La Téphroséride hélénitis, Séneçon à feuilles en spatule (Tephroseris helenitis)

Publié le 4 Juin 2025

La Téphroséride hélénitis, Séneçon à feuilles en spatule (Tephroseris helenitis) et sa répartition selon l'INPN

Voici une plante que nous avons eu la chance de voir voici quelques jours en Auvergne. Elle ressemble à un grand sénéçon et est à cette époque couverte de fins poils laineux.

Roland

Nom scientifique : Tephroseris helenitis (L.) B.Nord., 1978

Origine du nom : « Tephroseris» dérive du grec « tephra », «la cendre » ou ‘tephros », la couleur «gris cendré », allusion aux feuilles blanches, aranéeuses de cette plante tandis que « helenitis », signifie , « appartenant à Hélène ». Ce nom est repris en langue anglaise.
"Helinitis " vient du latin helenium, du grec ἑλένιον, ainsi dite parce que, suivant les Grecs, elle était née des pleurs d'Hélène. Belle explication trouvée par Sylvie. Merci Sylvie.

Autres noms communs : Séneçon spatulé, Séneçon hélénitis, Séneçon à feuilles spatulées, Téphroséris à feuilles spatulées

Nom commun dialecte / allemand : Alant-Greiskraut, Spatelblättriges Kreuzkraut oder Spatelblättriges Greiskraut

Noms anglais : Helen's Ragwort

Date de l’observation: le 20 mai à La Godivelle (Puy-de-Dôme 63) en séjour Anab

Famille de plantes : celle de la marguerite, du bleuet, du pissenlit, des centaurées. (Famille des Astéracées anciennement Composées). Cette famille de plantes est particulière car la fleur est en fait un ensemble de fleurs réunies en une tête serrée, on dit un capitule. C’est une famille de plantes très évoluée. Elle se signale aux insectes comme une grande et seule fleur. L’insecte visite plusieurs fleurs sur chaque capitule et plusieurs capitules. Les fleurs sont souvent munies d’aigrette ou parachute que le vent transporte au loin. Le nombre de fleurs et les aigrettes donnent de grandes facultés de dissémination. L’occupation des sols par ces plantes est plus rapide que la plupart des autres plantes. C’est pourquoi aussi de nombreuses astéracées, d’origine « exotique », sont considérées comme invasives.
Ce séneçon appartient à cette très grande famille de plantes astéracées qui couvre toute la planète avec ses 23000 espèces

Les caractères distinctifs des téphrosérides, tribu des Senecioneae, donc proches des séneçons, sont :
- plantes sans épines avec des feuilles de tige de moins de 5 cm de large, sans gaines
- fleurs jaunes ou orangées
- akènes avec aigrette
- l’ensemble des bractées (petites feuilles sous le capitule) est sur un seul rang, sans calicule.
Il existe seulement trois lignées principales en Europe selon (4) et plus d’espèces en Amérique du Nord et Russie.

Catégorie: Plante vivace dont la tige et les feuilles sont couvertes de poils denses et très petits. Elle a une apparence blanchâtre dite aranéeuse qui diminue avec l’âge.

Hauteur: 40 à 70 cm

Tiges et racines: tige droite, cannelée, grise, rameuse dans le haut, issue d’un rhizome court et droit.

Feuilles: les feuilles sont entières, lancéolées, glabres en ovale très allongé. Les feuilles de base sont brusquement pétiolées, le pétiole étant aussi long que le limbe, de 5 à 30 cm, et ont en général disparues à la floraison. Les feuilles de la tige sont de moins en moins pétiolées et plus denses à la base.

Floraison: de mai à juillet

Couleur: jaune or. Les fleurs ligulées (en languettes) hermaphrodites à la périphérie sont peu nombreuses : 5 à 15 par capitule. Les fleurs tubulées de même couleur au centre forment avec elles un capitule comme chez les marguerites. Les capitules de 20 à 30 mm de diamètre sont disposés en une ombelle lâche à l’extrémité des tiges. Les capitules, 3 à 15, sont portées par un long pédoncule.
Les petites feuilles ou bractées qui protègent es fleurs avant éclosion et qui entourent les capitules forment un involucre sur un seul rang de 8 à 12 mm de haut en forme de cloche. Contrairement aux séneçons les téphrosérides ne portent pas de calicule, cette double rangée bien différenciée de bractées.

Pollinisation : les capitules présentent un contraste de couleur important et facilitent ainsi la visite des insectes pollinisateurs : diptères, papillons, coléoptères.

