons forestiers sont en moyenne plus grands que ceux des mares agricoles.

 

 

Mâles de mares agricoles

Femelles de mares agricoles

Mâles de mares forestières

Femelles de mares forestières

Longueur museau au (cloaque sans la queue) en mm

35.8

38.9

39.6

43

Poids en grammes

1.32

2

1.68

2.54
 

Richesse génétique

 

0.118

 

0.110

Facteur de consanguinité

 

-0.006

 

-0.0053


Les femelles de « forêt » pèsent près 27% de plus que celle des mares agricoles.
Les chercheurs expliquent ce résultat par une plus grande richesse en nutriments de valeur dans le milieu forestier déjà visible sur la taille des larves.
Ils n’ont pas trouvé de différence génétique. La richesse génétique mesurée par la présence de certains gènes liés au croisement de populations  était la même pour les deux types de mares.
Ils recommandent de conserver les mares agricoles et de les développer même si le poids des tritons  y est inférieur.


Ce Triton palmé est présent dans tout l’Hexagone mais seulement dans une petite  partie occidentale de l’Europe : Espagne, Angleterre, Suisse, Allemagne…). Une équipe européenne (1)  a pu mettre à jour la filiation entre toutes ces espèces par l’analyse de l’ADN mitochondrial et cela, sur une période qui s’étend sur les dernières 10 à 20 millions d’années.  

Dispersion : les populations des tritons sont en général très fragiles car la capacité de dispersion des individus est très faible, quelques centaines de mètres chaque année au plus. La coupure des connexions entre les différents habitats affecte sa diversité génétique. Ce Triton palmé se déplace encore moins que le Triton alpestre. Il est donc encore plus sensible à la fragmentation des habitats et à toutes les coupures de la Trame bleue (réseau des rivières, ruisseaux fossés).
Créer de nouvelles mares, dans le milieu naturel ou urbain leur permet de recoloniser ces espaces et améliore les liens entre les diverses populations.

Protection :
Espèce strictement protégée par la loi en France, mais aussi dans les autres pays d’Europe. Leurs habitats, les mares et les zones humides ont énormément régressé ces dernières années par suite des activités humaines, l’agriculture intensive et l’expansion urbaine.

Prédateurs : Les poissons et oiseaux, mais aussi certaines larves de libellules sont les principaux prédateurs de ce triton.  Leurs œufs très nourrissants sont  recherchés par les poissons. Par conséquent, dans un étang peuplé de poissons, ce triton et d’autres espèces, sont quasi absents sauf s’il existe une zone herbeuse dense. Des grosses larves d’insectes comme les libellules mais aussi des insectes matures comme les dytiques mangent les petites larves de triton. Certains oiseaux diurnes (cigognes) et nocturnes, ainsi que le blaireau ou le renard consomment aussi ce triton.


Texte et photos   Roland Gissinger (Anab) relu par Bernard Weinzaepflen (Anab)


NB : En principe il est interdit de manipuler ces espèces protégées.  Toutefois, lors de cette sortie, cela a été fait durant quelques secondes par un animateur compétent et des enfants uniquement pour des raisons pédagogiques. Nous espérons que cette expérience leur permettra de mieux connaître ces créatures et suscitera chez eux l’envie de les protéger car elles sont en danger de disparition.

Durée 9 minutes

Rédigé par ANAB

Publié dans #Biodiversité de notre région, #Protection animale

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B
Bonne sortie !
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A
😁😁
T
Merci pour cet article très instructif . Bonne sortie le 19 avril!
Répondre
A
Merci beaucoup Toll<br /> Roland