Le Roitelet à triple bandeau (Regulus ignicapilla)
Publié le 25 Mai 2025
Nous avons déjà fait connaissance sur ce blog avec le Roitelet huppé. Ce Roitelet à triple bandeau, très proche, est aussi un très petit oiseau. Les mâles sont facilement reconnaissables et d’autres détails de son chant et sa biologie les distinguent de leurs « cousins ».
Roland
Nom scientifique : Regulus ignicapilla (Temminck, 1820)
Etymologie : « regulus» vient du latin « jeune roi, petit prince» en lien avec sa tête couronnée d’une huppe. Il faut rapprocher ce nom à celui de la légende liée, voir en fin d‘article. Le mot « ignicapilla », signifie « cheveux en feu » allusion à la couleur de feu, orange pétaradant, de la huppe du mâle de cette espèce.
Nom Allemand/dialecte : Wintergoldhähnchen
Nom anglais : Goldcrest
Observation : à Bischtroff sur Sarre (Bas-Rhin- 67) le 15 mai
s
Dimensions et poids : 8-9 cm, et 14 cm d’envergure. Poids de 4,5 à 7 g.
Longévité : 4 ans. La mortalité est l’une des plus élevée chez les oiseaux soit 80% la première année.
Classification et famille: celle des regulidae, dont les spécialistes ont fait de manière récente une famille à part, toute petite. Leurs parents les plus proches sont les grimpereaux. Elle comprend un genre décliné en 6 espèces. Ce sont des passereaux insectivores de très petite taille, 8 à 9 cm. Tous les mâles portent un épi de couleur, une « couronne » sur la tête qu’ils dressent au cours de la parade nuptiale. Les regulidae construisent leur nid sur une branche de conifère ou de laurier (le Roitelet de Madère). Le nid a une seule ouverture presque invisible. La femelle y couve seule 5 à 10 œufs pendant une quinzaine de jours.
Description :
Le Roitelet à triple bandeau est avec le Roitelet huppé, et le Troglodyte mignon, un des plus petits oiseaux d’Europe. Les individus mâles et femelles sont presque sauf la tête. Sur le haut du crâne, il arbore une huppe brillante, orangée qui lui a donné son nom scientifique d’espèce et qui se dresse en cas d’excitation. La huppe est jaune vif chez la femelle. Le bec noir est typique des insectivores : fin et pointu. Le corps a une couleur de fond jaune-vert dans la partie supérieure, bien plus clair pour le ventre et des rayures blanches sur un fond brun noir sur les ailes.
Différence avec le Roitelet huppé: Ce dernier a des couleurs moins vives et un anneau blanc autour de l’œil. Sur les belles photos de Claudy vous pouvez voir les 3 bandes le long de l’œil du Roitelet triple bandeau.et qui donnent sens à son nom commun. Son chant le même que celui du Roitelet huppé mais monotone. Des pics apparaissent sur son phonogramme.
Chant :
Le chant du Roitelet à triple bandeau est très aigu. Il est une suite de « sisisisi », fins et aigus et très rapides répétés longuement et dont la séquence se termine par un autre motif.
Nourriture: il est insectivore. Ses terrains de chasse préférés se situent dans les arbres sous les feuilles ou près du sol, au pied des arbres. Au contraire du Merle, il ne fouille pas la litière mais mange ce qu’il voit. Le Roitelet triple bandeau consomme des insectes et leurs larves souvent de taille supérieure à ceux consommés par son cousin, le R. huppé. Ce sont des collemboles en majorité, des pucerons, des insectes emprisonnés dans des toiles, des chenilles, des araignées et les œufs d’insecte. Il les cherche en vue directe surtout sur les feuilles ou ailleurs. Le Roitelet huppé a lui, plus tendance à les chercher sous les feuilles. En hiver il collabore à la recherche de nourriture avec d’autres oiseaux comme les mésanges. Il est prouvé que la recherche collective dans ces groupes est bien plus fructueuse que celle d’un oiseau solitaire.
Vol : il est énergique et imprévisible avec de nombreux changements de direction et survols. En recherche de nourriture il parcourt frénétiquement le feuillage des arbres, les branches et le tronc.
Comportement : ce petit oiseau bouge tout le temps. Il cherche sa nourriture en permanence car ses besoins énergétiques sont élevés. Il ingère facilement son poids d’insectes chaque jour. Il est monogame et défend son territoire contre les autres mâles en bougeant sa tête pour mieux montrer sa huppe. Il peut exister des conflits de territoire avec le Roitelet huppé, mais ils sont rares. Cela peut arriver du fait d’une densité trop élevée d’oiseaux.
Reproduction: au printemps, fin avril, début mai, le couple construit un nid au sommet d’un arbre. Le nid suspendu à une branche par des fils et toiles d’araignées est une merveille d’isolation en 3 couches, digne d’un agrément habitat performant via Maprimrenov. L’extérieur est constitué de lichens, de brindilles, de mousse. La couche interne est faite avec de la mousse tandis que l’intérieur où seront couvés les œufs est garni de plumes et de poils. Le nid mesure environ 9 cm de diamètre et est surtout l’œuvre de la femelle.