Confusion :
Peut se confondre avec d’autres astéracées jaunes radiées mais sa taille et son aspect blanchâtre sont rares.
La couleur jaune des téphrosérides peut virer à l’orange comme chez la Téphroséride alpine à feuilles entières, Tephroseris integrifolia subsp. capitata.
L’allure de la plante reste voisine.
Les études de Pflugbeil (3) montrent comment sont apparues les sous-espèces de Tephroseris helenitis pendant la dernière période glaciaire. Un isolement des espèces et des différences climatiques des habitats de cet espèces ont provoqué l’apparition de caractères génétiques et morphologiques différents sur des sites éloignés.

Fruits : Ce sont des akènes de 3 mm et prolongés par des soies denses de 6 à 10 mm, couleur blanc-sale.

Habitat: prés et mégaphorbiées modérément humides et acides du Massif Central et du Nord, pelouses halophiles des bords de la Manche. . Ailleurs, elle se trouve sur des prairies calcaires, de l’Espagne, à l’Allemagne jusqu’aux Balkans. Il existe des sous-espèces dans certaines régions aux caractères légèrement différents.

Protection : cette plante risque de disparaitre selon les derniers classements des plantes en danger non seulement en France mais aussi dans les autres pays où elle subsiste.
Une étude sur ce genre Tephroseris (4) donnela calcul «qu’elle n’a, selon son horloge génétique , que » 0.85 à 2.9 millions d’années, ce qui est assez récent. Elle a subi, lors des dernières glaciations, de nombreuses migrations et des mélanges. Cette étude explique sa déclinaison en espèces et sous-espèces locales nombreuses.
Anne Griebeleber (1) dans une étude récente de 2023 a analysé les populations de cette Téphroséride hélénitis, en rapport avec sa biologie et les variations du climat sur 120 ans et chaque année, températures, précipitations. Elle en conclut que le changement climatique affecte sa floraison au printemps. Les sécheresses estivales allongées nuisent à la capacité de germination de ses graines. Ajouter à cela, la perte très importante des habitats traditionnels que sont les prairies humides ni amendées ni traitées. Sa reproduction devient de plus en plus infructueuse. A. Griebeleber prévoit sa disparition et cette plante est à classer dans la catégorie trop importante, des espèces sauvages, victimes prochaines du changement climatique.

Pour cette raison, elle est protégée dans les régions Centre, Bourgogne, Nord-Pas-de-Calais, Lorraine, Alsace, Ile-de-France, Champagne-Ardenne, Picardie, Franche-Comté où elle est classée en état critique ou en danger de disparition. Elle a déjà disparu de la Région Centre.
Elle est déterminante Znieff dans 13 régions y compris l’Auvergne où elle est classée, pour le moment, NT en préoccupation mineure.

Utilisation alimentaire: aucune car elle est protégée et contient des substances toxiques
Utilisation médicinale et toxicité :
Pas d’utilisation médicale signalée

Texte et photos Roland Gissinger (Anab)

Sources bibliographiques voir index biodiversité
1/ Decline of Tephroseris helenitis in Hessia (Germany) over the last 120 years: Modeling implies the gradual disappearance of its temperature niche for flower induction and germination – Eva maria Griebeler dec 2023
2/ Primary hybrid zone formation in Tephroseris helenitis (Asteraceae), following postglacial range expansion along the central Northern Alps Georg Pflugbeil march 2016
3/ Evolution in peripheral isolates: unravelling the origin of Tephroseris helenitis (L.) B. Nord. ssp. salisburgensis (CUF.) B.NORD. (Asteraceae) at the northern fringe of the Alps G PFLUGBEIL sept 2010
4/A conspectus of Tephroseris (Asteraceae: Senecioneae) in Europe outside Russia and notes on the decline of the genus Joachim Kadereit sept 2021

Téphroséride en tête, Séneçon en tête, Téphroséris en tête, Téphroséride à têtes (Français) Tephroseris integrifolia subsp. capitata Vallon du Lauzaier dans le Parc du Mercantour

Téphroséride en tête, Séneçon en tête, Téphroséris en tête, Téphroséride à têtes (Français) Tephroseris integrifolia subsp. capitata Vallon du Lauzaier dans le Parc du Mercantour

Revoir les séneçons parus sur notre blog :

Jacobaea aquatica	Séneçon aquatique
Jacobea vulgaris	Séneçon jacobée, Séneçon de Jacob, Herbe de saint Jacques
Senecio inaequidens	Séneçon du Cap, Séneçon sud-africain
Senecio ovatus	Séneçon de Fuchs,
Senecio viscosus	Séneçon visqueux