Différences mâles femelles chez les chauves-souris : leur odeur
Publié le 27 Mai 2025
Article paru sur mammal review le 29janv 2021
Le dimorphisme sexuel rassemble les éléments par lesquels les mâles et les femelles d'une même espèce se distinguent facilement.
Ce sont des caractères sexuels secondaires, souvent liés à la taille, des motifs de couleur, des éléments de défenses et des éléments « décoratifs ». Les mâles de nombreuses espèces de mammifères ont tendance à être plus grands ou plus « décorés » que les femelles. Ces caractéristiques sont plus prononcées chez les espèces polygynes (mâles ayant chacun plusieurs femelles), diurnes et vivant en milieu ouvert.
Les chauves-souris, animaux nocturnes, ont longtemps été considérées comme un groupe dépourvu de dimorphisme sexuel. Il est impossible de distinguer mâles et femelles par la taille et d'autres caractéristiques crâniennes et squelettiques. Cependant, les chauves-souris, comme de nombreux mammifères, ont une diversité de glandes tégumentaires des tissus mous et de structures olfactives non glandulaires. Ces substances odorantes intenses n'ont pas été vraiment étudiées, bien que leurs fonctions supposées incluent le choix du partenaire dans leurs associations généralement polygynes.
À ce jour, aucune évaluation systématique de l'occurrence ou de l'expression des traits de dimorphisme sexuel n'a été réalisée chez les chauves-souris. Nombre d'entre elles présentent un dimorphisme sexuel étonnant au niveau des tissus mous ou se manifestent par des odeurs intenses. Dans cette étude (1) , nous examinons les preuves de l'existence de glandes tégumentaires et de structures olfactives non glandulaires connues chez les chauves-souris.
Il s'agit d'une première étape vers l'identification de futures pistes de recherche pour étudier le dimorphisme sexuel chez les chauves-souris. Des glandes et des structures olfactives non glandulaires très variables ont été observées dans dix régions différentes du corps, mais se trouvent le plus souvent sur la tête et la région ventrale du cou.
Elles ont été décrites chez près de 9 % des espèces de chauves-souris et dans 70 % des 21 familles de chauves-souris existantes. Notre revue, basée sur des articles très dispersés détaillée, dévoile l'extraordinaire dimorphisme sexuel observé chez les chiroptères à ce jour.
Nous identifions non seulement les parties du corps cibles où des traits sexuellement dimorphiques sont susceptibles d'être trouvés, mais aussi des pistes importantes pour de futures découvertes. Les observations des traits sexuels secondaires, des études comportementales et des analyses chimiques dépendent du calendrier de reproduction de chaque espèce.
paru sur geo
Pour séduire, ces chauves-souris mâles se recouvrent de mystérieuses croûtes parfum "testostérone"
Au Panama, pour attirer les femelles, les chauves-souris mâles à lèvres frangées (Trachops cirrhosus, une espèce non menacée) se recouvrent de plaies parfumées. Un plan drague imparable mis au jour dans le numéro de décembre 2020 de la revue Behavioral Ecology and Sociobiology.
Mariana Muñoz-Romo, chercheuse au Smithsonian Tropical Research Institute (STRI) et exploratrice National Geographic, s'est demandé pourquoi diable ces chiroptères mâles avaient souvent les pattes avant percluses de croûtes odorantes. A cause des parasites ? Non. Son intuition : pour favoriser la séduction et la reproduction.
Après moult examens gynécologiques pratiqués sur ces petites bêtes pendant la saison des amours (mesure de la taille des testicules et du taux de testostérone chez les mâles, frottis chez les femelles), son hypothèse s'est confirmée. Comme chez d'autres mammifères en rut, les odeurs des messieurs chauves-souris diffèrent de celles des dames.
Des bobos qui fleurent bon la séduction
"Lorsque nous avons mesuré la taille des croûtes, quantifié le taux de testostérone et la taille des testicules, nous avons constaté que tous ces facteurs étaient liés, a déclaré Mariana Muñoz-Romo dans un communiqué. Les mâles ayant les niveaux de testostérone les plus élevés et les plus gros testicules présentent les plus grandes plaies." Et ce pile au moment où les femelles sont en pleine ovulation.
Pour constituer leur apparat croûté, les mâles, boostés par leurs hormones sexuelles, grattent leur corps avec les griffes de leurs pattes arrière, grignotent lesdites griffes et crachent ensuite une substance jaune, collante et odorante sur leurs pattes avant. Un signal olfactif tout indiqué pour ces espèces nocturnes dont l'usage de la vision est limité.
1/ Redefining the study of sexual dimorphism in bats: following the odour trail