Nidification La femelle pond fin avril, début mai, 7 à 11 œufs de couleur crème, qu’elle couve seule pendant environ 2 semaines.
Les jeunes peuvent voler après 15 à 17 jours et sont autonomes après un mois. Le père participe au nourrissage des jeunes y compris après leur premier envol. La mère entreprend une deuxième couvée immédiatement et quelquefois même avant que les jeunes aient quitté le nid. Les jeunes sont adultes après 1 an.
Habitat : son territoire préféré est : les milieux boisés, forêts de conifères ou mixtes de conifères et feuillus, ou feuillus seuls, et les parcs. Là aussi une différence avec le Roitelet huppé présent qui préfère nettement les forêts de conifères sans feuillus.
François Lovaty(1) a remarqué que dans les forêts de l’Allier le Roitelet triple bandeau était en population très dominante ( 91%). Sur les 148 sites favorables visités, il en occupait 108, le Roitelet huppé seulement 9.
Ces oiseaux évitent les conflits et évitent de chevaucher les territoires de l’espèce jumelle. Quand ils se rencontrent, ils se querellent pour chasser l’autre du territoire. La nourriture n’est pas la source du conflit, juste le territoire. Les ornithologistes ont remarqué que si une espèce d’oiseau était en grande minorité, les individus voisins reprenaient des phrases de chant de l’autre espèce. Ils supposent que c’est plutôt une répétition automatique d’un chant qu’une ruse pour tromper l’autre espèce
Il n’est présent que depuis les années 1950 dans la partie Ouest de notre pays. Ailleurs il est présent au centre de l’Europe, dans les montagnes d’Afrique du Nord et d’Asie Mineure.
Migration : migrateur partiel. Une partie des oiseaux du Nord migre en nuées importantes fin août à novembre en direction des pays du Sud ou de la montagne vers la plaine. Les chercheurs ont remarqué que les roitelets se chargeaient en graisse avant leur migration. La quantité de nourriture ingérée atteint alors le double ou le triple de son poids. Belle performance. Ils peuvent ensuite parcourir plusieurs centaines de km en une journée.
Une étude très récente en Pologne (2) a montré qu’à la suite du changement climatique, le Roitelet triple bandeau quitte ses lieux de nichage des pays du Nord bien plus tôt dans la saison. Il évite ainsi de subir les effets du froid. Ce comportement améliore sa survie et son expansion. Les roitelets sont si dynamiques, actifs et petits, que sans nourriture pendant quelques heures, ils peuvent mourir de faim.
Prédateurs : le prédateur principal est l’Épervier d’Europe mais il peut aussi être chassé par des faucons et les chouettes hulottes,
Statut et protection: Cet oiseau est totalement protégé par la loi*. Le Roitelet triple bandeau est en forte expansion en France. Il existe un risque important lié à la diminution de sa nourriture favorite, les insectes, provoquée par l’usage des pesticides.
Légende : une fable d’Esope (-600 av JC) raconte que les oiseaux voulaient désigner un roi, celui qui volerait le plus haut. L’aigle y parvint facilement mais lorsque trop fatigué il voulut descendre, le roitelet caché dans son plumage s’éleva encore plus haut en criant « je suis le roi ». C’est pourquoi il est appelé roi dans de nombreux pays. En retour pour le punir de sa triche les autres oiseaux l’ont enfermé dans un trou de souris d’où il s’est échappé. Cette légende est souvent attribuée au Troglodyte mignon qui ne possède pas cette Huppe « royale ». Ceci provient aussi de la confusion des mots grecs sur le troglodyte (de basileus le roi) et les crêtes du roitelet (de basiliskos, un roitelet).
Poésie
D'avoir volé plus haut que l'aigle,
Il est devenu le roi des prêtres,
Plus rusé que le renard
Il résista à César.
Taranis en fit son auguste,
Tandis que Pline un corpus.
Et telle Alice
Dans l'invisible se glisse.
Il est le plus petit,
Des petits.
Mais dès l'aurore,
Son chant est le plus fort.
Joyeux aux premières lueurs
Il est l'oiseau rieur.
"Christophe Zins."
Article illustré par notre collègue photographe naturaliste, Claudy Stenger dont vous avez déjà pu apprécier les photos sur notre blog. D’autres de ses photos sont visibles sur Flickr (cliquer)
Texte Roland Gissinger (Anab) Relecture Bernard Weinzaepflen (Anab)
Nous avons repris la poésie de notre ami lecteur Christophe Zins. Merci Christophe.
Sources bibliographiques
Sites wikipedia et oiseaux.net
1/ Goldcrest Regulus and Firecrest Regulus ignicapillus holding separated breeding territories in small continental pockets- exemple des forêtsde l’Allier François Lovaty janv 2000
2/ Climate Change Impact on the Populations of Goldcrest Regulus regulus and Firecrest Regulus ignicapilla Migrating Through the Southern Baltic Coast T Maciag janv 2025